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La Société d’Etudes Millavoises présente « la couronne du foyer », la fouace

La Société d’Etudes Millavoises présente la rubrique « Recettes et coutumes saisonnières de notre cité » : à savourer sans modération : la « couronne du foyer », la fouace.

La Foire annuelle du 6 mai est un événement populaire très ancré dans la mémoire des Millavois. Elle dure depuis plus de six cents ans, un lieu où autrefois se retrouvaient non seulement les gens de Millau mais aussi ceux qui cherchaient du travail pour la saison d’été tels les bergers, ceux qui se louaient dans les fermes sans oublier la populaire foire aux bestiaux. 

Avant toute chose, soleil ou pluie ? Pour avoir la réponse il fallait connaître le temps que les Saint-Affricains avaient eu le 4 mai pour leur propre foire. En effet, s’il avait plu à Saint-Affrique, sourire des Millavois car beau temps assuré le 6 mai ! Et dans le cas contraire, soupe à la grimace car mauvais temps à Millau.

Des souvenirs d’antan ressurgissent pour les anciens Millavois qui ont gardé un souvenir inoubliable de cette foire, une attraction bien lointaine de celle que nous connaissons aujourd’hui. En premier lieu qui ne se souvient pas des paroles lancées à la volée par de nombreux camelots qui armés de leur seul bagou avaient l’art de vous faire prendre des vessies pour des lanternes !

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Profitons d’un autre regard sur « La foire du 6 mai », celui de monsieur Léon Roux, (Article paru dans l’Auvergnat de Paris, juin 1932).

Autrefois – il paraît qu’il en est de même aujourd’hui – une activité inaccoutumée régnait à Millau, dès les premiers jours du mois de mai. Au marché des premiers mardi et vendredi de ce mois, les ménagères se pressaient devant les paniers emplis d’œufs venus des campagnes et fermes voisines. Ce n’était pas simplement avec des miches, des « boulonjous et dé toucados » que ces mêmes boulangères sortaient de chez le boulanger ; elles tenaient aussi en main de gros paquets contenant de la farine et de chez les épiciers sortait beaucoup plus de sucre en poudre que de coutume. Cela parce que farine, œufs, sucre sont avec le lait, les éléments de la bonne fouace.

Car le 6 mai, jour de la grande foire, il y a à Millau autant et plus même de fouaciers qu’il y en avait à Lerné au temps de Gargantua et, pour emmener la fouace, il faudrait un grand « quarroy » car la fouace est pour les Millavois « viande céleste » dirait encore maître Alcofribas.

C’est que parents et amis vont venir de tous les villages voisins, même éloignés. Les Millavois veulent les régaler et la fouace est un vrai régal ! 

Jean Roussel raconte 

Le camelot des pierres à briquets : « Approchez messieurs, ici la pierre à briquet Auer, avec ses 75% de ferrocérium, achetez la petite cartouche, vous serez tranquilles pour l’année . . . Sauf qu’à peine quelques pierres utilisées, l’heureux acheteur découvrait que les autres pierres n’étaient que des minis tronçons de rayons de vélo ».

Le camelot des parfums : « Pour vous mesdames, ici le parfum de l’amour éternel, pour vos hommes et vos amants : voilà que le camelot son bouchon de liège odorant en main le promenait sous le nez délicat de ces dames qui ne résistaient pas longtemps à la dépense !

Mais très vite, ces dames découvraient la supercherie ! En fait le flacon ne contenait que de l’eau vaguement odorante. Plus loin, un forain haranguait la foule : « Du jamais vu à Millau, pour la première fois, le Sauvage de Bornéo ! Entrez, entrez, vous ne le regretterez pas !  À l’intérieur, un jeune homme au teint cuivré, hirsute, dévorait du foie cru bien sanguinolent ! Pour la chute, nous vous précisons que « Le sauvage de Bornéo » n’était autre que le fils du camelot et qu’il fréquentait l’école Paul Bert ! 

La « couronne du foyer » : la fouace de la foire du 6 mai

Troisième jour de mai… À voir la Tata Virginie, toute désorientée, on pouvait comprendre que quelque chose la tourmentait. Sur la place de la Capelle, les manèges avaient dressé leurs toits pointus et Virginie savait que dans trois jours ce serait la foire. Elle savait que toute la parenté du Lévézou, du pépé au plus jeune, ne manquerait pas de descendre à Millau pour venir se remplir la panse. Elle ne croyait pas se tromper en pensant qu’il ne faudrait pas leur adresser l’invitation de Saint-Affrique, mais bien les rassasier avec de bons trénels et pour augmenter leur soif, achever avec une grosse roue de fouace qu’ils feraient tremper dans la crème. 

Virginie secoua la tête et se dit : Il suffit que je commence la veille à pétrir pour que la fouace puisse lever et que nous ayons le temps de la porter au four assez tôt ! Mais elle savait bien comment de grand-mère en fille et de tante à nièce, on avait toujours préparé à Millau la fouace du 6 mai. 

Dans le saladier, mélanger une livre de farine, la moitié d’un quart de beurre ramolli, avec trois œufs et une pincée de sel, une cuillerée de levure délayée dans trois doigts de lait. Pour la parfumer, deux ou trois cuillerées d’eau de fleur d’oranger. En pétrissant, mettre à nouveau un peu de lait et laisser reposer toute la nuit dans une serviette enfarinée ou dans une petite corbeille. 

Ici, Tata Virginie éclata de rire. De son temps, on racontait que Tabarde de Creissels, une grosse femme de deux quintaux (ancienne mesure de poids valant 50 kg) s’asseyait sur son pétrin pour mieux faire lever ses fouaces. 

Le lendemain matin, mettre la pâte en couronne sur un papier épais huilé. Ah ! Il ne faut pas oublier de l’enduire d’œuf afin qu’elle prenne une belle couleur dorée. Et maintenant, vite au four !

La réflexion de tante Virginie s’acheva dans un beau sourire : cette fois-ci, comme chaque année, il est certain que sa fouace serait la plus belle de toute la fournée. 

  • 500 g de farine           
  • 3 cuillerées de lait
  • 100 g de beurre 3 cuillerées d’eau de fleur d’oranger
  • 3 œufs 1 pincée de sel
  • 1 cuillerée de levain

 

Source
Société d’Etudes Millavoises
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