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Millau. Cérémonie du 8-Mai : « l’Histoire est loin d’être derrière nous »

C’est devant un public assez restreint que la commémoration de l’anniversaire de la Victoire a eu lieu ce matin au parc de la Victoire. Une cérémonie rendue particulière en raison des tensions internationales et du conflit en Ukraine.

Après la lecture du poème de Louis Aragon « Je vous salue ma France » par Axel et Adèle, collégiens à Jeanne d’Arc et celle de l’Union Française des Associations de Combattants et de Victimes de Guerre par Manon Weisbecker, élève du lycée Jeanne d’Arc, Victorien Mougnibas, du lycée Jean Vigo, a fait la lecture de l’ordre du jour n°9.

Michel Durand, premier adjoint à la Ville de Millau et délégué aux Anciens Combattants, a ensuite pris la parole.

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« Mai 1945, après plus de cinq années de guerre, le général Alfred Jodl signait à Reims la capitulation de l’Allemagne et fixait la cessation des hostilités au 8 mai à 23h01 d’Europe centrale. Le continent européen sortait anéanti de ce conflit, sur le plan démographique, politique, économique ou encore social. Environ 60 millions de personnes avaient été tuées et 10 millions avaient été victimes des génocides », a-t-il rappelé.

« Le 8 mai marque chaque année l’anniversaire de cet armistice et de la fin des combats en Europe. Nous rendons naturellement hommage à celles et ceux qui ont payé de leur vie leur engagement au service de leur nation, sous les armes ou dans la Résistance, et à toutes les victimes de ce conflit, dont on connaît l’ampleur et l’horreur.

Ce devoir de mémoire, nous le leur devons et continuerons naturellement à l’accomplir. Mais plus que jamais au regard de l’actualité internationale, dans cette période inédite et pleine d’incertitudes, nous devons également nous tourner vers l’avenir et le regarder en face ancrés que nous devons rester dans les valeurs qui fondent notre République.

Le 8 mai, c’est aussi la veille du 9 mai journée de l’Europe, jour anniversaire de la déclaration Schuman du 9 mai 1950. Cette déclaration, prononcée 5 ans seulement après la fin du conflit, est considérée comme le texte fondateur de l’Union européenne. Elle est à l’origine de plus de 70 années de paix pour les pays qui la composent. Une paix et une union aujourd’hui plus que jamais indispensables à l’heure où une guerre se déroule aux portes de l’Europe.

Cette période inédite et, espérons-le, exceptionnelle, que nous vivons peut et doit être l’occasion de consolider la construction européenne autour des valeurs d’humanisme et de solidarité qui ont aussi contribuées à ses fondements. Les Etats-nations y ont naturellement une responsabilité majeure, la France doit continuer à y jouer un rôle moteur, mais tous les citoyens que nous sommes doivent aussi prendre y prendre leur part.

Rien n’est jamais acquis. L’invasion de l’Ukraine par les troupes russes le 24 février a rappelé à l’Europe et au monde que l’Histoire est loin d’être derrière nous.

Victor Hugo disait : « Les souvenirs sont nos forces. Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates, comme on allume des flambeaux ». C’est pour cela qu’il ne faut jamais oublier et toujours se souvenir.

Commémorer ce 8 mai pour se souvenir de la barbarie des camps, des millions de morts de ce conflit atroce que fut la Seconde Guerre mondiale. Se souvenir pour que cela ne se reproduise plus, pour que nous ne soyons jamais résignés et toujours vigilants afin que nulle part on ne puisse laisser stigmatiser, opprimer ou tuer un être humain au nom de sa race, de son sexe, de sa religion, de ses opinions sans provoquer notre riposte républicaine au nom de la liberté, de l’égalité et de la laïcité.

Une cérémonie nationale, telle celle de ce jour, c’est aussi une rencontre, du lien social, du vivre ensemble, de l’intégration et de l’identité. Nous sommes tous concernés, tous mobilisés devant ce lieu si symbolique, ce monument qui « nomme les morts », qui les érigent en martyrs afin que leur mémoire se rappelle aux yeux de chaque Français et de chaque Millavois, nous rappelant qu’hier comme aujourd’hui, la communauté nationale est une construction politique au sens premier du terme. Et que la mémoire en est l’un des piliers fondamentaux.

Cette nécessité de faire communauté afin que de tels actes ne se reproduisent plus n’est pas le seul fondement de notre présence ce dimanche. Il est un autre principe que nos sociétés modernes ne doivent jamais oublier : il faut vivre avec nos morts.

Se souvenir de ceux qui ont combattu pour nous et nos libertés et les honorer sans jamais oublier ceux de nos soldats qui aujourd’hui encore mobilisées sur plusieurs théâtres d’opérations extérieures payent de leur vie leur engagement au service de ces libertés.

Et je tiens à saluer ici en notre nom à tous le Lieutenant-colonel Argans et ses hommes représentant la 13e DBLE qui nous honorent de leur présence. Commémorer ne veut pas dire « célébrer » mais « se souvenir ensemble », au bénéfice d’une réflexion collective, pour tirer le meilleur parti des leçons du passé.

Aujourd’hui plus que jamais, il est utile de méditer cette pensée de Pierre Brossolette, héros de la Résistance arrêté et torturé par les services de renseignements de la SS, qui choisit de se suicider plutôt que parler : « ce que nos morts attendent de nous, ce n’est pas un sanglot, mais un élan. » Vive la Paix ! Vive la France et vive la République ! »

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