Causses et valléesPatrimoine

Un mas oublié : la Bourjoie (commune de Veyreau)

Le Mas de la Bourjoie appelé aussi la Bourgoye, Bourjoye est à l’abandon depuis le XIXe siècle. Cette ancienne exploitation occupe une grande combe, aujourd’hui envahie par des résineux, comprise entre la Bartasserie, Massabuau et l’Ermitage Saint-Michel (Montorsier).

Citée pour être habitée encore au 2 mars 1805 (6 habitants en 1804, Archives départementales 2V18), la Bourjoie n’apparaît plus sur le dictionnaire Dardé en 1868 et la dernière mention de ce lieu remonterait à 1820 : « reçu depuis quelque temps de la Bourjoie pour les bœufs, 11 livres » (Livre de raison des Mourgues, 1810-1840).

Le Mas de la Bourjoie en mars 1993. © DR

Bien qu’il reste encore une maison debout, le foyer est à même le sol en terre battue et, à proximité, un four à chaux et une petite lavogne lovée naturellement dans une roche tabulaire, on peut considérer La Bourjoye comme un mas disparu.

La deuxième maison ruinée. © Marc Parguel

Le cadastre actuel le cite (section A6), mais oublié des cartes IGN, le lieu est montré par un rectangle noir au nord-est de la Bartasserie, dans ce qui fut une clairière. On constate cependant que la bâtisse a conservé sa porte en planches de peuplier, celle-ci à une double paroi : sur le côté extérieur les planches sont à l’horizontale, à la verticale à l’intérieur. Au fond de la pièce, une vaste cheminée est encore en bon état.

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Un exemple dans les Landes de construction identique à la Bourjoie. © DR

Dans la maison d’habitation encore debout, on a l’exemple type des fermes caussenardes d’autrefois, dans la même pièce vivait la famille qui voisinait avec les bœufs, ceci pour conserver une chaleur naturelle dans le foyer.

Un mur séparait les bêtes des habitants de ce modeste habitat.

Le toponyme Bourjoie ou Bourjoye est également un patronyme (ou l’inverse) comme en témoigne un contrat de mariage du 23 janvier 1651 retrouvé par Pierre Solassol : « Martin Étienne, tisserand, fils de Bernard et Jeanne Bardoune de Matout St Chene Diocèse de Castres avec Bourgeoye Marguerite, fille de Pierre et Anne Crantonne, de la Bourgeoye paroisse de Saint-Jean des Balmes » (A.D. de l’Aveyron, 2E212, GG5 Rodez-cité).

L’impluvium. © Marc Parguel

Concernant la citerne de ce mas, outre celle située au rez-de-chaussée de la maison encore debout, on en trouve une dissimulée dans la forêt du causse Noir. Le bâtisseur a su tirer profit des roches, récupérant ainsi tous les ruissellements avant de les canaliser dans le « touat » se déversant dans la citerne de 30 m3 creusée dans le roc et couverte d’une voûte.

© Marc Parguel

Le loup n’a pas épargné en 1799 la famille de Pierre Jean-Julien (laboureur) qui résidait à la Bourjoie depuis 1791, en témoigne ce qu’écrivait le curé : « Cette même bête emporta encore une petite fille de Julien, habitant de la Bourjoie ; son père était occupé à abattre des noix ; les petits étaient près de l’arbre, et la bête à la vue de son père l’emporta ; il se mit après, mais sans pouvoir la joindre et quelques jours après, on la trouva enterrée dans des mousses, le foie avait été dévoré. » (Livre de Paroisse de Veyreau, 1848).

Marc Parguel

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