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Millau. La Main Chaude chez les SAM

Convaincue qu’on ne peut s’intéresser à l’histoire sociale sans soutien aux luttes du moment, la « Main chaude » a apporté son soutien financier, modeste, à l’échelle de l’association, et surtout moral, aux SAM en grève depuis plus de 100 jours.

Accueillis par la cinquantaine de salariés qui occupaient ce jour-là, par rotation, l’usine, les six Millavois que nous étions ont pu dialoguer, recueillir des documents, tracts et récits pour enrichir nos archives.

Et nous avons compris combien la communication officielle, celle de Renault, le donneur d’ordres, et celle du ministère de l’Économie étaient mensongères : contrairement à ce qu’ils affirment, la SAM ne produit pas que pour la filière Diesel condamnée par eux, là-bas, comme à Rodez.

Le chiffre d’affaires dégagé par la fourniture de pièces pour les moteurs électriques ou hybrides est de 51 % et Valeo ou Bosh se fournissent à Viviez en pièces diverses comme les entraineurs de balais d’essuie-glace, par exemple. Il s’agit pour Renault de faire produire à moindre coût ces fabrications, en Roumanie notamment. Au moment où les pouvoirs publics argumentent sur la nécessaire réindustrialisation du pays !

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On a retrouvé dans le discours et dans les actes, de nombreux éléments qui renvoyaient aux grands moments que nous avons étudiés dans les numéros précédents celui à venir, et qui depuis des lustres ont déserté Millau, maintenant que son industrie est à l’étiage. Par leur lutte, les Decazevillois dépassent notre 1911 et se rapprochent de 1935. Et en plus, ils occupent et entretiennent l’outil de production pour qu’un redémarrage soit possible demain.

Il est vrai que la mémoire ouvrière, nourrie dans le département du souvenir des luttes de la cité du gant et de celles du Bassin, reste dans l’ouest aveyronnais, forte et présente : Aubin 1869 et ses 14 morts, Decazeville 1886 et sa grève tragique, 1961/1962 et la longue grève au fond de la mine par les « gueules noires » déterminées.

Notre première publication, « 1911 : avec les gantiers en grève », était illustrée d’un cliché qui montrait un gantier brandissant une pancarte sur laquelle était écrit : « il y a encore une conscience ouvrière à Millau ». Aujourd’hui, nous avons rencontré cette conscience ouvrière vivante à Vivez chez les SAM en lutte.

Victor Griffuelhes (1874-1923), l’ouvrier cordonnier, secrétaire de la fédération CGT des cuirs et peaux, écrivait dans L’Action syndicaliste en 1908 : « [La grève] éduque, elle aguerrit, elle entraîne et elle crée. » Nous avons compris, in situ, tout le sens de sa formule.

Communiqué de La Main Chaude

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