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Sauvebiau (commune de Millau, causse Rouge)

La ferme de Sauvebiau est exposée à l’ouest du Puech d’Andan, à deux kilomètres en aval du village de Saint-Germain.

Son nom « Salvebiau » ou « Sauvebiau » viendrait soit de « selva, seuva » issu du latin silva : forêt et biau : bœuf (la forêt des bœufs), ce qui pourrait être vraisemblable vu que l’abbé Grimaldi avait recensé pas moins de 62 paires de bœufs dans la paroisse de Saint-Germain pour 285 habitants, dont dépendait Sauvebiau (Bénéfice du diocèse de Rodez, 1788), soit des sauvetés : une zone de refuge déjà habité au Moyen-âge.

Son ancienneté est bien connue, puisque ce mas est mentionné en 1363 par P.Massevaques, dans son testament, comme la demeure de sa fille Hélipse et de Jean Dozo, son époux.

Ensuite, comme nous le rappellerait Jules Artières : « la boria de Salvabuou appartint, en 1382, à Raymond de Vonc, damoiseau qui exerça à plusieurs reprises la charge consulaire à Millau ; au XVe siècle à la famille Boysso ; en 1528 à Jean Cavalier, juge de Millau ; enfin, en 1668, à Antoine Austruy, de Saint-Germain » (Notes historiques millavoises, Messager de Millau, 1er décembre 1906). Ce dernier réussira à y maintenir sa lignée durant deux siècles jusqu’en 1868. Pierre Austruy en était propriétaire en 1720.

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© Marc Parguel

Sous la Révolution

Juliette Andrieu nous rapporte ce fait : « Sous la Révolution, Sauvebiau donna asile à un prêtre réfractaire afin de le soustraire à la déportation. Mais ce qui est moins connu c’est l’histoire d’un hypothétique trésor caché pendant la tourmente révolutionnaire et qui ne pouvait être que fabuleux d’après des imaginations promptes à s’enfiévrer.

À force d’ausculter les murs, les tenants du lieu l’auraient découvert, mais singulièrement amenuisé. Ce n’est pas la vérité qui leur apparut au fond de la marmite, mais un sol de cuivre tout esseulé, bien que frappé à l’effigie de Louis XVI ! Mythe ou réalité, nul ne sait » (Journal de Millau, 1er janvier 1982)

© Marc Parguel

Le relais de la famille Austruy

À Saint-Germain, il y avait autrefois trois relais. Le plus souvent appelés baraques, ils étaient aménagés pour héberger les animaux et les hommes qui les conduisaient. Après la Révolution, un de ces relais devint la propriété de Pierre Austruy, cadet de Sauvebiau. Il prospéra si bien qu’il acheta une à une toutes les terres qui étaient à vendre. À sa mort, c’est son cousin Hipolyte Austruy issu de Sauvebiau qui prit le relais en location et lorsque le relais se transforma en ferme en 1867, c’est encore un P. Austruy de Sauvebiau qui prit la suite avec les terres achetées par le premier occupant. Quand ce dernier prit à bail le domaine de Veyrac, divers fermiers s’y succédèrent dont Jules Combes du Castellas, jusqu’à la vente de la propriété par Melle Delmas, descendante directe de Pierre Austruy par sa grand-mère.

Comme nous le rappelle Juliette Andrieu « A cette époque, on pouvait y admirer comme dans toute auberge une superbe batterie de cuisine, un bataillon de chaudrons en cuivre de toute taille et chose rare à l’époque, une baignoire de ce même métal (tout ce matériel a dû prendre le chemin de la brocante) (Au temps des relais, L’Écho du pic d’Andan n° 15, 3e trimestre 1987).

En 1788, Sauvebiau comptait une maison et 16 habitants, 1 maison et 5 habitants en 1868. À cette date, il devint la propriété de Pierre Louvety, natif des Fonts de Joug.

Sauvebiau et le puech Gardalhou. © Marc Parguel

La croix du Pastre (vers 1875)

Dans son ouvrage « Millau à travers les Siècles » (1943), Jules Artières écrivait : à cette ferme se rattache un souvenir qui date de trois quarts de siècle. Le berger de ce domaine, qui était patient et fort adroit, avait sculpté sur bois une grande croix avec les instruments de la Passion, si nos souvenirs sont exacts, et l’avait planté au bord de la Route Nationale.

Dès lors, et le dimanche surtout, les Millavois allaient en foule admirer lo Crous del Pastre, chef-d’œuvre de patience et de foi, qui disparut, nous ne savons exactement pour quels motifs, au bout de peu de temps (p.462).

C’était une croix sculptée dans un bloc de chêne. Une fois terminée, le berger l’avait érigé à l’intersection du chemin de la ferme de Sauvebiau et de la Route Nationale 111, face au « Puech Galhardou », un monticule en forme de cône tronqué dû probablement à un glissement de terrain, et qui en cet endroit barre la vue sur Millau. Dans le passé, le docteur Molinier de Millau, a qui il appartenait en était tellement fier, qu’il se fit surnommer « Sieur du Puech Galhardou »

Le puech Gardalhou. © Marc Parguel

Parmi les faits divers survenus à Sauvebiau, citons celui-ci survenu durant l’été 1923 :

Explosion d’une locomobile. Le 13 août, la chaudière à vapeur d’une machine à dépiquer les blés a fait explosion à la ferme de Sauvebiau près Millau. L’explosion, qui retentit comme un coup de tonnerre, fut entendue de Millau, soit à quatre kilomètres, les morceaux de la locomobile gisent dans les champs environnants : un d’entre eux, qui pèse de un à deux quintaux, creva, en tombant, la toiture d’un hangar.

C’est un vrai miracle qu’il n’y ait pas eu de plus nombreux blessés : cela provient évidemment de ce que l’explosion se fit en hauteur ; si elle s’était produite horizontalement, il y aurait beaucoup plus de victimes à déplorer, parmi les quatorze personnes qui servaient la dépiqueuse. On ne sait à quoi attribuer l’accident. Un mécanicien explique que ce n’est pas le manque d’eau, car le plomb est intact. La locomobile appartenait à M.Brétuel, des Vialettes, et était en marche depuis quelques heures seulement.

M. Lubac, propriétaire, qui venait s’informer du jour où on pourrait dépiquer son blé, arriva peu après l’accident et se fit un devoir de transporter les trois blessés à l’Hôpital. Deux d’entre eux, Angles Justin et Virenque Louis, après les premiers soins, purent regagner leur domicile ; le troisième, M. Julié Louis, plus gravement atteint, est soigné à l’hôpital. Nous faisons des vœux pour sa prompte guérison.

À la suite de l’explosion, le feu prit à deux grands gerbiers de blé ; des pompiers dévoués s’empressèrent d’aller faire la part du feu et de préserver les bâtiments de la ferme de Sauvebiau, qui appartient aux époux Coulon Louvéty. Inutile de dire que les deux gerbiers devinrent complètement la proie des flammes. D’une valeur de 30 000 francs environ, ils n’étaient assurés que pour 1000. Il paraît que le propriétaire de la machine n’était pas assuré contre les accidents. (Journal de l’Aveyron, 26 août 1923)

Vue au-dessus de Sauvebiau, le Puech Galhardou, et la Borie Blanque. © Marc Parguel

Les descendants de la famille Louvety : « les Coulon » en se multipliant firent de Sauvebiau ce hameau de quatre feux qu’ils occupent encore aujourd’hui.

Marc Parguel

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