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Millau. Opinion : « Digestion difficile »

En septembre dernier, questionné sur son positionnement au sein du conseil municipal, Christophe Saint-Pierre appelait de ses vœux « une opposition à la fois constructive et critique ». Quelques mois plus tard, force est de constater que seule la deuxième partie de son souhait est exaucée.

En effet, depuis lors et faisant leur la maxime de Clémenceau « en politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables », pas une semaine ne s’est écoulée (traditionnelle trêve des confiseurs incluse) sans voir fleurir un article rédigé, d’une plume trempée dans l’acide, par deux de ses principaux anciens adjoints : Alain Nayrac et Christelle Sudre-Baltron (en alternance avec son époux).

Articles acrimonieux visant Emmanuelle Gazel, maire selon eux de tous les maux qui accableraient notre belle ville voire même, devant tant d’excès, la terre entière. Mais pourquoi tant de haine ?

Si, bien évidemment on peut comprendre la déception et l’amertume que peut susciter une élection perdue sur le fil du rasoir (dura lex, sed lex), cet exercice de dynamitage en règle, façon puzzle, montre à quel point le sentiment irrationnel d’avoir été détroussés de son bien et le statut de membre de l’opposition après six années aux commandes peuvent provoquer de rumination chez les âmes en peine.

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Une « opposition critique », oui bien évidemment, ça fait partie de son rôle, mais il est malheureusement indubitable qu’en la circonstance nous sommes plus proches du Raoul Volfoni des Tontons flingueurs que de Cicéron. Faire feu de tout bois et ce, quel que soit le sujet, avec encore et toujours la même cible, caricaturer et peindre systématiquement tout en noir par la faute d’une seule et même personne en ayant pour seul moteur l’esprit de revanche et l’aigreur comme carburant n’est pas la voie la plus sûre pour réenchanter la politique et convaincre nos concitoyens de ses vertus.

On ne construit rien sur la rancœur et la détestation. À part servir d’exutoire à ses auteurs et satisfaire des partisans déjà convaincus, tirer ainsi le débat vers le bas avec le dénigrement automatique comme seule perspective, c’est au contraire finir de les dégoûter des élus et des élections.

Si l’on cherche à être à la fois constructif et critique, si l’on cherche à convaincre les Millavois, qui plus est en cette période d’incertitude, on doit d’abord chercher la cohérence et l’objectivité, on doit leur parler, de leur quotidien, de leurs attentes et leurs difficultés et non se repaître de ressentiment et de la rengaine du « c’était mieux quand c’était nous » pour enfumer les esprits et panser tant bien que mal ses blessures d’amour propre.

En cette période propice aux vœux de toutes sortes, au-delà des traditionnels « santé et bonheur », qu’il me soit permis de nous souhaiter collectivement une opposition apaisée à la critique… constructive.

Michel Durand,
Adjoint à la mairie de Millau

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