Patrimoine

Aveyron. L’histoire du barrage de Pareloup

Situé sur le Lévézou, à 805 m d’altitude, près du Bois de Serres, Pareloup est surtout connu pour son lac artificiel qui est le cinquième plus grand de France (1290 hectares).

Autrefois deux moulins étaient installés près de l’endroit où est actuellement bâti le barrage. La légende raconte que le guetteur, qui était souvent le berger, se tenait là, près des gorges surveillant la sortie des loups de la forêt. A leur arrivée il criait « paro, paro lo loup » (arrête, arrête le loup) d’où l’origine du lieu Pareloup.

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Vers les années 1925, EDF commença à construire le barrage de Pinet sur le Tarn et une étude fut faite sur le Vioulou pour faire sur les plateaux un barrage de 10 à 15 mètres de haut. Le projet fut étudié une première fois en 1919 lorsque la société Sorgue et Tarn qui gérait la production et la distribution électrique avait repéré ce massif du Lévezou qui offrait une réserve potentielle d’eau idéalement placée.

Ces études commencées vers 1925 se termineront en 1946 et  le décret d’utilité publique paraîtra le 26 juin de cette année. La suite nous est racontée par J. M.Cosson :

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Le site… était remarquable par la plongée qu’il offrait depuis le plateau de Salles-Curan vers la vallée du Tarn, avec un dénivelé de cinq cent cinquante mètres ! Dans la tête des ingénieurs, le « réservoir » de Pareloup existait déjà, et ils en dessinèrent le schéma de fonctionnement. Quelques semaines plus tard, l’armada des géologues et des métreurs arpentait le terrain. A Paris, les ingénieurs planchaient. Les chiffres tombèrent : pour la seule retenue de Pareloup, sur le cours du Vioulou, un barrage en voûte haut de quarante-deux mètres allait créer un lac dont les berges se développeraient sur cent vingt kilomètres. La réserve d’eau obtenue devait se chiffrer à cent soixante-dix millions de mètres cubes ! (L’Aveyron mystérieux et insolite, De Borée, 2009)

Vint le temps des expropriations et dès 1947, les travaux commencèrent. En août 1947, l’entreprise Ballot se chargea des travaux gigantesques. Ainsi l’ensemble de l’équipement représentait soixante-cinq mille tonnes de ciment, dix mille tonnes de fer, neuf mille mètres cubes de bois de coffrage, sept cents tonnes d’explosifs et trois cents tonnes de métaux non ferreux.

Le barrage a été construit entre 1949 et 1951. Lors de la construction de celui-ci, de nombreux bâtiments, des fermes (Caussanel) et terres agricoles ont été engloutis. La plupart des constructions furent détruites avant la mise en eau, à l’exception d’un pont d’origine romane, le pont des quinze arches, qui enjambait le Vioulou et qui repose désormais au fond du lac.

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En mai 1952, on ferma les vannes, l’eau monta petit à petit. La route de Pareloup à Salles-Curan par Saint Martin des Faux n’était pas terminée, la population décida de garder cette route qui reliait les villages et de la terminer.

La paroisse de Canet de Salars voulait venir en pèlerinage à Notre Dame d’Aures comme c’est la coutume, ils durent passer sur des échafaudages, car le pont sur le barrage n’était pas terminé et l’ancien chemin qui passait par le moulin de Pareloup était noyé. Tous les travaux ont été exécutés par l’entreprise Ballot (Bernard Guitard, souvenirs du chantier de Pareloup, Journal de Millau, 8 août 2002).

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Le barrage de Pareloup fait partie des « barrages-voûtes » c’est-à-dire un barrage qui permet de reporter les efforts dus à la poussée de l’eau sur chaque côté des rives plutôt que sur le barrage lui-même. Parlons chiffre : le barrage mesure 43,5 mètres de hauteur, son volume est de 43 000 m3, le débit de vidange est de 153 m3/s.

On compte 144 kilomètres de berges (source Pierre Besset), 170 millions de mètres cubes de capacité, trois bases nautiques, deux plages publiques aménagées (Pareloup-Arvieu et les Vernhes), deux îles au large de Routaboul. Des vidanges du lac pour l’entretien du barrage et des canalisations ont été menées en 1961 et 1993.

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Il y a 25 ans, la vidange de la retenue (la première depuis 1961) a permis de remettre à jour de nombreux vestiges. Le plus connu est le « pont des 15 arches » sur lequel passe une route ancienne D993 de  Pont-de-Salars à Salles-Curan pour traverser le Vioulou. Ce pont bien que noyé pendant quarante ans était encore intact. La présence de vestiges archéologiques, comme la voie romaine (Caussanel) et des outils préhistoriques, donne au lieu un intérêt particulier.

Par sa proximité avec Millau et Rodez, Pareloup attire chaque été de nombreuses familles venues trouver la quiétude, car le lac est ceint de plages discrètes, loin des plages prisées des bords de mer. Les activités à faire dans ou sur le lac sont multiples : pédalos, canoé, catamaran, planche à voile… Les pêcheurs aussi sont nombreux à faire des prises miraculeuses : brochets, carpes, sandres, perches, truites fario et arc-en-ciel, brèmes, gardons, goujons, tanches, carnassiers et aussi des milliers d’écrevisses américaines à pattes bleues.

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Récemment, la cote du lac de Pareloup était au plus bas (2010-2011), suite à des pics de consommations électriques dus à des périodes de froid, il a fallu ouvrir les vannes plus que d’habitude soit laisser s’écouler quelque 35 millions de m3 d’eau en plus (Midi Libre, 30 septembre 2011). L’eau avait de ce fait baissé par endroit de 3 mètres. Les pontons des plages ont été allongés, et malgré qu’1/5e du lac ait disparu, les touristes n’ont pas boudé leur plaisir à retrouver leur coin de plage préféré.

Marc Parguel

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