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Millau. L’intersyndicale hospitalière boycotte le dernier CTE de l’hôpital

Jeudi 16 décembre, l’intersyndicale CGT SUD du centre hospitalier de Millau a refusé de siéger au comité technique de l’établissement (CTE) et a présenté une motion à la direction du centre hospitalier pour préciser les raisons de cette décision.

Lors de cette instance, les syndicats devaient être consultés sur plusieurs sujets, la question de l’Hôpital commun, les lignes directrices de gestion, le projet de soins du sud-Aveyron et se prononcer sur le passage aux 12 heures de travail pour les agents en service de médecine.

L’intersyndicale, a refusé de valider l’organisation des 12h, car « les conditions n’étaient pas réunies pour le faire et craint entre autres pour la sécurité des patients ». L’organisation syndicale dénonce « une généralisation des 12 heures à tous les services qui va permettre de supprimer des postes et d’ainsi réaliser des économies sur la masse salariale, un peu comme un plan social caché ».

Le contexte

À ce jour, plusieurs services du centre hospitalier de Millau et de Saint-Affrique travaillent déjà en 12h à la demande des agents contre 7 heures 75 actuellement en médecine. Un mode de fonctionnement plutôt séduisant pour la plupart du personnel qui explique « qu’il peut plus facilement concilier vie privée et vie professionnelle avec des semaines à deux, trois ou quatre jours de travail selon les plannings ».

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Si la plupart des agents y sont favorables, les syndicats expliquent « que c’est une illusion et que ce qui est vendu ne sera pas la réalité et que les conditions de travail ne seront pas meilleures ». Mais surtout, « cette réorganisation se ferait au détriment des patients ».

La fin des transmissions orales

Lorsqu’une équipe termine son service et qu’une autre le prend, il y a « une période de transmission » d’environ un quart d’heure pendant laquelle les deux équipes échangent sur les soins à apporter aux patients. Un temps primordial pour « passer le relais afin que la prise en charge des patients soit optimale et que les informations ne se perdent pas ».

Dans le cas de figure du passage en douze heures, les agents ne se croisent plus et doivent faire ces transmissions par écrit ou « prendre sur leur temps personnel pour le faire, les textes interdisant de dépasser douze heures de travail ».

On est en colère, même si cette façon de fonctionner a des avantages pour le personnel, on sait qu’au-delà de 8h de travail on perd de l’attention, de la vigilance, on sait aussi cette pratique met en danger la sécurité des patients et la direction sait bien que par conscience professionnelle les agents feront cette transmission, ce sera illégal ! »

« Bien qu’ils ne soient pas convaincus par cette organisation », en tant que représentants du personnel, les syndicats sont prêts à la valider puisque la majorité des agents le demande, mais à condition d’avoir des certitudes sur la future organisation, sur le reclassement des agents non volontaires, et d’obtenir des documents valides.

La direction scandalisée

Nathalie Marty, directrice de l’établissement a aussitôt adressé un courrier par mail à l’ensemble des agents concernés pour leur faire part de ce qui venait de se passer. Interrogée après le boycott du comité, la directrice de l’établissement n’a pas mâché ses mots à l’égard des syndicalistes.

Cette politique de la chaise vide ne les grandit pas. Les bras m’en tombent, c’est d’une irresponsabilité totale. Je trouve très étrange cette coïncidence qu’on refuse de siéger à un CTE où vont être abordés des sujets majeurs, des questions aussi essentielles que l’avenir de la prise en charge médicale de nos concitoyens en présentant une motion qui ne porte que sur les plannings de médecine ».

En effet, lors de ce CTE devaient être présentés le guide faisabilité du regroupement des deux hôpitaux de Millau et Saint-Affrique, le plan de formation et le projet médical du sud-Aveyron, autant de sujets « primordiaux ».

Concernant le passage en douze heures, la direction explique qu’il n’est pas question de supprimer des postes ni de réaliser des économies. Chiffres à l’appui, la directrice de l’établissement prouve que le passage en douze heures diminuera seulement de 0,7 ETP infirmier (équivalent temps plein) et de 0,3 ETP aide-soignant, et « que le seul gain sera un gain de temps ».

« On ne va pas virer des agents, on n’en a pas assez aujourd’hui ! C’est complètement farfelu de penser ça ! »

Seuls trois agents sur 26 en médecine ne souhaitent pas adhérer aux douze heures. Ils ont tous été reçus par Fabienne Silly pour envisager un reclassement « dès que ce serait possible ».

Pour l’organisation des transmissions, il a été proposé que deux agents décalent leurs horaires d’un quart d’heure pour réaliser les transmissions orales. « Le personnel aurait refusé préférant les transmissions écrites ».

La vraie raison du boycot ?

Pour Nathalie Marty et ses équipes, la vraie raison de l’absence des syndicats à ce CTE « est ailleurs et directement liée aux sujets majeurs du projet de soins et de l’hôpital commun de Millau et de Saint-Affrique ».

Dans le projet médical du sud-Aveyron, je gagne onze lits, je ne vais pas supprimer du personnel soignant ! Depuis que je suis arrivée à la direction de cet établissement, je fais l’inverse. J’ai tout misé sur l’augmentation de l’activité, j’ai créé des postes pour cela et les syndicats le savent parfaitement. Je suis sud-aveyronnaise, ma préoccupation majeure et essentielle, c’est d’apporter à cette population l’offre de soin la meilleure, moi aussi, j’ai des amis, des parents, de la famille, et ces gens-là je veux aussi qu’ils soient bien pris en charge. Je sais que je ne le ferai pas toute seule et que je ne vais pas tout révolutionner en six mois, je suis là pour essayer d’améliorer les choses ».

Une rentrée compliquée

Chacune des parties campe sur ses positions avec ses arguments, le CTE sera reporté à la rentrée 2022, les syndicats affirment « avoir voulu, non seulement faire leur travail concernant les douze heures mais aussi marquer le coup ».

Nous en avons assez d’être méprisés ! Nous voulons être associés aux décisions, notamment pour le projet médical, être considérés comme de vrais partenaires sociaux et qu’un vrai dialogue puisse être instauré »

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