Littérature

« L’âne de la Doublette », un extrait des Contes et légendes du Causse Noir

Nous publions aujourd’hui « L’âne de la Doublette », extrait de l’album tome 3 « Contes et légendes du causse Noir – Les Noëls d’antan », en vente depuis le 24 novembre.

Episode 1/3

Cette histoire tient plus de la fable que du conte ; quoi qu’il en soit, elle s’est réellement passée, du côté de Veyreau, sur le causse Noir. C’était au siècle dernier, au temps où chaque famille du petit village caussenard possédait un cheval de trait, un âne ou des bœufs. On les laissait paître dans les champs à la belle saison, et dès les premiers jours de froid, on les rentrait pour l’hiver dans l’étable ou la bergerie, avec les moutons. Ainsi, Renaude la petite ânesse grise et Blanquette la chèvre blanche du menuisier, profitaient toutes deux des derniers jours ensoleillés de l’automne pour manger au grand air. Dans le pré aux abords du village, autour de la mare de Veyreau, l’herbe y était bien grasse. Tout l’été, Renaude et Blanquette en avaient bien profité ; surtout Renaude, la petite ânesse, qui mangeait goulûment ! La chèvre demanda un jour à son amie :

« Mais pourquoi manges-tu aussi goulûment ?

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— Eh bien parce qu’ensuite, de tout l’hiver, on n’aura droit qu’à de l’herbe sèche ! Le foin qu’on nous sert à la bergerie n’est pas aussi bon que l’herbe verte du pré !

— Je suis d’accord avec toi, mais tu as mangé tellement depuis le printemps de peur d’être en manque que tu as beaucoup grossi ; et le pire, c’est qu’à force de trop manger, tu n’apprécies même plus le goût de l’herbe fraîche !

— Oh, je peux bien grossir ! Cet hiver, avec la paille comme seul repas, on va maigrir, mais moi au moins, j’aurai des réserves, contrairement à toi ! Tu vas dépérir !

— As-tu seulement pensé à l’impasse de la Doublette ? Si tu grossis encore, tu ne pourras plus y passer ! »

L’ânesse éclata de rire :

« Tu n’es pas sérieuse ! Je suis une ânesse, pas une vache, il y a de la marge avant que je coince entre les murs. »

L’impasse de la Doublette dont parlait la chèvre Blanquette était une petite rue très étroite, se situant dans le centre de Veyreau. Elle traversait un quartier du village en passant sous une maison à hauteur d’homme, et surtout, elle était large de moins d’un mètre ! Depuis le pré jusqu’à leur bergerie, la Doublette était un raccourci que les deux amies empruntaient. Les bœufs bien trop gros, eux, devaient faire tout le tour du quartier. Les jours passaient, et Renaude l’ânesse n’écoutait guère les mises en garde de Blanquette la chèvre. (à suivre)

Texte : Loïc Marlas. Dessin : Eloïse Garcia. Extrait de l’un des 5 contes du recueil « Contes et légendes du causse Noir – Les Noëls d’antan ». Album jeunesse illustré, couleur, à retrouver dans les librairies de Millau ou sur le site : 2lmarlas.wixsite.com

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