Causses et vallées

De la fontaine à la Baume du Rouquet (commune de Peyreleau)

Cette fontaine aujourd’hui dénommée « du Rouquet » s’appelait autrefois « Font de Gely » ou « Fontaine d’Alayrac » tirant son nom du domaine voisin distant d’environ 600 mètres.

Elle coule sur le versant sud du Causse Noir, dans le ravin des Raves, au-dessus de Peyreleau.

Pour nous y rendre, dix minutes de marche suffisent à partir du petit sentier de pays bien marqué non loin de l’embranchement du hameau d’Alayrac (départementale D29).

Descente par le sentier de pays dans le ravin des Raves. (DR)

On doit abandonner ce sentier au moment où un mince filet d’eau vient le traverser, en prenant sur la gauche un petit chemin peu marqué qui nous emmène vers une petite mare. Celle-ci est alimentée par un tronc évidé qui fait office d’aqueduc pour canaliser l’eau à la sortie de la source.

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Le tronc qui sert d’aqueduc pour remplir la mare. (DR)

L’eau de la fontaine est bien claire, tandis que celle de la mare est troublée sans doute par le passage régulier de la faune en ces lieux. Son débit est faible, mais régulier.

C’est la source la plus élevée de la commune de Peyreleau, elle apparaît à 700 m d’altitude environ. Son débit est nettement plus important que sa voisine de « La Prinelle » qui alimentait jadis le mas de la Rouvierette (aujourd’hui disparu).

Albert Carrière, pourrait nous dire que « c’est une source remarquable par la constance de son débit et la pureté de son eau. Elle ne se trouble pas avec les fortes pluies donc pas de communication avec des avens. Elle a été l’objet de quelque travail, elle a été fermée par une porte. » (Notes sur les Gorges de la Jonte,  Journal de l’Aveyron, 15 août 1920)

A l’intérieur de la fontaine creusée dans le roc. (DR)

Si elle pouvait nous raconter son histoire, elle nous dirait qu’au XVIIe siècle, les seigneurs de Peyreleau, D’Albignac, propriétaire d’Alayrac, la capturèrent et la conduisirent dans leur château du Triadou. Comment le sait-on ? Lors de la construction de la route qui vient de Peyreleau et qui monte sur le Causse, on a trouvé des tuyaux de conduite. Il en a été trouvé également par les terrassiers lors de l’élargissement de la côte.

Après le temps des seigneuries, cette exsurgence qui portait le nom de « Font de Gely » continua d’être utilisée par les paysans quand la sècheresse tournait au désastre et que le niveau des citernes était en baisse à Alayrac, certains allaient y remplir des seaux pour ramener cette eau bien fraîche à la ferme.

Les bergers y allaient aussi faire boire leurs brebis. Son nom de « Font de Gely » qu’on lui donnait au XIXe et XXe siècle lui venait sans doute d’un de ses propriétaires. Sauf erreur, j’ai eu beau consulter les cadastres et cartes d’E. Major, je n’ai jamais vu figurer cette source. D’où lui vient son nom de Rouquet aujourd’hui utilisé ? Tout simplement d’un petit rocher.

Une vingtaine de mètres au-dessus de la source on trouve trois excavations. La première a vraisemblablement servi comme Baume-jasse. C’est un abri sous roche de 4 mètres de profondeur, avec une partie de son mur de protection encore bien visible.

La baume-jasse du Rouquet. (DR)

Dans sa paroi ouest, un orifice de 1,50 mètre de diamètre se poursuit par une galerie méandriforme ascendante de 14 mètres de longueur. Tout le sol est couvert de sable dolomitique.

Vue prise depuis la galerie (paroi ouest). DR

A 25 mètres à l’ouest de cette baume, apparait une deuxième grotte connue sous le nom de « grotte d’Alayrac ». Elle n’est pas simple d’approche, car masquée par la végétation, sa petite entrée triangulaire de 1 mètre de haut donne dans un couloir bas de 10 mètres de long. Là aussi, le sable dolomitique domine.

Entrée de la grotte d’Alayrac. (DR)

A priori, un mur devait clôturer l’endroit, on voit encore quelques ruines. Une autre grotte se situe à 25 mètres à l’ouest.

Dans ces cavités, Albert Carrière avait ramassé quelques débris de poteries. Incontestablement, ces grottes furent fréquentées depuis fort longtemps, car bien exposées au soleil  et dans le voisinage immédiat de l’eau.

Marc Parguel

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