Causses et valléesPatrimoine

Causses et vallées. Montels (commune de Millau, causse Rouge)

Montels est une ferme isolée et accrochée au flanc du causse Rouge, sous le pic ouest du Puech d’Andan, en face de Millau. Émergeant d’un repli du terrain qui l’abrite du vent du nord, son regard plonge dans la vallée et se réjouit d’une vue imprenable.

« Le nom de Montels vient-il de montile, monticellus, monticule, ou bien de mont-telh ou mont-theil, mont du tilleul ? » s’interroge J. Andrieu dans un article publié sur le Journal de Millau, le 12 février 1982. Quoi qu’il en soit, cette belle ferme appartenait, au XIIIe siècle, à Bernard de Montels et rien ne nous indique si le propriétaire tirait son nom de son domaine ou le domaine de ses maîtres.

Les bâtiments sous le Puech d’Andan. © Marc Parguel

En 1325, Guillaume de Montels fit donation de cette métairie (mas sive boria de Montels) à Raymond Pellegri, damoiseau : puis elle passa aux Tauriac en 1541, aux Grégoire de Gardies au XVIIe siècle, et, en 1720, d’après le Cadastre, le domaine de Montels appartenait à M. de Carbon, conseiller au Parlement.

Une lettre destinée à recruter des rabatteurs et des tireurs afin de tuer les loups qui rôdaient dans les parages fut envoyée aux principaux propriétaires fonciers de la campagne. Datée du 11 ventose an VI (1er mars 1798), elle nous donne le nom du fermier de Montels, il s’agissait de Graille, et de Jacques Jean ancien fermier de Montels.

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Vue depuis le Puech d’Andan. © Marc Parguel

Plus tard, la ferme passa aux familles Combes, Marty et plus récemment à Bernard Cassan. Dans ses Notes historiques millavoises, Jules Artières ajoute : « Elle était grevée d’une redevance annuelle de 7 setiers de froment au profit des Charités de Saint-Marc de Millau. » (Messager de Millau, 1er décembre 1906).

Durant les guerres de religion, afin de se préserver des pillages, le fermier de Montels avait loué en 1586, trois ouvriers, de Millau, « à faire soldats » chacun avec son arquebuse, pour un mois, moyennant 3 escus 2 tiers chacun et sont tenus lesd. soldats faire bonne garde, tant de nuit que de jour, et tenir leurs arquebuse de poudre, corde et boulets ?…(4 août 1586).

Jusqu’au milieu du XVIe siècle, les habitants de Montels fréquentaient l’église ou plutôt la chapelle de Saint Amans de Troussit, avant de fréquenter celle de Saint-Germain. A. Carrière mentionne d’ailleurs qu’un chemin allait de Troussit au mas d’Andan ou d’Andon, qui a disparu, mais a donné son nom au Puech d’Andan ; un autre de lad. église de Troussit à Monteils (Montels) (Répertoire, f° 261, 1397).

Cette chapelle fut détruite pendant les premières guerres de religion, il est dit à la fin du XVIe siècle que : « Sainte-Claire inféode le terroir de Trossit à Galy qui donne a nettoyer les ruines de l’église, ensevelir pierres et rèbles, et remettre le terroir en état pour être replanté en vigne, moyennant 16 écus 3 tiers » (De Malrieu, notaire, 14 mai 1596).

Vue depuis le Puech d’Andan. © Marc Parguel

On pouvait lire dans la presse locale en 1864 : « À affermer, pour entrer en jouissance le 29 septembre 1867, le domaine de Montels, situé à 3 kilomètres de Millau, du labourage de 9 paires de bœufs, 6 chevaux ou mulets, avec 300 brebis, 5 truies, bâtiments pour l’exploitation plus que suffisants, en très bon état, une vaste cour close au milieu, avec l’eau nécessaire pour le ménage et pour les bestiaux.

Ce domaine consiste en 153 hectares, 6 ares 75 centiares, savoir 89 hectares 9 ares 75 centiares en terres labourables, la plus grande partie du premier degré et le surplus du deuxième degré, susceptible d’arrosage au moyen de sources très abondantes réunies qui se trouvent en amont des champs, 53 hectares 96 ares en bois, 50 hectares 92 ares en pâture, en un pré de 3 hectares, arrosable en ce moment, par-dessous le manoir, 7 hectares 20 ares en vigne dont la très grande, majeure partie est nouvellement plantée, complantation récente d’une grande quantité d’amandiers, pommiers, noyers et peupliers.

Les prétendants s’adresseront à M. Fabry, ancien notaire, et à Me Sabathier, notaire à Millau » (L’Écho de la Dourbie, 13 février 1864).

Dans l’édition du 10 mars 1866 du même journal, on pouvait lire ceci :

Montels comptait 16 habitants en 1868. Les bâtiments composés de voûtes superposées lézardées par les ans, ont incité leurs occupants à construire à leurs côtés une habitation plus moderne. On remarquera dans les divers bâtiments, une grange, bergerie typique de la construction rurale traditionnelle : un grand bâtiment voûté sur deux niveaux, abritant les animaux au rez-de-chaussée et l’espace de stockage du foin à l’étage. Françoise Galès ajoute :

« Accolé se trouve l’ancienne maison d’habitation qui abritait probablement des animaux au rez-de-chaussée, et les hommes à l’étage. Il conserve à l’étage, sur la face est, une sculpture en remploi, une probable tête féminine, d’origine médiévale (XIVe siècle).Deux autres vastes bâtiments très remaniés, à usage agricole, complétaient l’ensemble, qui ne semble pas réparti autour d’une cour ».

© Marc Parguel

Longée par le ruisseau « Sain- Euzébit » qui descend de la déclivité du Pic pour se jeter dans le Tarn, la ferme de Montels est de toute la région la mieux pourvue en eau. D’après J. Andrieu : « Sur les berges de ce ruisseau encore appelé “le Galezon” et “Crémardone”, on peut déceler les traces d’un vieux moulin. Bien que paroisse de Millau, couramment dans le passé, les habitants de Montels se sont tournés vers la paroisse de St-Germain, plus en conformité avec leurs aspirations » (J. de Millau, 12 février 1982).

Actuellement, propriété de la famille Cassan, la ferme, spécialisée dans l’élevage de brebis de race Lacaune, s’est considérablement agrandie avec la création de chambres d’hôtes aménagées dans la « maison neuve » des propriétaires.

Croix de Montels. © Marc Parguel

Marc Parguel

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