[dropcap]L[/dropcap]a fête d’Aguessac est sans doute l’une de celles qui attirent le plus de monde en période estivale. Idéalement placées sur le calendrier, ces réjouissances publiques comptent de nombreuses animations sur plusieurs jours, il en a d’ailleurs toujours été ainsi, c’est une tradition.
Il y a plus de cent ans cependant, la fête comptait des divertissements beaucoup plus variés que ceux que nous connaissons aujourd’hui. Ces traditions perdues méritent d’être sorties de l’oubli le temps d’une chronique.
Remontons le temps jusqu’en 1913 :
Aguessac. Fête locale. Voici le programme de la fête locale des 14,15 et 16 août.
Jeudi 14 août. – A 5 heures du soir, arrivée des musiciens, tour de ville en fanfare ; à 6 heures du soir, concert par la musique de la ville ; à 8 heures du soir, retraite aux flambeaux et illumination électrique ; à 9 heures du soir, bal champêtre ; à minuit, sérénade aux demoiselles.
Vendredi 15 août. – A 4 heures du matin, salves d’artillerie, sonnerie des cloches ; à 5 heures du matin, réveil en fanfare ; à 6 heures, cure d’eau à la fontaine de la Brézègue ; à 9 heures, distribution de bouquets aux conseillers municipaux et aux notables de la ville ; à 10 heures, concours de pêche à la ligne et tir aux pigeons ; à 11 heures du matin, apéritif concert ; à 2 heures du soir, course à l’œuf ; à 2 heures ¼, jeu de la confiture (le jeu de la confiture consistait à enduire une poêle avec de la confiture qui était pendue avec une ficelle, et les mains derrière le dos, il fallait récupérer une pièce collée à l’arrière de la poêle, fortement barbouillé de confiture…et de suie (D’après entretien avec Louis Valès, 11 mai 2013)) ; à 2 heures et demie concours de petits pains et jeu de la poële ; à 2 heures ¾, jeu de la marmite, (Il s’agissait d’une marmite en terre, elle aussi pendue à une ficelle, deux joueurs étaient l’un face à l’autre les yeux bandés, et avec une trique, il fallait couper la marmite en terre, et ne sachant pas toujours où viser, c’était souvent des coups de triques qui se perdaient sur la tête du concurrent (Entretien Louis Valès)) ; concours de pêche à la morue ; à 3 heures du soir, jeu de l’oignon et concours de fumeurs (le plus rapide à manger et à fumer le cigare en même temps) à 3 heures et demie, jeux sur le Tarn ; mât de beaupré (il s’agissait d’un poteau de téléphone incliné au bord du gouffre des Egravettes, le mât était bien savonné, il fallait grimper à la cime sans tomber en glissant pour obtenir la récompense qui était placée en haut du mât (Louis Valès, id), course aux canards, jeu du tonneau, course à la nage : à 4 heures et demie, bal public, départ d’un superbe ballon ; à 8 heures du soir, brillante retraite aux flambeaux ; à 8 heures et demie, grand feu d’artifice ; à 9 heures, bal champêtre, bataille de confetti et départ d’une montgolfière.
Samedi 16 août. – A 9 heures du matin, réveil en fanfare, à 10 heures, course pédestre ; à 11 heures, Pernod à la Brézègue (Pour information Brézègue est une source minérale ferrugineuse à la sortie d’Aguessac, en dessous de la route, à remarquer qu’en provençal le mot Bresego signifie : aphte de la bouche, on se prend à rêver de voir ce que donnerait un Pernod à cette source) ; à 2 heures, ascension de la côte de Compeyre (il s’agissait d’une course de bicyclette route de Compeyre) ; à 8 heures du soir, clôture générale de la fête, bombes.
Un train supplémentaire est mis à la disposition du public millavois par la Compagnie du Midi aux heures ci-après : 1° A l’aller, départ de Millau à 13 heures 45, arrivée à Aguessac à 13h54.
2° Au retour, départ d’Aguessac à 23 heures 30, arrivée à Millau à 23h39.
Le Comité décline toute responsabilité au sujet des accidents ou incidents qui pourraient se produire. – Les habitants sont priés de pavoiser leurs maisons. Le meilleur accueil sera réservé aux étrangers. Le Comité.
(L’indépendant Millavois, 9 août 1913)
D’après Louis Valès (1923-2019) qui tenait les souvenirs de cette époque de ses parents, cette fête avait un grand succès, tous les Millavois y venaient et portaient leur casse-croûte et mangeaient au bord du Tarn.
Marc Parguel