Opinion

A propos de la « révolution piétonne » à Millau

Mobilité douce, une expression qui d’un point de vue lexical n’a pas grand sens, mais qui est, disons-le, à la mode. A ce titre, la municipalité de Millau a décidé une expérimentation qui consiste à interdire à la fois le stationnement et la circulation sur un certain nombre de voies du centre-ville. Si globalement l’initiative peut être comprise, elle a aussi son revers.

Il apparait que l’interdiction d’accéder avec un véhicule automobile place de la Capelle est une erreur. Nous sommes en période estivale et le commerce millavois attend chaque année ce moment pour pouvoir augmenter son chiffre d’affaires et donc ses résultats. Il faut prendre en compte que la population touristique est, pour au moins 80 %, installée sur les divers campings qui se situent tous rive gauche du Tarn et rive droite de la Dourbie. L’accès au centre-ville, aux animations et spectacles et aux magasins, se fait donc impérativement par le pont de Cureplat et l’avenue Gambetta.

Cette avenue a été équipée de deux chicanes en raison d’une vitesse limitée à 30 km/h, qui dans le cas d’une circulation à double sens entraînent des difficultés puisqu’aucune priorité n’accompagne ce dispositif. Pour paraphraser le Président Pompidou, il faudrait cesser « d’emmerder » les automobilistes.

Mais là n’est pas l’essentiel de mon propos. Cette clientèle touristique fondamentale pour les activités commerciales du centre-ville, arrive place de la Capelle pour être détournée rue de la Fraternité dont on ne peut pas dire qu’elle est la plus accueillante et la plus esthétique de la cité. Il ne reste plus à ces visiteurs qu’à rejoindre par cette voie les grandes surfaces de l’avenue Jean Jaurès, de l’avenue Martel et enfin du Cap du Crès où ils trouveront stationnement facile et gratuit. Il y a là une erreur d’appréciation manifeste et il me semble qu’il ne faut pas attendre la fin de la saison pour corriger ce dispositif.

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Certains pourront argumenter en soulignant l’existence, à partir de l’avenue Gambetta, du parking souterrain de La Capelle. On peut en effet imaginer que les touristes qui veulent aller en centre-ville utiliseront cette option, mais il faudrait pour cela que la signalisation soit beaucoup plus importante et visible qu’elle ne l’est actuellement. Vendredi, jour de marché, il y avait beaucoup de places disponibles et les véhicules portant une immatriculation extérieure n’étaient pas les plus nombreux.

Pour compléter ce point de vue sur les nouvelles « mobilités douces », j’ai constaté que le fameux logo nouveau de la Municipalité à 3.000 €, qui devait, au vu des protestations, et pour corriger la bévue, être à usage interne, s’était depuis, répandu insidieusement sur les nouveaux panneaux de signalisation urbains. Alors, pourquoi ne pas faire cohabiter, de façon mitterrandienne en quelque sorte, le « M » nouveau et le blason historique dans d’égales proportions pour que l’Histoire ne soit pas oubliée, car les peuples sans Histoire, c’est-à-dire sans racines, sont sans avenir.

Me Jean-Louis Esperce

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