Patrimoine millavois

Patrimoine Millavois : La rue Eustache

La rue Eustache s’ouvre sur le Boulevard de Bonald et rejoint la rue des Fasquets. D’une longueur de 55 mètres sur une largeur de 2 mètres, c’est une des rues étroites (voie publique n°57) qui reste du vieux Millau.

Dans les anciens documents, elle figure sous le nom de Saint-Eustache ou Eustache. Elle tire son nom de l’ancienne famille qui y habitait : Eustache, connu sous le nom d’Oustassy.

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Ce nom de famille vient du général romain de Trajan, Placidus de son vrai nom, né â Mâcon (IIIe siècle) qui s’est converti au christianisme au cours d’une partie de chasse, prenant le nom d’Eustache, à la vue d’un cerf qu’il poursuivait avec une croix lumineuse entre les cornes. Il serait mort enfermé dans un chaudron de métal chauffé à blanc.

Ce nom d’Eustache se perpétua jusqu’à devenir un nom de famille comme nous le rappellerait si besoin, Léon Roux (1858-1935) lorsqu’il évoquait les vieux noms de rues : « Ces noms rappellent ou rappelaient les anciennes familles qui, aux lointains siècles passés, habitaient ces voies tortueuses dont nul voyer n’avait donné l’alignement et dont les maisons étaient construites au gré des propriétaires, sur les bords des sentiers tracés, eux aussi, au gré des sabots des passants. Tels sont les noms des rues des Fasquets, d’En Grailhe, Eustache, des Gozons, Guilhem Estève, d’Altayrac. Il y avait encore une rue Malborough et une rue du Commandeur. » (L’Auvergnat de Paris, 26 août 1933).

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2e rue traversière des Fasquets. DR

Elle portait aussi le nom de 2eme traversière des Fasquets en 1883. la première étant la rue Malborough (disparue lors de l’ouverture du boulevard Sadi-Carnot en 1896), et la troisième traversière étant la rue du Mouton Couronné. Jules Artières nous apprend que « ces rues traversières étaient autrefois des culs-de-sac aboutissant aux remparts ; on leur ouvrit une issue lorsque, sur les anciens fossés des fortifications, furent établis les boulevards actuels. » (Millau à travers les siècles, p.418, 1943).

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Cette rue a longtemps abrité des mégissiers et gantiers.

Elle fut le théâtre d’un incendie très important qui fut difficilement maîtrisé à cause de l’étroitesse de la rue.

Les faits se déroulèrent le soir du réveillon du 31 décembre 1848 : « Un violent incendie a éclaté, dimanche dernier, vers sept heures du soir, dans une petite maison de la rue Saint-Eustache, appartenant à un ouvrier mégissier, nommé Victor Combes. Les flammes se sont développées avec une grande intensité, la toiture s’est écroulée, et en un instant le bâtiment et ce qu’il refermait ont été réduits en cendres. Quelques meubles de peu de valeur ont pu seulement être sauvés. La maison était assurée. Il parait que le feu a pris à la suie d’une cheminée et s’est communiqué au galetas ou se trouvaient quelques fagots.

Les sapeurs-pompiers sont arrivés sur les lieux au commencement de l’incendie et ont immédiatement organisé le service des pompes. Aidés d’un grand nombre de citoyens, qui ont mis beaucoup d’empressement à former des chaînes, ils sont parvenus à concentrer le feu dans le foyer où il avait pris naissance, et à l’empêcher d’étendre ses ravages. Il est impossible de calculer l’étendue du désastre que les flammes auraient entraîné, si de prompts secours n’en avaient arrêté le progrès ; quel aliment n’auraient-elles pas trouvé dans cette rue si étroite, où les maisons sont dans un état complet de vétusté et de délabrement ?

Ce sinistre a amené un bien triste malheur. Combes et sa famille soupaient, le soir même, chez un voisin nommé Antoine Fabrègue, cantonnier. Au moment où l’incendie se déclara, Fabrègue sortit précipitamment, donna l’alarme dans le quartier et courut avertir le capitaine de la compagnie de sapeurs-pompiers, de laquelle il faisait lui-même partie. Cet évènement lui avait causé une émotion si forte, qu’à son retour, ce malheureux tomba frappé d’une attaque d’apoplexie, à la suite de laquelle il a succombé jeudi 4 janvier » (L’Echo de la Dourbie, 6 janvier 1849).

Marc Parguel

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