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Le député de l’Aveyron contre le calcul du Nutri-Score sur les produit issus d’IGP et d’AOP

Au mois de février dernier, Arnaud Viala, député de l’Aveyron interpellait le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation sur les dangers de la classification des produits labélisés AOP ou d’IGP.

La semaine dernière Arnaud Viala a rédigé une proposition de loi visant à retirer l’apposition de l’indice nutri score pour les produits issus des AOP et des IGP notamment les fromages.

« L’affichage du “Nutri-Score” prend la forme d’une échelle graphique classant en cinq catégories les produits alimentaires, en fonction de leurs qualités nutritionnelles. La quasi-totalité des AOP souffre de cette classification alors même qu’elles obéissent à des critères de fabrication très stricts.

Ainsi, ces produits symboles de la gastronomie française se voient injustement pénalisés au détriment d’autres produits “plus respectueux” en apparence en matière de nutriments alimentaires, mais dont la fabrication reste douteuse.

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Nous devons nous mobiliser afin de préserver notre patrimoine gastronomique et éviter que nos producteurs soient stigmatisés par une norme européenne alors qu’ils effectuent un travail remarquable au quotidien.

L’attribution d’une note vise en définitive à orienter le consommateur dans le choix de son aliment en fonction des teneurs nutritionnelles sans prendre en compte la qualité intrinsèque du produit en question. Le Nutri-Score classe ainsi 90 % des fromages en catégories D et E, signe d’une mauvaise composition, dangereuse pour la santé. Les fromages de brebis AOP souffrent de cette classification en raison de leur teneur en sel ou en matière grasse, alors même qu’ils obéissent à des critères de fabrication très stricts. Pourtant, une appellation d’origine protégée (AOP) qualifie un produit dont les principales étapes de production sont réalisées selon un savoir-faire reconnu dans une même aire géographique, qui donne ses caractéristiques. C’est un signe européen qui protège le nom du produit dans toute l’Union européenne et qui désigne des produits issus de une fabrication extrêmement encadrée.

Le Roquefort est ainsi le symbole de tout un territoire, l’Aveyron, et le fruit d’une histoire de plusieurs siècles. Il est le premier produit à avoir bénéficié d’une appellation d’origine en 1925.

Pourtant, le Nutri-Score dans sa définition actuelle ne prend pas en compte la « naturalité » du fromage et stigmatise ainsi un produit simple et peu transformé, fabriqué à partir de lait et de sel pour sa conservation.

De plus, le calcul du Nutri-Score est réalisé en se basant sur une portion de 100 grammes de produit, quel que soit le produit en question. Or, la portion moyenne de fromage consommée par les Français est de 38,5 g/j. Par conséquent, pour ce type de produit, la classification ne tient pas compte des quantités consommées réellement par les individus, mais repose sur un calcul qui vise à faire ressortir un taux élevé de matière grasse pour certains aliments. À travers cette classification, de nombreux savoir-faire et de nombreux terroirs sont en danger, alors que la fabrication des produits alimentaires en question est soumise à de nombreux contrôles et résulte d’une transmission intergénérationnelle […] »

Dans une réponse publiée au Journal Officiel le 15 juin, le ministre explique :

« Comme tous les produits classés D ou E avec le Nutri-score, les fromages peuvent parfaitement être consommés dans le cadre d’une alimentation équilibrée. Informer les consommateurs sur la réalité de la qualité nutritionnelle de ces aliments n’exclut pas de les consommer mais en quantités et/ou fréquences conformes aux recommandations nutritionnelles du programme national nutrition santé.

Des évolutions du mode de calcul du Nutri-score sont néanmoins possibles. Une gouvernance a été mise en place entre les sept pays engagés et aura pour mission d’évaluer la pertinence scientifique des propositions d’évolution du mode de calcul du Nutri-score.

La France soutiendra les évolutions dans ce cadre. La Commission européenne prévoit par ailleurs, dans sa stratégie « de la ferme à l’assiette », publiée en mai 2020, une proposition législative d’étiquetage nutritionnel en face avant, harmonisé et obligatoire, pour le 4e trimestre 2022. Dans ce cadre, le Gouvernement souhaite que le Nutri-score soit le dispositif retenu. Enfin consciente que le système doit prendre en compte des spécificités liées aux produits comme les fromages, la France portera des propositions dans un cadre européen afin que l’algorithme du Nutri-score et les critères utilisés tiennent compte de ces spécificités ».

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