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Millau. L’occupation du théâtre continuera

Le 15 mars dernier, un collectif occupait le Théâtre de la Maison du Peuple de Millau dans le sillage d’une vague nationale sans précédent impulsée par le Théâtre de l’Odéon. Après 62 jours de siège et malgré l’annonce gouvernementale de la réouverture des lieux culturels le 19 mai prochain, le mouvement ne s’arrêta pas.

Une lutte pour tous les précaires

Si à l’origine, le mouvement est parti des lieux de culture notamment pour défendre la culture, ses acteurs et les droits sociaux des intermittents, il porte aussi depuis sa naissance la voix de l’ensemble des intermittents et des travailleurs précaires.

On a l’impression que les gens découvrent qu’on ne se bat pas que pour la réouverture des lieux de culture ! On se bat pour tous les précaires ! »

Pour cela, depuis plus de deux mois, les occupants du théâtre sont à l’origine de nombreuses actions culturelles et sociales pour informer, alerter et défendre les droits sociaux : Agoras citoyennes, rencontres avec les politiques locaux, assemblées générales quotidiennes, rassemblements, spectacles de rue…

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Autant d’initiatives engagées pour mettre en lumière « l’impact de la crise sanitaire et sa mauvaise gestion » sur les plus précaires et revendiquer le retrait de la réforme de l’assurance chômage, le rattachement des droits sociaux à la personne et le prolongement d’un an de l’année blanche.

Benoit Sanchez Matéo, l’un des porte-paroles du mouvement explique qu’ils ne « sont pas là pour se tirer une balle dans le pied, mais qu’ils ne se satisferont pas de mesurettes comme le prolongement de l’année blanche seulement jusqu’au mois de décembre ».

Nous luttons sur un volet social global, c’est un sparadrap sur une hémorragie, un problème de volonté politique »

Le collectif espère beaucoup d’un recours prochainement engagé par quatre organisations syndicales pour demander l’annulation de la réforme de l’assurance chômage. Celle-ci, dénoncée par tous, est jugée par Alain Bellebouche comme « une usine à gaz dans laquelle on n’arrive absolument pas à se retrouver. On hésite entre pleurer ou hurler », lance-t-il.

© DR

 

« Habité, mais pas bloqué »

S’ils occupent le théâtre et continueront de le faire, ils assurent ne pas avoir l’intention « de bloquer le théâtre », mais parlent plutôt d’une « cohabitation qui se passe bien avec le personnel du théâtre municipal et espèrent avec la réouverture du lieu atteindre un public plus large ».

L’occupation des lieux de culture jugée incompatible avec leur réouverture par certains acteurs politiques et même culturels ailleurs sur le territoire, est pour l’heure, plutôt bien acceptée localement et tolérée par l’ensemble des décideurs locaux. Il reste à savoir si ce sera toujours le cas après la réouverture du lieux prévu dans quelques jours.

Encore dans l’action

Même si d’autres actions sont envisagées pendant l’été, ce qui a été mis en place sera pérennisé : pendant quelque temps, les six assemblées hebdomadaires seront reconduites et une agora est envisagée tous les 15 jours.

Certains rejoindront le mouvement national du 22 mai prochain, mais tous continueront de lutter pour cette large cause qui concernerait 10 millions de personnes. Le collectifs des occupants du théâtre compte bien « continuer à peser dans le débat social ».

« Dix millions de personnes sont sur la voix de la misère, nous ne sommes pas là parce que nous sommes des militants professionnels, nous sommes tes travailleurs impactés par la non-action du gouvernement. C’est maintenant qu’on va porter ces revendications qui sont là depuis le début et qui n’ont pas été entendues. »

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