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10 km autour de La Couvertoirade : de quoi y passer une vie entière

Puisqu’il en est ainsi, que nous n’avons pas le choix et qu’il est impensable qu’un virus nous gâche la vie, nous allons prendre notre mal en patience et regarder un peu mieux autour de nous ce qui vit, caché là, sous nos yeux à 10 km à la ronde. Entrez dans la danse et chaussez vos ballerines, nous n’irons pas bien loin en suivant un petit chemin de sable qui serpente entre Toulousette et Cantagret, direction le Castel des Infruts.

Au passage nous laisserons quelques vestiges de l’ancienne voie romaine qui traversait tout le Larzac de Segodunum (capitale des Ruthènes) à Cessero (actuellement St Thibéry). L’œil exercé repérera l’antique chaussée qui apparaît en relief au-dessus du sol naturel. Sur cette voie gallo-romaine, le même œil exercé (sûrement un archéologue borgne) signale les traces de la voie médiévale dite Voie Roumive.

Aux abords Des Infruts, ces deux voies se superposent de façon très précise prouvant ainsi que nous avons là un point de passage permanent. Il n’est alors guère étonnant qu’au Moyen âge, alors que les moines et les seigneurs tentent d’organiser le territoire et se partager les ressources, on crée un poste de contrôle ayant pour but de prélever un droit de passage sur les marchandises transportées : le Castel des Infruts.

La plus ancienne mention des Infruts date de la seconde moitié de XIe siècle. Un document indique que le seigneur Frotard de Cornus donne à l’abbaye de Conques le village des Enfrunos situé sur la paroisse de Saint Martin de Canals. A cette période, le hameau ne rapporte que « huit porcs, quatre muids d’avoine, neuf poules, un jambon et deux fromages par cabane de brebis laitières ».

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Tout change radicalement lorsque le comte de Rodez s’empare du lieu et comprend sa dimension géographique stratégique. Il fait alors fortifier un promontoire naturel et y installe ses agents fiscaux. Après moult et âpres négociations avec ses puissants voisins templiers puis hospitaliers, il conserve le contrôle exclusif de l’estrade, ce droit de prélever un péage sur les hommes et les marchandises.

Source de revenus exceptionnelle pendant près de 200 ans, le Castel des Infruts devint ensuite une place forte aux ordres de la maison d’Armagnac sous le nom des Usufruitz (enfruch en occitan signifiant fuits, revenus) puis fut abandonné, car difficile à défendre.

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Aujourd’hui, il reste les fondations taillées dans la roche même et les vestiges d’un petit mur qui s’accroche et défie le temps. L’œil exercé de notre archéologue borgne retrouve les traces de découpe pour créer les ouvertures et constate que le travail du carrier fût plus important que celui du maçon. Mais lorsque l’on passe sur l’ancienne Nationale 9 on devine à peine cet amas fortifié semblable aux rochers qui l’entourent. Noyé dans les broussailles de noisetiers, le Castel des Infruts repose en paix.

Et pourtant, les légions de César, les moines soldats, les bandes des Armagnacs et autres fameux Routiers issus de la guerre de 100 ans y sont passés et aujourd’hui encore l’écho de leurs clameurs résonne au fond du vallon. Ecoutez. Vous entendez ? Mais ce sont des cris ou des rires, ces éclats de voix que l’on perçoit à la belle saison? Du côté de l’Accro Roc des Infruts, cela ressemble plus à des rires lorsque les visiteurs d’un jour se lancent d’une Tyrolienne à une autre.

Dès que la saison des plus de 10 kilomètres sera ouverte, n’hésitez pas, venez vous confronter à la mémoire intense des rochers qui ont tant à nous dire pour peu que l’on sache les écouter.

A bientôt.

Via
Solveig Letort
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