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Variations autour de La Couvertoirade : Ce n’est qu’un détail, mais… tout est dans le symbole

Et voici que le soleil se fait un peu plus doux et que les premières anémones pulsatiles montrent leur nez brodé d’or sur leur robe tendrement violette. Le printemps s’invite et c’est une fête. Prenons l’air, mais sans s’éloigner trop de la Cité qui a tant de choses à nous dire encore. Se promener au cœur des remparts de la Couvertoirade c’est entrer en contact avec une période historique d’une extraordinaire densité, l’époque médiévale et, plus précisément, le bas moyen âge.

Entre le XIIe siècle, date de l’installation des templiers sur le Larzac et le XVe siècle qui vît s’élever les remparts hospitaliers, on atteint des sommets dans l’art d’aimer, l’art d’écrire, de chanter, de colporter et de joindre le visible à l’invisible par la grâce des poètes, troubadours, mystiques et bâtisseurs qui jouent avec les symboles comme on joue à la marelle : de la terre au ciel.

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A l’époque médiévale, peu nombreux sont ceux qui maitrisent la lecture. L’art médiéval est là pour permettre aux illettrés de découvrir dans la pierre ce que les livres auraient pu leur apprendre. Il est le « miroir des pauvres », mais également des pèlerins, des maitres bâtisseurs, des docteurs, des bergers… il est l’enseignement pour tous cher à Jules Ferry (oh le bel anachronisme). Bien souvent, la transmission des savoirs se fait par la parole ou l’écriture. Quand les mots deviennent compliqués à transmettre alors on va utiliser des « images » ou des emblèmes qui seront plus immédiatement accessibles à l’esprit. Il en va ainsi des croix, des formes géométriques, des nombres. C’est pour cela que l’art médiéval va utiliser le langage symbolique dans toutes ses créations.

Le mot « symbole » vient du grec ancien « sumbolon » qui signifie « jeter avec » c’est-à-dire mettre ensemble, comparer, représenter. Dans la Grèce antique, un symbolon était un objet cassé en deux morceaux que l’on se partageait pour engager un contrat. Au terme du contrat, il suffisait de réunir les deux morceaux en signe de reconnaissance. Ainsi le symbole offre une synthèse, il présente une connaissance, un langage et établit une relation. Quand il s’exprime dans la pierre alors il se fait langage silencieux, indétournable, dépouillé et fidèle à la volonté du graveur.

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Ah ! Si les pierres pouvaient parler, ou plus exactement, si nous savions encore les écouter. Il suffit pourtant de se promener dans les ruelles de La Couvertoirade, caresser du regard les murs écorchés du château, longer les remparts vers le don de l’eau ou s’abîmer dans la contemplation d’une chantepleure pour rencontrer les hommes et femmes qui vécurent ici au bas moyen âge. Alors, peu à peu, ils ne sont plus pour nous des étrangers. Nous découvrons la qualité de leur existence, leurs goûts, leurs menus plaisirs, leurs craintes et leurs sens de l’adaptation à l’environnement. Nous pouvons même leur sourire comme à des amis dont nous connaissons les plus intimes secrets.

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Les temps modernes ont peu à peu recouvert de bruits et de fureur le langage des signes. Nous collectionnons les clefs sans savoir ouvrir les portes et jouons avec les concepts, les mots, sans toujours en connaître la valeur. Pourtant, les symboles sont autant de coups frappés à la porte de nos esprits par des mains pleines de trésors. Il suffit de leur prêter un peu d’attention pour que s’ouvre devant nous un monde de toute beauté.

L’essentiel reste sans doute de savoir qu’ils sont là, autour de nous, attendant patiemment d’être enfin reconnus. Ils nous montrent le chemin, mais c’est à nous de marcher.

Portez-vous bien. Restons attentifs à ce qui nous entoure et ne baissons jamais les yeux devant la beauté du monde. Au plaisir de vous croiser bientôt sur les remparts de La Couvertoirade.

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Solveig Letort
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