Patrimoine millavois

Patrimoine Millavois : L’horloge du Beffroi

Le Beffroi. Sans lui, Millau ne serait plus Millau. C’est un peu, comme dirait Pierre Douzou « notre Tour Eiffel ». Haute stature dépouillée aux lignes franches, volumes puissants soulignés par le contraste avec la grêle tourelle qui le flanque, et qui lui donne la silhouette d’un soldat l’arme au pied, ou du berger au long bâton, il émerge, vigilant, du moutonnement anonyme des toits, blottis pêle-mêle à ses pieds.

Si Léon Roux (1858-1935) était parmi nous, il nous dirait : « Le Beffroi, orgueil des Millavois, lui aussi a changé de nom. Lorsque ce n’était qu’une tour carrée, elle s’appelait Tour Pellegry ; au début du XVIIe siècle, elle servit de base à une tour octogonale, et l’an II (1794), lorsque la « Commune » vint s’installer à côté, maison de Tauriac, la tour devint lou clouquié dé la Coumuno et sa grosse cloche se faisait entendre pour annoncer les évènements heureux et sonner l’alarme. Et lou clouquié de lo Coumuno est devenu le Beffroi. C’est plus romantique. » (Millau hier et aujourd’hui, l’Auvergnat de Paris, 7 juillet 1934).

Millau fut, durant les guerres de religion des XVIe et XVIIe siècles, une place forte du calvinisme. Les heurts entre catholiques et protestants furent sévères et les symboles du catholicisme mis à mal.

Parmi les principaux édifices pillés et détruits, l’église Notre-Dame-de-l’Espinasse n’a pas échappé aux fureurs des calvinistes en 1582. Toutefois, on s’était bien alors gardé de toucher à son clocher qui faisait d’elle, l’édifice le plus élevé de la ville, c’est elle qui abritait l’horloge et le bourdon communal, tout en servant de tour de guet.

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On y entretenait, dans les périodes d’insécurité, une garde, assurée à tour de rôle par quatre hommes qui devaient signaler toute approche des troupes en déployant, dans la direction d’où elles arrivaient, un signal, différent selon qu’il s’agissait des gens à pied ou à cheval. Pour empêcher les veilleurs de s’endormir, on les obligeait à sonner eux-mêmes le second coup de chaque heure (Décision du conseil de ville du 8 novembre 1567).

Malheureusement, privé de ses murs de soutènement, le clocher s’effondra le 1er juin 1613.

Par chance, la grosse cloche communale ne s’était pas brisée dans la chute et l’on put, sans tarder, la placer sur la maison commune, dans un clocher ou beffroi, agrandi spécialement pour elle (Archives de Millau, BB4, CC107).

Obligation fut faite aux consuls d’élever dans les plus brefs délais, une autre tour de remplacement, une tour assez haute pour surveiller tous les alentours.

Aussi, lorsque la demoiselle Marguerite de Montcalm, veuve de noble Jean de Pelegry, seigneur de la Roque, offrit aux consuls de leur vendre la vieille tour carrée qui faisait partie de sa demeure millavoise, les choses ne traînèrent pas et la ville acheta « la tour Pellegry » le 8 août 1613 pour la somme de 4000 livres (Pierre-Edmond-Vivier, le Beffroi, ce méconnu, conférence du 10 décembre 1987).

La délibération consulaire décide de l’acquisition de la tour « afin d’avoir un clocher pour mettre la cloche et l’horloge, pour le contentement des habitants, afin que l’on pût savoir et entendre les heures pour s’acheminer au Temple, tant le matin que le soir et autres choses nécessaires. » (Archives de Millau, BB 4, folio 124)

Dès le 23 octobre 1613, un premier bail est signé avec deux maîtres maçons de la paroisse du Vigan, pour la construction d’une tour carrée de six mètres environ. Après plusieurs élévations successives, les travaux de maçonnerie s’achèvent à la fin de l’année 1614. Les consuls souhaitent alors couronner la tour d’une belle flèche, celle-ci sera terminée en 1616. Le Beffroi mesurait alors 52 mètres.

Le Beffroi au XVIIIe siècle, extrait d’un tableau du château de Sambucy. (DR)

Entre-temps, on s’était aussi occupé de l’horloge. Celle du clocher de Notre-Dame s’étant endommagé dans l’écroulement de l’édifice, on conclut le 21 janvier 1614, un prix fait pour la réparation, au prix de 140 livres, avec un nommé Aymable Marie, « horlogeur » de Rodez. Celui-ci s’engageait notamment « à confectionner une monstre (c’est-à-dire un cadran) avec des chiffres romains de cuivre pour connaître les heures et demi-heure sans néanmoins faire aucune peinture à ladite « monstre », disant cela n’être de son art » (Archives de Millau, BB4, folio 126).

Au 17 mai suivant, le travail terminé, on achevait de payer l’horloger, ainsi qu’un menuisier millavois Jean Fonzes, qui avait construit dans la tour, un logement de bois pour l’horloge.

L’entretien des horloges (il y en avait une autre à la Maison consulaire), leur graissage à l’huile d’olive (Archives de Millau, 1 D 26), la remontée régulière des contrepoids, étaient confiés de toute ancienneté, à un petit employé à gages, qui logeait dans la tour (D’après Pierre-Edmond-Vivier, le Beffroi, ce méconnu, conférence du 10 décembre 1987).

L’incendie du Beffroi (1811)

Laissons la parole à Jean Legros qui évoque cet édifice dans un article publié en 1862 : « Il y a plus de cinquante ans, sur cette construction carrée que l’on appelait au moyen-âge un cavalier, l’on voyait se dresser fière et gracieuse une tour ronde d’une architecture régulière, surmontée d’une flèche très aigüe, que couronnait une girouette très saillante. Le peuple appelait dans son langage cet édifice Lou Clouquié dé la prisou. Cette girouette attirait souvent l’attention des flaneurs et était consultée par eux toutes les fois qu’ils voulaient se fixer sur le vent qui régnait…Un jour d’orage, la girouette (celle du clocher) ayant voulu tourner outre mesure attira le feu du Ciel. Le tonnerre en tombant la brisa en mille pièces, incendia la flèche et lézarda le clocher. »

C’était le 29 juillet 1811. Voici les faits rappelés par le maire de l’époque Dalbis : « Vers les onze heures du matin, un orage s’est élevé du côté du couchant, et comme, pendant trois jours consécutifs, la commune en avait été menacée, nous espérions qu’il se dissiperait sans fondre sur la ville. Cependant le vent l’y ayant porté, après quelques petits coups de tonnerre, la foudre est tombée sur l’extrémité supérieure de la tour des prisons attenantes à la Maison commune, et à l’instant une pluie des plus fortes, mêlée de quelques grains de grêle, est tombée ; et environ un quart d’heure après, il s’est manifesté un peu de feu en haut de la flèche. Aussitôt, la gendarmerie a été mandée, ainsi que tous les maçons, couvreurs et charpentiers, les habitants ont été appelés au son du tocsin. Chacun s’est rendu à son poste et pendant plus d’une heure, on a espéré maîtriser le feu et pouvoir garantir tout l’intérieur de la tour, en pierre de taille et extrêmement élevée, qui était remplie de charpente, et vers le haut de laquelle se trouvait une grosse cloche. Malgré les torrents de pluie qui tombaient et l’activité des ouvriers, le feu a continué à gagner. Les tuiles, les planches, les poutres enflammées qui ne cessaient de tomber ont forcé les personnes qui étaient dans l’intérieur d’en sortir et de se livrer aux flammes… La cloche, par sa chute, a enfoncé une première voûte, mais la seconde, beaucoup plus forte, a résisté… Vers le neuf heures du soir, une grande partie des gouttières saillantes en dehors de la tour est tombée avec fracas et a couvert de feu principalement le toit des prisons, ce qui nous a fait craindre pour ce bâtiment. Nous avons fait battre la générale ; une chaîne de citoyens s’étant établie, on a inondé d’eau cette partie et nos craintes ont bientôt cessé. » (Verbal d’incendie de la tour des prisons, Archives de Millau, 2 D 36).

Le Beffroi vue de l’entrée de la rue de l’Ancienne tour en 1838. (DR)

La reconstruction

Après cette catastrophe, il fallait reconstruire. Comme on avait besoin des bâtiments sinistrés, tant pour l’horloge et le bourdon communal que pour les prisons, on s’occupa sans tarder de réparer le désastre ; dès le 11 août le sous-préfet transmettait au préfet le rapport de travaux à effectuer, et dès le 27 de ce même mois d’août, le ministre de l’Intérieur, Montalivet, autorisait l’exécution en régie, vu l’urgence » (Archives départementales de l’Aveyron, liasse 57 N 2-1).

Oui, mais voilà, la municipalité avait les caisses vides, on installa des échafaudages au printemps 1812, et quand l’ingénieur Faure monta au sommet de la tour, il fut sidéré par l’ampleur des dépenses à consacrer à cet édifice à ciel ouvert dans lequel la pluie tombait directement sur les voûtes de la prison. Le ministre de l’Intérieur Montalivet accorda les aides nécessaires.

Au 1er septembre 1812, on avait refait la toiture de la maison d’arrêt, reconstruit la voûte de la deuxième criminelle (second étage de la Tour carrée) et son plancher, réparée le couronnement de la tour octogonale.
La réalisation la plus notable fut l’érection de « la petite tour pour monter en haut de la grande », en tuf.

111 marches de la vis pour arriver au sommet desservant deux planchers avant la plate-forme terminale. Le premier portera le mécanisme de l’horloge communale. A l’étage au-dessus est suspendue la cloche tocsin communale.

Mais on dû vite déchanter pour la suite, les travaux furent interrompus faute de crédit le 9 février 1813 et le Beffroi ne retrouvera jamais sa flèche bien qu’on tenta de la poser en juillet 1816. Il n’en reste que les assises posées par l’ingénieur Faure. On recouvrit la tour au moyen d’un comble à huit versants, recouverts d’ardoises de Saint-Jean-du-Bruel et les travaux furent terminés en novembre 1816, cinq ans après l’incendie.

Cependant, dès l’été 1813, on s’était préoccupée de redonner de la voix au Beffroi, en faisant réparer l’horloge et refondre la cloche. Le 1er juillet de cette année-là, les travaux furent adjugés au rabais, pour la somme de 1300 francs, à Jean-Baptiste Decharme, fondeur de Breuvanne (Haute-Marne) qui s’adjoignit comme caution un fondeur de Rodez, Pierre-Dominique Lacombe. (Archives de Millau, 4 M 1 bis).

Vue aérienne (1958) (DR)

Nous faisons appel à la plume de Jean Legros (1807-1892) pour connaître la suite (je me suis permis d’y ajouter quelques notes)  :

« Les échafaudages de la nouvelle construction enlevés, le public se porta en foule dans la grande rue pour voir l’effet qu’elle produisait.

Les uns louaient, les autres critiquaient. Dans un groupe qui s’était réfugié sous l’auvent de la maison Huc, un monsieur vêtu de noir gesticulait et parlait haut :

– Cet édifice disait-il, est un des plus beaux de notre ville : non seulement c’est un monument très apparent, mais encore il appartient en entier à notre localité.

– Que voulez-vous dire ?

– Je veux dire que l’idée de mettre une tour octogone à toit plat là où était un clocher rond à flèche aigüe a été conçue par M. le Maire, approuvée par ses adjoints et par le conseil municipal, que le plan a été fait par un architecte né à Millau, et le travail exécuté par un maître maçon également de notre ville, j’ai donc raison de dire que cette construction est un produit entièrement indigène.

– Vous avez raison, monsieur le Magister, ajouta le loustic qui était venu se mêler au groupe ; si j’étais Maire de Millau, je sais bien ce que je ferais.

– Que feriez-vous ?

– Pour que personne ne pût supposer que cette tour a été envoyée de Paris, de Londres ou d’ailleurs, je ferais écrire dessus en gros caractères : « Ce clocher a été fait ici ». Le groupe se dispersa en riant ; le maître d’école seul ne riait point, il se pinçait les lèvres. La maçonnerie et la toiture de la nouvelle tour terminées, il fallut s’occuper de meubler l’intérieur.

L’on fit fondre la vieille cloche qui s’était brisée en tombant (juillet 1813) et on en fit un tocsin. L’on fit venir de Paris ou de Besançon une horloge digne de la tour. L’horloger qui en fit la vente ayant offert de venir la placer moyennant une somme en sus, M. le Maire réunit le conseil municipal pour le consulter sur cette dépense. Le conseil décida que la somme demandée était trop forte et que le sieur B…, serrurier était capable de mettre en place la nouvelle horloge, vu qu’il faisait parfaitement les tournebroches.

Dès que l’horloge arriva à la fin de l’été 1813, le sieur B. se mit à l’œuvre et, au bout de huit jours, elle fut montée et placée. Elle fonctionnait très bien depuis cinq jours, lorsque M. le Maire Dalbis ayant eu l’occasion de rencontrer le sieur B., dans l’escalier de la Mairie (qui voisinait à cette époque le Beffroi) lui en fit son compliment.

– L’horloge va bien et vous l’avez eu bientôt montée, lui dit-il ?

– Oui, M. le Maire, elle va très bien, et cependant j’ai fait une économie.

– C’est vrai, la commune a fait dans cette circonstance une économie ; en vous payant assez bien, elle ne dépensera pas autant que si elle avait fait venir un horloger parisien.

– Ce n’est pas de cette économie que je parle.

– De quelle économie parlez-vous donc ?

– J’ai économisé moi-même deux roues.

– Je ne vous comprends point.

– En montant l’horloge, j’ai trouvé deux roues dont je n’ai pas pu découvrir la place, je les ai alors placées dans un coin, elles serviront de roues de rechange.

– Y pensez-vous B…toutes les roues qu’on vous a envoyées doivent être employées pour que l’horloge aille bien ; sans cela elle ne pourra pas fonctionner.

– Soyez tranquille, M. le Maire, elle marchera, car je suis homme à la faire marcher…

– J’en doute B… »

Une horloge déréglée

Les doutes de M. le maire Dalbis devinrent bientôt des certitudes. B…avait à peine franchi le seuil de la porte, que l’horloge sonna midi. Après avoir sonné 12 heures, elle en sonna 13, 14, 15, 20, 40, etc. elle sonna, sonna tellement, que toute la population de la ville fut mise en émoi croyant entendre le tocsin.

(DR)

Que se passe-t-il d’extraordinaire, se demandait-on, en s’abordant… Le peuple se porte en foule en face de la Mairie et veut savoir pourquoi on sonne le tocsin.

M. le Maire met la tête à la fenêtre, et pour le calmer, il lui crie :

– Rassurez-vous mes amis, ce n’est rien, c’est cet imbécile de B… qui n’a pas su monter l’horloge.
Que faisait-il le malheureux B…pendant que le peuple s’ameutait, armé de ses grands ciseaux, il montait de quatre en quatre les degrés du Beffroi.

Arrivé sous la cloche, il invoque le grand Saint-Eloi et coupe le fil d’archal qui tenait le marteau, seul moyen de rendre la cloche muette.

Les paroles de M. le Maire, et la cessation du ton… ton… ton… de la cloche calma l’agitation de la foule qui se retira en grommelant.

En novembre 1813, le maire Dalbis fit appeler B… dans son cabinet, et prenant son air le plus sévère, il lui dit :

– Vous en faites de belles, M. le serrurier, apprenez que chacun ne doit faire que ce qu’il connaît et, pour vous punir de l’émotion que vous avez donnée à mes administrés, je vous condamne à sonner vous-même les heures jusqu’à ce que l’horloge puisse le faire toute seule.

– J’obéirai, M. le Maire.

B… alla aussitôt s’installer dans la tour armée de son marteau ; toutes les demi-heures, il frappait sur la cloche l’heure indiquée sur sa montre, et il le faisait avec tant de précision, que le public ne se doutait nullement que c’était un être vivant qui faisait aller le marteau. Pendant l’intervalle, il cherchait la place des deux roues, mais inutilement.

Il passa ainsi un mois, seul dans son clocher comme Quasimodo dans les tours de Notre-Dame, n’ayant aucune distraction que le bruit des cloches.

Cette vie d’isolement commençait à devenir très fatigante pour le pauvre reclus, lorsqu’il arriva à Millau, un horloger italien qui, ne pouvant vivre de son état dans sa patrie, s’était fait chef des saltimbanques, il se nommait Fossombroni. On lui montra l’horloge, et lui aussi peina à trouver la place des deux roues inoccupées. D’Albis décida d’appeler alors Cabus (début 1814), l’illustre Millavois, qui était un inventeur et mécanicien hors pair, et à force d’observations, il trouva la place des deux roues inoccupées, et en quinze jours, l’horloge fonctionna, et sonna les heures avec précision. Inutile de dire que le serrurier tournebrocheur B. fut destitué de ses fonctions d’horloger de la commune. » (D’après Chronique, l’Echo de la Dourbie, 18 octobre 1862).

A partir de 1814, c’était le geôlier des prisons Durosoy qui devaient s’occuper de la cloche et de l’horloge. Après le transfert des prisons en 1825, près de la gare (rue de l’Arpajonie, actuelle rue Alfred Merle), on nomma un sonneur (Jean Lubac) et on profita de ce départ pour ouvrir la rue actuelle du Beffroi en démolissant un immeuble contigu à la cour.

En 1873, un nouveau bourdon communal fut placé (voir article le bourdon communal du Beffroi, millavois.com, 4 mars 2018).

Sous le bourdon communal. (DR)

La nouvelle horloge

Pendant une cinquantaine d’années, l’horloge du Beffroi sonna les heures puis avec le temps, le mécanisme usé par le poids des années, fit que, soit elle cessa de sonner, soit elle sonnait un peu toutes les heures. Aussi, les délibérations municipales à son sujet s’enchaînaient :

Conseil municipal. Séance du 14 novembre. Depuis fort longtemps, les horloges de la ville fonctionnaient très mal ; le public semblait accuser le sieur Granier, horloger, qui est chargé de les régler, de leur manque de précision à sonner les heures. Ce dernier, se sentant froissé, a écrit une lettre au conseil pour l’informer que les deux horloges de la ville, surtout celle du Beffroi, étaient dans un état tel, que bien qu’on les répare, il sera toujours impossible de les faire fonctionner. Il faudrait les remplacer par des neuves. Le Conseil, vu les grandes dépenses qu’entraînerait l’achat de nouvelles horloges, décide qu’il n’y a pas lieu pour le moment de pourvoir à leur remplacement malgré leur mauvais état. Satisfaction a été aussi donnée au sieur Granier, qu’on ne pourra plus accuser de ne pas faire son devoir. (Journal de l’Aveyron, 17 novembre 1892).

Vers 1900. (DR)

Puis sous la pression des Millavois, le conseil municipal céda.

Lors de sa séance du 7 février 1893, le conseil municipal vote l’acquisition d’une horloge devant remplacer celle du Beffroi devenue hors d’usage, le mécanisme de cette horloge doit actionner un marteau pesant 20 kilogrammes. Si l’on n’entend pas l’heure, c’est qu’on sera bien sourd (Journal de l’Aveyron, 13 février 1893).

Un mois plus tard, on décida de poser un cadran avec des chiffres romains sur la plus haute partie du Beffroi, mais peu lisible, ce projet fut abandonné.

« Depuis quelques jours, on a placé le cadran d’essai au haut de la tour Pellegri, nos lecteurs sont par là convaincus que nous n’exagérions pas quand nous leur apprenions l’idée baroque qui a surgi dans le cerveau du praxilèle millavois ; à part la petite place de l’ancien tribunal (Les Halles actuelles) et un point à bien choisir au coin de la place du Mandarous et de l’avenue de la République, le cadran n’est visible que de dessus les toits. Espérons que cet essai ne se continuera pas longtemps et qu’on se contentera d’acheter une horloge et de la placer ». (La dépêche, 17 mars 1893)

Le dernier sonneur du Beffroi fut Emile Puel, il devait y rester jusqu’en 1910, et depuis cette date, la tour demeura inhabitée.

Le Beffroi dans les années 1920 (photo de Georges Estève (1890-1975). (DR)

De tout temps, le bourdon communal du Beffroi mêla sa grosse voix à la vie de la cité. Au XXe siècle encore, avec l’électrification de l’horloge, il sonnait l’angélus quotidien qui servait de signal pour l’entrée et la sortie des ateliers, il accompagnait les fêtes et réjouissances publiques, comme le 14 juillet, où l’Armistice de 1918 et la libération de 1944. Il faisait encore entendre le tocsin, en cas d’incendie, remplacé en 1935, par une sirène. Il y a encore une vingtaine d’années, la sirène annonçait midi.

Marc Parguel

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