[dropcap]L[/dropcap]es assistants d’éducation (AED) du collège Marcel-Aymard sont en grève ce jeudi 25 mars, ce qui entraine une série de perturbations toute la journée dans l’établissement millavois : fermeture des bureaux de vie scolaire (pas d’appel relatif aux absences, pas de standard téléphonique au service vie scolaire, pas de vérification des carnets de correspondance concernant les sorties), suspension des études de 17h à 18h, fermeture de l’internat mercredi soir, annulation du service de demi-pension ce jeudi midi…
En effet, depuis tôt ce matin, les 16 AED du collège, rejoints par certains du lycée Jean-Vigo, manifestent devant l’établissement en faisant signer une pétition à destination du rectorat.
Que demandent-ils ? De meilleures conditions de travail, la possibilité de faire évoluer leur CDD en Contrat à Durée indéterminé (CDI), la création de postes supplémentaires, une augmentation de salaire, les versements des primes REP/REP+, la prime de précarité et l’annulation du forfait nuit.
« Nous faisons partie intégrante de la communauté éducative »
Il faut savoir que depuis le début du mouvement national, plus d’un millier de vies scolaires ont été en grève.
« Nous ne pouvons plus tenir et depuis un an s’est rajouté cette crise sanitaire qui nous a touchés de plein fouet, explique Chloé Galtier, AED au collège Marcel Aymard. Nous sommes en première ligne. Malgré tout, les établissements doivent rester ouverts, pour l’éducation de nos enfants. Pourtant nous ne recevons pas la reconnaissance à laquelle nous avons droit. Nous n’avons que des CDD d’un an renouvelable dans la limite de 6 ans, temps partiels, salaires misérables, absence de formations… Nous ressentons constamment une pression de non-renouvellement de nos contrats de travail. »
Les manifestants voudraient aussi mettre sur la table des négociations leur exclusion de la prime de précarité ainsi que la prime REP/REP+ (Réseaux d’éducation prioritaires) qui est une indemnité au nom de la spécificité du travail et la pénibilité des conditions.
Concernant cette dernière, tous les personnels rémunérés par l’État, dans les écoles, collèges, établissements publics perçoivent cette prime sauf les AED et les AESH (Accompagnant des élèves en situation de handicap).
« C’est une injustice flagrante, dénonce Chloé Galtier. Nous faisons partie intégrante de la communauté éducative, en contact permanent avec les élèves. Chacune de nos journées sont ponctuées par des « rushs » plus ou moins intenses, où l’on sait qu’on ne pourra pas remplir toutes les missions que l’ont est supposés effectuer malgré le soutien permanent de nos CPE… Il faut, par exemple, surveiller les récréations tout en faisant la médiation entre les élèves en conflit, soigner un élève blessé, être à l’écoute, regarder si les masques sont bien sous le menton et sur le nez quitte à le répéter des centaines de fois dans la journée tout en surveillant la cour dans son ensemble ». Soit 1.035 élèves pour le collège Marcel Aymard.
« On aime beaucoup ce que l’on fait, c’est un vrai métier »
Les manifestants réclament aussi la création d’un vrai statut pérenne passant par la reconnaissance d’un métier d’éducateur scolaire, « loin du rôle de gardien de prison et de conciergerie dans lequel on considère être trop souvent consignés, particulièrement depuis la COVID-19. »
« Un AED absent et c’est un grain de sable qui bloque toute la mécanique… Il faut du personnel ! On aime beaucoup ce que l’on fait, c’est un vrai métier et sans AED, les établissements ne fonctionnent pas », affirme Laurence Thomas, une autre AED du collège millavois.
« L’ultime étape du mépris »
« L’ultime étape du mépris » serait réservée aux AED d’Internat sous la forme du forfait nuit « qui transforme comme par magie notre temps de travail en temps de repos, un scandale ! ». « Une nuit complète (du coucher – au lever des élèves) n’est comptabilisée que pour 3 heures de travail. Le reste n’est ni rémunéré, ni comptabilisé, ni décompté de notre emploi du temps. Alors non, les jeunes ne cessent plus subitement d’avoir besoin de notre aide après 21h30. Si notre présence est obligatoire, notre salaire aussi ! », revendique Chloé Galtier au nom des AED.
Face à un gouvernement qui exigerait « toujours plus (mesures sanitaires, encadrement des élèves…) avec toujours plus de précarité et moins de moyens », les AED réclament dénoncent donc aujourd’hui « un manque de reconnaissance envers notre métier qui est pourtant primordial au fonctionnement d’un établissement scolaire ».
En milieu de matinée, les manifestants avaient déjà récolté 150 signatures. Si le mouvement de grève ne dure que jusqu’à ce jeudi soir, il n’est pas exclu que d’autres actions se mettent en place dans les semaines à venir…