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L’Hymen (commune de Millau, vallée de la Dourbie)

La ferme de l’Hymen se situe à 3,5 km à l’est de Millau dans la vallée de la Dourbie. Avec son toit polygonal couvert d’ardoise, son nom bien visible sur sa façade et ses volets et portes de couleur rouge, cette bâtisse a encore fière allure.

Le nom de l’Hymen apparaît pour la première fois en 1810 : « Catherine Malmontet est servante à la méthairie de l’Hymen (12 juin 1810), Rivié Jean domestique du domaine de l’Hymen, meurt le 3 janvier 1815 (71 ans) ».

D’où vient ce vocable de l’Hymen ?

Son origine est un petit mystère. Selon la tradition, on l’appelait L’Hymen, car la vallée de la Dourbie se rétrécit à cet endroit, et ce nom fut donné en rapport avec le corps de la femme… Son nom devait varier de manière fantaisiste.

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On écrit Lhimen en 1830, Lhimmen (1858), Bariasses (1867), L’Hymen (1872), Limen, Liment (1886), L’himen, Lhimen, et il faut en arriver en 1885 pour retrouver l’orthographe correcte « L’hymen ».

Le 25 mai 2014. © Marc Parguel

Auparavant, ce lieu s’appelait Bariasses (falaises de rochers, marnes bleues), on le voit mentionné sous ce nom dès 1726. Le domaine était alors habité par la famille Cartailhac. Ces bourgeois protestants furent, au cours des siècles, marchands, chirurgiens, médecins, avocats. Charles Carthailhac devait mourir âgé de 80 ans dans cette ferme en 1726. Antoine Salgues y était comme métayer en 1777 suivi par son fils Jean.

Un des descendants Carthailhac présida, en 1799-1800, l’administration municipale de Millau. Il était le beau-frère du futur baron Capelle. Son petit fils fut l’archéologue, préhistorien et anthropologue Émile Cartailhac (1845-1921), qui a sa rue à Toulouse, et à Millau.

Le premier locataire connu de « L’Hymen » est Barthélemy Bourles, le propriétaire la ferme étant toujours Charles Louis Cartailhac qui habitait à Millau, Boulevard de l’Ayrolle. Sur le plan cadastral de 1830, la ferme de l’Hymen, comporte une maison avec aire, un jardin, une vigne et des terres.

Le 27 février 2021. © Marc Parguel

Paul Robert succédait à Bourles comme fermier jusqu’en 1860 suivi par M.Vézinhet. Basile Vézinhet continuera la lignée en 1878. « Un des fils Vezinhet, de l’Hymen, conduisant un cheval sur le pont de Cureplats, ne put maîtriser sa bête au cours du carnaval de février 1888, qui dans un moment d’impatience lança une ruade qui atteignit à la tête un enfant de 14 ans, Bru, qui s’en tira sans trop de mal » (Journal l’Eclair, 17 février 1888).

Cette famille Vezinhet devait rester encore dans ces lieux jusqu’au début du XXe siècle comme en témoigne ce fait divers : « Il y a plus de huit jours, M.Vézinet, fermier à l’Hymen, en venant de Millau à bicyclette perdit deux billets de 100 francs.

Ces deux précieux papiers ont été retrouvés, ces jours derniers, dans un pitoyable état, par M. Henri Combes, gantier, rue Saint-Antoine qui s’est empressé de les rendre à son légitime propriétaire. Nos félicitations à cet honnête citoyen » (Indépendant Millavois, 4 novembre 1911.)

La famille Manenq devait acheter la ferme par la suite.

Le 25 mai 2014. © Marc Parguel

Evoquant sa jeunesse, Albert Jonquet aimait à se souvenir de l’Hymen et la ferme voisine de Champbrillant :

« Avant d’arriver à Massebiau, après avoir dépassé le tournant on trouvait deux petites fermes qui existent sur la gauche : L’Hymen et Chambriand qu’on aperçoit adossée au flanc de la petite colline qui surplombe cette magnifique plaine de Massebiau.

En face de l’Hymen, il y avait le restaurant du Py. Alors, passez votre langue sur vos babouines, et je vais vous donner le menu de chez le Py, à l’époque.

Pour commencer : jambon et saucisson du pays, truites qu’on allait pêcher dans une caisse qui faisait vivier dans la Dourbie, buisson d’écrevisses, omelette aux morilles ou aux oreillettes, poulet sauté ou pigeonneau sur canapé, et à la saison de la chasse, perdreau ou lièvre, vin du pays à volonté, fromages de pays appelés pérails, raisins, pêches, amandes, figues… Tout cela pour 2 francs 75.

On raconte qu’un Américain après avoir pris un repas pareil déclara : je vais appeler votre pays, le pays de Cocagne. » (La vallée de la Dourbie, l’Avenir millavois, 25 août 1951).

Face à l’Hymen, 25 mai 2014. © Marc Parguel

Marc Parguel

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