Opinion

« Silex, le choix catégorique du NON ! »

Fruit de plus de 15 années de concertation

Le réaménagement du sous-sol du CRÉA répond à des besoins mis en avant par les utilisateurs depuis de nombreuses années : accès des publics à mobilité réduite, manque d’espace de répétition insonorisé au Conservatoire et plus largement à Millau, remise aux normes des espaces…

En complément de sa rénovation nécessaire, le projet SILEX conforte l’esprit originel du CRÉA en apportant des réponses très concrètes à un certain nombre de faiblesses et potentialités identifiées sur le territoire en matière de pratiques musicales, de pratiques numériques, d’espaces dédiés à la vie associative.

En cœur de Ville, au plus près des habitants et des commerces, l’achèvement des travaux au sein du CRÉA constitue une opportunité formidable pour que cet équipement municipal puisse continuer d’assurer, dans les meilleures conditions d’accueil et de sécurité des publics, la fonction qui lui a été confiée par la collectivité en matière d’éducation, de culture et de dynamique associative.

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Qu’est-ce que le SILEX ?

Nous avons structuré le SILEX en différents espaces parfaitement complémentaires les uns des autres :

  • Des studios d’enregistrement et salles de répétition musicale (petits/grands ensembles, chorales…)
  • Un laboratoire de fabrication numérique (FabLab)
  • Un espace dédié au développement et à la création numérique
  • Un musée numérique « Micro-Folie »
  • Un espace convivial avec bar, sanitaire et petit espace scénique destiné aux associations.
Le FabLab. © DR

Le Silex s’inscrit ainsi parfaitement dans la dynamique associative et culturelle du CREA qu’il vient enrichir et renforcer.

Des possibilités de fonctionnement bien moins coûteux

En décembre dernier, madame Gazel a pris l’option d’annoncer par voie de presse sa décision de démanteler le SILEX pour installer à la place les archives municipales. Décision prise sans aucune concertation avec les partenaires concernés et impliqués depuis des années dans cette réalisation.

Prétextant inlassablement l’argument des 160 000 €, madame la maire oublie de préciser qu’il ne s’agit absolument pas du coût réel pour la Ville. Mais, surtout, elle refuse catégoriquement tout recours à des modes de gestion alternatifs bien moins coûteux.

Pour un montant ramené entre 40 000 € et 45 000 €, il est tout à fait concevable que ces espaces puissent ouvrir et fonctionner en impliquant les partenaires associatifs. La gestion de l’accueil et l’administration générale du CRÉA par la Maison des Jeunes et de la Culture en est un bon exemple.

Dans une telle configuration, rien n’empêche le Silex de progressivement monter en puissance, sur la base des ressources propres générées à moyen terme, et, dans les cinq à dix ans, d’autres sources de financements mobilisables.

© DR

Un abandon aux conséquences financières désastreuses pour les Millavois

Alors que madame Gazel n’a de cesse de faire porter tous les maux à ses prédécesseurs, particulièrement sur le plan financier, celle-ci ne semble guère se soucier des conséquences budgétaires désastreuses que va générer sa décision :

– Un gaspillage financier des investissements déjà réalisés au sous-sol du CRÉA. Tous les travaux de rénovation ont été mis en œuvre en tenant compte des usages qui seraient faits dans les différents espaces : nombreux câblages spécifiques, étude acoustique, dalles acoustiques en béton, insonorisation, ventilation, éclairage, sécurité et circulation des publics… Il n’a pas été seulement question de passer un coup de peinture et de refaire les sols.

– Un gâchis non moins conséquent en démontant à quelques semaines de leur livraison définitive ces aménagements et en procédant à de nouveaux travaux nécessaires pour mettre ces mêmes locaux en conformité avec les exigences des archives.

– C’est aussi l’anéantissement total des investissements réalisés il y a tout juste quelques années par la municipalité de monsieur Durand pour aménager les locaux actuels des archives à la TGM (Maison des Entreprises).

– Cette décision ne manquera pas non plus de générer des surcoûts avec la création de locaux à la TGM pour le FabLab ou avec l’hypothétique création de nouveaux studios d’enregistrement… si tant est que ces projets soient finalement réalisés un jour…

Le choix mal assumé du « non » au Silex et à la dynamique associative et culturelle du CRÉA Clairement, l’argument déployé aujourd’hui par madame la maire n’est pas un « non choix » comme elle le prétend, mais plutôt le choix peu assumé et arbitraire du NON, et ce au mépris du débat contradictoire et constructif.

Madame Gazel assure aujourd’hui que le lieu d’installation des archives n’est pas encore défini. La décision de les installer au CRÉA semble pourtant bien prise depuis l’automne alors même qu’elle prétend être actuellement en phase de concertation avec les partenaires et acteurs culturels.

En transformant les locaux d’activités du Silex en lieux de stockage de documents, elle fait clairement le choix de réduire les espaces de vie du CREA et d’affaiblir la vitalité culturelle, sociale, éducative et associative de ce bâtiment en cœur de ville. Les archives municipales doivent être stockées dans des locaux adaptés, mais pas au CRÉA où les salles manquent déjà pour les activités associatives.

Pourtant, madame Gazel promettait, pendant la campagne des municipales, de « renforcer l’identité du CRÉA sur l’innovation et les nouvelles technologies avec le projet Silex… et sur sa vocation de lieu ressource pour le monde associatif ». Pourquoi ne pas tenir ces engagements pris auprès des Millavois et pratiquer tout à coup la politique de la « terre brûlée » ?

Pourquoi rejeter les solutions proposées pour le fonctionnement et la gestion des espaces ?

Au moment même où cette municipalité prétend associer les Millavois au choix des projets qui seront mis en œuvre pendant son mandat, pourquoi balayer d’un revers de main plus de 20 ans de réflexion et de travail menés en concertation par les acteurs culturels du territoire ?

Après deux audits indépendants (le premier sous mandat de monsieur Durand et le second diligenté par Aveyron Culture en 2016) qui viennent démontrer le retard accumulé et la nécessité de développer au plus vite à Millau des espaces pour soutenir les pratiques musicales, la création et pour un égal accès à la Culture pour tous, pourquoi priver encore plus longtemps les habitants du territoire ?

Les plus de 500 signatures recueillies en quelques jours par une pétition lancée par des acteurs culturels témoignent de l’engouement que ces équipements suscitent. Il est encore temps de mener une concertation à la hauteur des espérances, pour que les investissements qui ont été démocratiquement consentis puissent conserver leur destination initiale.

Du mois de juillet dernier jusqu’à aujourd’hui, à aucun moment et ce malgré notre proposition de nous inscrire dans une démarche constructive, nous n’avons été associés à une quelconque concertation à ce sujet. Nous restons pourtant disponibles pour travailler sur ce dossier.

Depuis cette annonce, nous sommes encore très régulièrement interpelés par des acteurs culturels, des responsables associatifs, des bénévoles… autant de Millavois qui ne comprennent absolument pas qu’une telle décision ait pu être prise.

Dans tous les cas, nous tenons d’ores et déjà à rassurer toutes ces personnes sur le fait que nous resterons extrêmement vigilants quant à l’évolution de ce projet tout particulièrement, et concernant tous autres surcoûts mal venus qui pourraient encore davantage alourdir la facture.

Christophe Saint-Pierre (ancien maire de Millau, adjoint à la Culture de 2001 à 2008) et Karine Orcel (ancienne adjointe à la Culture et au Numérique sous la municipalité de Christophe Saint- Pierre.)

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