Culture & Loisirs

Millau. Bientôt le bout du tunnel pour la culture ?

Le secteur culturel a été particulièrement impacté par la crise liée au coronavirus. Théâtres, cinémas, salles de spectacle, tous les lieux culturels ont été contraints à une fermeture totale il y a quelques semaines. Localement, chacun résiste à sa manière avec ses moyens comme le Théâtre de la Fabrick qui pense déjà à demain.

Kevin Perez de la compagnie Création Éphémère dresse un état des lieux et confie son sentiment sur cette situation inédite.

« Ce dernier confinement a été un deuxième coup de massue, on a dû fermer les salles au public malgré le respect des gestes barrières et des mesures sanitaires imposées, on ne pouvait pas faire plus ».
Kévin Perez dans « Federico(s) », un spectacle autour de la Guerre d’Espagne à La Fabrick. © Cécile Flahaut

Rien qu’au mois de novembre, la compagnie Création Éphémère a annulé dix représentations qui ont dû être annulées et depuis le mois de mars plus de 50 dates, sans compter l’accueil des compagnies extérieures.

S’adapter

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L’idée pour la compagnie fut de maintenir tout ce qui pouvait l’être afin d’assurer un service minimum de culture, comme la formation professionnelle d’acteurs. Cette démarche fait suite à la lettre que l’équipe artistique avait écrite début novembre sur cette nécessité de culture face à ce qui n’était pas considéré comme essentiel.

« On s’est dit, puisque le public ne peut pas venir, c’est nous qui allons aller à leur rencontre. Nous avons ainsi réussi à maintenir des interventions ponctuelles dans le cadre scolaire comme au lycée avec l’option théâtre, mais aussi les ateliers de médiation qui tournent autour des spectacles. Ces interventions donnent lieu à des échanges intéressants avec les enfants et adolescents. »

Par contre, le théâtre a dû annuler tous les ateliers de pratique artistiques, les familles seront remboursées sur la période de carence.

Les professionnels du spectacle sans emploi

La grosse difficulté selon Kévin Perez est pour tous les salariés et intermittents qui dépendent du spectacle vivant. L’année blanche qui court jusqu’au mois d’aout 2021 ne suffira peut-être pas, puisqu’il leur faudra faire au minimum 507 h pour déclencher des droits, soit environ une quarantaine de dates à réaliser, ce qui peut vite devenir compliqué avec tous les reports de dates.

« Il y a beaucoup de gens qui ne travaillent pas dans la culture, mais qui en dépendent, les restaurateurs, les techniciens, les saisonniers… nombreux sont partis travailler ailleurs pour survivre à cette période, j’espère qu’ils pourront revenir travailler dans leurs métiers respectifs parce que ça pourrait poser un vrai problème en termes de perte des compétences pour la culture ».

Une vision positive du futur

Un déconfinement est envisagé aux alentours du 15 décembre pour les des salles de cinéma, les théâtres et les musées, mais il sera soumis à des conditions et des restrictions.

Au-delà de la dimension économique et de tout ce qu’elle implique, Kévin Pérez explique que « c’est avant tout des métiers passion ».

« On continuera quoiqu’il arrive, sous quelle forme, je ne sais pas exactement mais on continuera de tout faire pour faire venir le public dans les salles de spectacle ». 

La première des initiatives de cette fin d’année sera d’investir la vitrine de l’Hôtel de Tauriac rue droite, avec l’accord de la municipalité « pour que le cœur de ville soit animé de façon artistique, et qu’il reste une trace culturelle ». D’autres programmations suivront en fonction de l’évolution de la situation.

L’équipe artistique de la compagnie Création Ephémère avait invité les acteurs politiques et élus de tous bords à se réunir et à envisager la culture de demain dans une lettre ouverte.  Elle est pour l’heure restée lettre morte.

« Nous, Compagnie création Éphémère, exigeons la réouverture de l’ensemble des lieux culturels et appelons l’ensemble des élus (ville de Millau, département, Conseil régional, État), en partenariat avec les salarié(e)s du spectacle vivant, les différents syndicats, les différents organisateurs, les spectateurs, jeunes ou moins jeunes, amoureux de la culture, à se mettre autour d’une table pour imaginer, « La culture populaire (chère à Jean Vilar) de demain « , à imaginer des politiques culturelles ambitieuses et émancipatrices, rendre possible la culture pour tous, par tous et avec tous ».

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