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Saint-Georges-de-Luzençon. Le projet de zone d’expansion de crue entaché par la polémique

Elle est prévue en amont du Cernon, au niveau des stades. La future Zone d’expansion de crue (ZEC) imaginée par le Syndicat mixte du bassin versant Tarn amont et la municipalité de Saint-Georges-de-Luzençon doit réduire la vulnérabilité du village face aux inondations. Une partie de la population dénonce pourtant un projet à contre-courant. 

« La commune a subi en 2014 un épisode méditerranéen qui a causé pas mal de dégâts matériels et pour les entreprises », contextualise Serge Védrines, président du Syndicat mixte du bassin versant Tarn amont, qui gère la prévention inondations. Pour diminuer cette vulnérabilité, comme à Saint-Rome-de-Cernon, une Zone d’expansion de crue (ZEC) de 3 hectares va naître dans la zone des stades de Saint-Georges-de-Luzençon.

Cet espace engrangera le trop d’eau pour laisser la rivière s’étendre et calmer son débit lors des crues, avant qu’elle n’atteigne le village.

Une étude de faisabilité datée de 2016 a donné raison à l’opération qui a remporté l’appel à projets « Restaurons et valorisons les zones inondables » lancé par la Région et l’Agence de l’eau Adour-Garonne. Portée par la municipalité pendant sa campagne électorale, la ZEC prévoit l’aménagement des abords du Cernon sur 620 mètres, la destruction de la chaussée de la cascade du moulin de Paillès et la création d’un « lit moyen » censé éponger les crues saisonnières. « Le projet est calculé pour que lors d’une crue trentennale, le Cernon reste dans son lit », précise le maire Didier Cadaux.

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Le maire de Saint-Georges-de-Luzençon Didier Cadaux et Serge Védrines, président du Syndicat mixte du bassin versant Tarn amont. ©DR

La cascade de la discorde

Techniquement confiée au bureau d’études Egis, l’opération permettrait de gagner jusqu’à 1 m d’eau au niveau du stade en cas de crue de type 2014. Puis de 10 à 50 cm pour l’école et son annexe jusqu’à n’avoir que peu ou plus d’effet au niveau du pont du centre-ville.

Dérisoire, rétorquent certains villageois bien décidés à faire entendre leur voix. « On va faire 1,2 M€ de génie civil dans la rivière et terrasser un espace pour gagner 5 cm d’eau au niveau du village », abonde Christian Gauffre, habitant de la commune et colistier de la 2e équipe en lice pendant les dernières municipales.

« On ne sait pas où ils veulent en venir, ça ne va rien changer, gronde Laurence Maillard, une autre opposante et colistière du premier. Déjà après les inondations de 1992, la chaussée avait été partiellement cassée par l’eau. Deux études avaient été faites par des hydrologues et concluaient qu’il valait mieux la reconstruire. »

Christian Gauffre et Laurence Maillard, deux habitants de Saint-Georges-de-Luzençon opposés au projet de Zone d’expansion de crue (ZEC). ©DR

Céline Delagnes, chargée de mission rivières au Parc naturel régional des Grands Causses, rappelle que « les décisionnaires réfléchissent de façon globale à la gestion du bassin versant du Cernon ». Laurent Gauffre avance lui un premier document sorti en 2019 du bureau d’études Cereg, à qui le projet a dans un premier temps été confié, qui conclut que l’opération, telle que présentée avec destruction de la chaussée, aurait « peu d’impact significatif pour les crues des plus rares aux plus fréquentes, si ce n’est un impact mitigé sur le champ et le stade ».

« Protéger les biens et  les personnes, restaurer les milieux naturels,  la biodiversité et  développer le territoire »

Rien qui justifie, pour les signataires de la pétition qui circule en ligne, ces bouleversements paysagers importants qui emporteront avec eux la cascade du moulin de Palliès. « Elle n’a plus d’utilité puisqu’il n’y a plus de moulin », rappelle le maire Didier Cadaux, qui reconnaît toutefois l’attachement que peuvent porter les habitants à ce « vestige industriel ». Lui préfère parler de « se réapproprier un lieu actuellement hors de portée », la végétation ayant par endroit rendu ardu l’accès au Cernon. Il avance également les aménagements cyclables prévus qui permettront dans le futur de rallier Saint-Affrique depuis Millau par la voie verte.

Des plages végétalisées ont été dessinées pour les berges et l’accès du bourg jusqu’aux terrains sportifs sera facilité. Une passerelle piétonne traversera le Cernon en lieu et place de la cascade et le vestiaire des footeux sera déplacé et rénové « en zone sans risque », précise le maire. Le document de présentation parle aussi de parcours santé et  d’« outils de sensibilisation à l’écologie en milieu aquatique ». Le Syndicat mixte voit ici un projet « cohérent avec les politiques publiques menées en France pour protéger les biens et les personnes, restaurer les milieux naturels, la biodiversité et développer le territoire ».

Camille ANDRE


Le projet en chiffres

1,6 million d’euros

Soit le prix total des travaux pour créer cette Zone d’expansion de crue (ZEC) de 3 hectares, en amont du Cernon. Environ 1,2 million servira au génie civil, 76.000 € aux aménagements et 300.000 € à la passerelle piétonne.

80 %

C’est le montant du prix du projet que la région Occitanie et l’agence de l’eau Adour-Garonne prennent en charge.

200.000 €

Environ resteront à la charge de la commune de Saint-Georges-de-Luzençon. Le maire Didier Cadaux, le maire y voit un bon investissement. « C’est la moitié de ce qu’a coûté la crue de 2014 », illustre-t-il. La taxe Gemapi financera la partie restante du montant (environ 100.000 €).

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