[dropcap]L[/dropcap]es faits ont eu lieu en août 2018 à Saint-Affrique, dans une colonie de vacances locale. L’animateur, après s’être acquitté de ses tâches, fait le tour des dortoirs des enfants venus quelques semaines sur la commune pour découvrir l’Aveyron. Il constate qu’une d’entre eux, alors âgée de 10 ans, a décidé de dormir par terre, à même le sol, en raison de la forte chaleur.
Parole contre parole
C’est là que les récits divergent : d’après la victime, présente à la barre du tribunal ce mercredi 7 octobre, elle se serait réveillée avec, à ses côtés, le prévenu, un animateur qu’elle « aimait bien », lui touchant la poitrine et les parties intimes. Après l’avoir repoussé, elle en aurait parlé à ses amies de chambrée avant d’écrire une lettre à une animatrice pour dénoncer ces comportements. De son côté, le prévenu affirme n’avoir voulu que lui mettre un drap sous elle « pour des raisons sanitaires » et avoir essayé de la faire rouler sur le côté pour y glisser le drap.
J’ai presque peur des enfants maintenant »
Le prévenu, professeur des écoles et animateur depuis environ 10 ans, se défend de tout attouchement : « en une vingtaine de colonies, je n’ai jamais eu de problème » a-t-il affirmé à la barre, visiblement déboussolé mais éloquent lorsqu’il évoque son travail de pédagogue. « Depuis deux ans, je n’ai pas fait de nuit complète », a-t-il précisé, expliquant que ces accusations le minaient au point d’aller voir un psychiatre.
Lacunes judiciaires ?
« Je regrette de plaider aujourd’hui », a expliqué son avocat parisien, Maître Jérôme Goudard, « j’aurais voulu aller plus loin dans l’enquête ». D’après lui, il aurait fallu faire citer des témoins ou que la victime prenne un rendez-vous devant un pédopsychiatre pour un rapport détaillé. De son côté, l’avocate de la partie civile s’est demandée si la colonie de vacances n’avait pas cherché à étouffer l’affaire en laissant passer plusieurs jours entre la lettre remise à l’animatrice et les déclarations faites aux gendarmes.
Enfin, le procureur s’est avoué « embêté », pris « entre le marteau et l’enclume »… et a finalement requis trois à quatre mois de prison avec sursis, parlant, -« s’il a bien eu lieu »-, d’un« dérapage exceptionnel sur 15 à 20 ans de carrière ». C’est finalement la relaxe au bénéfice du doute que le Tribunal de Rodez choisira pour le prévenu, au terme de trois heures d’audience.