Millau. 2020 sera l’année de la reconstruction au Jardin du Chayran

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L'assemblée générale de l'association a eu lieu samedi 26 septembre. L’occasion pour le président Roland Valentin et la directrice Nadine Boisson de présenter le futur bâtiment dont le chantier va débuter le 5 octobre.

L’assemblée générale du Jardin du Chayran, chantier d’insertion par le maraîchage biologique, a eu lieu samedi 26 septembre. L’occasion de faire le point non pas sur une année 2020 qui conforte l’association dans son rôle d’acteur local de la solidarité, mais sur une année 2019 qui sera sans aucun doute l’une des années marquantes dans l’histoire du Chayran. « Le vent, le feu, l’eau, rien de nous aura été épargné », constate le président, Roland Valentin.

En effet, au cours de l’année 2019, l’association a dû faire face aux éléments. A deux reprises, la serre bitunnel a été littéralement découverte par le vent. Pire, en juillet, un feu toujours inexpliqué a détruit intégralement le bâtiment principal du Jardin dans lequel se trouvaient les locaux administratifs, le réfectoire et l’atelier. Il a même endommagé un grand nombre d’équipements qui se trouvaient à proximité.

Et comme si cela ne suffisait pas, en novembre, l’eau inondait les terrains du bord du Tarn mettant à mal quelques cultures et du matériel d’irrigation.

« Mais à chaque fois, les légumes étaient là, les salariés étaient là, les adhérents étaient là, et il fallait continuer… car le jeu en vaut la chandelle, se console Roland Valentin. Ce qui a beaucoup contribué à nous convaincre, c’est le formidable élan de solidarité qu’a déclenché l’incendie : tous les gestes ont eu leur importance et nous ont donné à tous le courage de continuer. Nous avons pris conscience que les gens du Millavois tenaient à nous, à ce qu’est le Jardin du Chayran, un gage de la solidarité et du vivre ensemble, un ambassadeur du manger bio, sain et local, un acteur au service de sa région ».

« La crise sanitaire actuelle a provoqué une prise de conscience qui confirme que notre orientation et nos choix sont les bons en matière de production », continue Roland Valentin. Pour autant, il va falloir faire face à toutes les conséquences de la crise économique, qui laissera un peu plus de personnes au bord de la route.

« Malheureusement, elle nous donnera encore plus raison d’être là et nous obligera à être encore plus présents et encore plus efficaces dans l’appui apporté aux personnes éloignées de l’emploi ».

Une production de 75 tonnes

Malgré toutes ces péripéties, le Jardin du Chayran se porte bien, merci pour lui. Jugez plutôt : entre 2015 et 2019, le chiffre d’affaires a quasiment doublé. Une progression qui s’explique par une augmentation de la production (près de 75 tonnes !), mais aussi par une meilleure valorisation des légumes vendus avec un stratégie commerciale qui a fait ses preuves : meilleure communication, plus de points de dépôts, développement de services complémentaires, comme le partenariat noué avec la cuisine centrale… Une politique qui a porté ses fruits et a permis une augmentation de plus de 30 % par rapport à l’année précédente. L’objectif de 260 paniers était d’ailleurs atteint en fin d’année.

Au niveau des investissements, le gros projet de l’année 2019 a été la construction et la mise en route de la pépinière permettant de produire l’ensemble des plants nécessaires au Jardin, mais aussi d’en produire en plus pour répondre à la demande locale de plants bios.

Un autre investissement essentiel « qui nous permet de nous faire connaitre et de nous professionnaliser dans les livraisons et l’approvisionnement du marché », c’est le camion de livraison qui a été customisé pour servir d’outil de communication et être reconnu…

Parmi les autres investissements réalisés, un certain nombre sont partis en fumée alors qu’ils étaient neufs et n’avaient parfois même pas eu le temps d’être utilisés. C’est le cas des toiles de paillage qui ont fondu sous l’action de la chaleur intense de l’incendie, de certains filets de protection, des nappes chauffantes pour la pépinière, du matériel neuf de l’atelier (compresseur, aspirateur de chantier…). Autant d’équipements qu’il a fallu racheter au début de l’année 2020…

Un bâtiment « flambant neuf »

Après l’incendie, le Jardin s’est réorganisé pour poursuivre son activité, notamment à l’aide de constructions modulaires. Le repositionnement d’un certain nombre d’activités a aussi été nécessaire : réinstallation de l’atelier dans un hangar, réaménagement de la vieille pépinière en hangar, réaménagement de bureaux au sein même des locaux de production…

Dans le même temps, la réflexion devait démarrer sur le nouveau bâtiment une fois les questions d’indemnisation de l’assurance établies. Une telle réflexion se devait de se faire dans une logique de faire peut-être mieux qu’avant, mais surtout plus, « tout en gardant un budget raisonnable ».

Le nouveau bâtiment a été présenté en 3D samedi matin par son concepteur, Euro 12 Construction, et les travaux devraient débuter dès le 5 octobre avec le terrassement effectué par l’entreprise Sévigné.

La présentation du nouveau bâtiment par le représentant de la société Euro 12 Construction.

Un bâtiment de 260 m2, avec un étage aménagé sous les combles, réfléchi pour être fonctionnel bien sûr, mais surtout pour faciliter les relations entre les différents pôles du jardin : production, insertion, commercial, administratif. C’est pourquoi il a été décidé de regrouper les deux bâtiments principaux du jardin.

Pour améliorer les conditions de travail des salariés, un travail particulier a été fait sur les vestiaires, le réfectoire, la création de véritables bureaux pour les membres de l’équipe permanente, la création d’une salle de formation…

Une véritable salle de vente et une autre pour récupérer les paniers avec un accès tous publics seront mises en place pour accueillir correctement les adhérents et les clients.

Le tout dans un bâtiment à ossature bois, avec recours à une énergie renouvelable pour le chauffage, une isolation performante et l’absence de climatisation… Une réflexion est en cours sur la production d’énergie par le solaire. Un bâtiment qui symbolisera la reconstruction du Jardin du Chayran, à son image, notamment sur le plan environnemental.


Le Jardin cultive aussi la solidarité

Le Jardin du Chayran a rejoint l’opération « Paniers Solidaires » en 2019, avec un démarrage au mois de juin. L’objectif ? Fournir des paniers de légumes bios à des personnes en précarité économique. Ces paniers, d’une valeur de 10 €, leur sont vendus à 2 €, sur le même système d’abonnement que les autres adhérents du jardin. Fin 2019, plus de 30 paniers solidaires étaient livrés chaque semaine. « La réussite de cette opération révèle malheureusement le nombre important de personnes en situation de précarité, y compris alimentaire », souligne-t-on du côté du Jardin du Chayran.