Opinion

Jean-François Galliard : « Les choses, ici, devraient être moins dures qu’ailleurs »

Eh bien, voilà. Le déconfinement a fini par arriver. L’avenir proche nous dira s’il s’agit d’une mesure provisoire sur fond de deuxième vague redoutée, ou s’il s’agit d’un début de retour à une situation normale.

Mais comme la normalité est justement une notion relative, certains, depuis quelques semaines, se demandent si cette claustration forcée, ce retour sur soi, ne pourrait avoir pour effet bénéfique de remettre en question notre mode de vie et de pensée.
La réflexion semble ambitieuse, puisque consistant à reconsidérer des habitudes de consommation, et donc de gaspillage, de désinvolture à l’égard d’une planète à bout de souffle et de course toujours plus vaine derrière une croissance qui finit par ne grandir plus personne.

Cette espérance, légitime et forcément un peu utopique au regard de l’histoire humaine, devrait, pour avoir quelque chance de succès, concerner tous ceux qui peuplent la Terre. On voit aussitôt qu’il faut arrêter là les spéculations tout comme, d’ailleurs, les arrière-pensées qui encombrent souvent les propositions les plus généreuses.

Il faut donc revenir à une échelle plus modeste.

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Peut-être faudra-t-il revenir à l’individu, mais à l’individu inséré dans une collectivité. A celui qui sait qu’il n’est pas le seul à respirer et qui a conscience de la portée de ses actes.
Chacun, de son côté, peut ainsi s’efforcer de consommer différemment, de faire la preuve d’un peu plus d’ouverture d’esprit, de respect envers les autres êtres vivants. Il s’agit là du fil ténu d’une pensée simple. Mais c’est ainsi qu’on crée une philosophie au sein d’une société.

Alors, bien sûr, les catastrophes naturelles ne cesseront pas pour autant, les conflits ne seront pas mis en sommeil, et les appétits de quelques-uns confineront toujours à la boulimie. Oui, mais… si ces quelques semaines (en espérant qu’il n’y en aura pas beaucoup plus) ont le mérite de permettre à tout un chacun d’opérer un retour sur soi, sans céder au nombrilisme, alors les rapports, au sein d’une nation par exemple, peuvent y gagner en sérénité.

Bien sûr, je ne suis pas naïf. Dans quelques jours, la guérilla politique reprendra sa guerre de tranchées. La crise financière sera là, avec son cortège de colère et de désillusions.

C’est justement à ce moment-là qu’il faudra se souvenir que si le pire n’est pas toujours sûr, il peut surgir à tout moment. La lucidité implique donc de ne pas retomber dans les travers qui sont trop souvent les nôtres.

L’Aveyron, dans ce maelstrom sanitaire dont les conséquences sont à redouter, possède quelques atouts. Une culture forte, ouverte tout en étant enracinée, un esprit d’entreprise dont la rigueur et le sens des opportunités sont reconnus, une gastronomie festive ou roborative, mais toujours de qualité, un territoire accueillant et diversifié, une politique de circuits courts en termes d’approvisionnement… Les choses, ici, devraient être moins dures qu’ailleurs.

Sachons donc œuvrer dans le même sens, mais souvenons-nous toujours de Camus et des accents prophétiques de La peste, et du nécessaire sursaut contre tous les totalitarismes qu’engendrent les épidémies, qu’elles soient sanitaires ou idéologiques.

Jean-François Galliard,
Président du conseil départemental

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