Causses et vallées

Alayrac (commune de Peyreleau, Causse Noir)

Le hameau d’Alayrac, situé sur le plateau du Causse Noir ; à côté du pré de Montaigu, est mentionné dans des actes du XIIe siècle. Comme le mentionne Jules Artières : « Au siècle précédent, en 1075, dans la charte de fondation du prieuré du Rozier, il est question du village de Montaigu. Nous ne savons si cette appellation doit s’appliquer au village d’Alayrac ou bien à un autre hameau situé plus près du pic de Montaigu et dont il ne resterait plus trace aujourd’hui. » (Messager de Millau, 28 mars 1908).

Montaigu semble bel et bien être en effet le nom primitif d’Alayrac, on sait que le lieu fut étudié en 1914 par Albert Carrière qui y mentionna un cap barré « sur le promontoire qui domine Peyreleau Sud de 350 mètres. C’est le plus complet, le plus compliqué et le plus accessible aux touristes. Son barrage caractéristique mesure 80 mètres x 6 x 1,50. Ce cap barré se trouve à 1 kilomètre environ au nord d’Aleyrac. on ne trouve aucune trace de poteries tout autour, tandis qu’elles ne sont pas rares dans les terres cultivables des environs d’Alayrac. » (Les caps barrés de la région de Millau, cahier manuscrit, 1914).

Avec sa finale en Ac, le nom de ce lieu témoigne de l’existence d’une grande exploitation agricole gallo-romaine. Alayrac : de Alarius, troupes auxiliaires. Les habitants de la localité s’alimentaient avec l’eau de leur citerne et celle de la petite fontaine de Gély, à 600 mètres de l’agglomération. A 500 mètres au sud-ouest d’Alayrac, on trouva une tombe adventice gallo-romaine faite de tegulae et contenant des fragments de plusieurs vases de la Tène et le bord d’un vase en verre. A 1 km 400 au sud sud-est d’Alayrac, au lieu dit les Quatre chemins (croisement du chemin du Riou Sec et de la route de Peyreleau à Lanuéjols) : stations de distillation de résine fouillée par M.M. Balsan et Carrière.

En 1164 et 1167, Guillaume et Pierre d’Eglaines vendent au prieuré du Rozier certains revenus assis sur le dimaire d’Alayrac ; en 1170, un nommé Bernard donne au même monastère deux maisons situées dans ce hameau, in villa que rocant A’Ariago « dans lesquels habitent Bernard et Radulphe. (Jules Artières, Messager de Millau, 28 mars 1908).

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Alayrac a changé maintes fois de paroisse : Saint-Jean des Balmes (1544), Saint-André de Vézines (1556), Le Rozier (1605), Peyreleau depuis 1802.

Le cadastre de 1509 attribue à ce lieu 18 ostals et 6 casals (masures). Les D’Albignac en étaient les seigneurs, puis ce furent Les Sobeyras : En 1620, ils y possédaient une ferme, 2 paires de bœufs et 100 bêtes à laine qu’ils arrentaient 64 setiers de blé, une livre et demi de fromage, et autant de laine pour chaque bête à laine (4 avril, Duranc). En 1723, Alayrac est affermé par le seigneur de Peyreleau : 48 setiers en grains, 90 livres en laines, 90 livres de fromage (Albert Carrière, Notes sur Peyreleau).

Agrinier d’Alayrac refuse le champart de six pièces de terre au régisseur de D’Albignac, seigneur de Peyreleau le 25 août 1792. Il ne paiera que sur présentation des titres des droits de seigneur que ce dernier n’a plus.

La légende prétend que c’est à Alayrac, dans un four chauffé à blanc, qu’on fit brûler vivant Jean Grin, homme sauvage qui de 1799 à 1801, sema la terreur en dévorant des enfants.

Par jugement rendu à l’audience des criées du tribunal civil de l’arrondissement de Millau, le six octobre 1841, la grange, écurie et jardin attenant, qui confrontent en corps au levant, à terres d’Artières, d’Alayrac, et Antoine Julien, de Peyreleau ; du midi et couchant, terres et maison de Molinier, dudit lieu et du nord, rue publique ; ont été adjugés en faveur du sieur Alexis Maury, propriétaire et aubergiste, habitant à Peyreleau, au prix et somme de trois cents francs (Etude de Me Boyer, L’écho de la Dourbie, 2 janvier 1842)

Parmi les faits divers, citons celui du 21 juillet 1856 où le nommé Alexandre Artières, propriétaire à Alayrac, a été trouvé mort, dans une de ses prairies, où il avait mené paître ses bœufs (L’écho de la Dourbie, 26 juillet 1856).

Un acte de vente nous fait connaître les propriétaires au début du XXe siècle : « A vendre le domaine d’Alayrac, appartenant à la famille Rey, situé sur la commune de Peyreleau, traversé par la route de la Roque à Peyreleau, d’une contenance cadastrale de 85 hectares. Beau pays de chasse. Pour traiter, s’adresser à M.Unal, notaire à Aguessac » (Indépendant millavois, 8 juillet 1911).

La famille Agrinier de Peyreleau était connue pour posséder d’excellents chasseurs. Avec la disparition du loup, les sangliers sont revenus avec le reboisement, généralement en bandes : ses méfaits devinrent considérables. Des sociétés d’intrépides chasseurs se sont constituées et chaque année ont abattu de nombreuses bêtes. Les amateurs les plus braves ne craignent pas, après avoir blessé le sanglier, de se jeter sur la bête et avec le gros coutelas du chasseur sibérien lui ouvrir le ventre. M. Agrinier d’Alayrac a acquis dans cette chasse une réputation de courage et de sang-froid qui lui valent toutes les admirations, comme en témoigne ces articles de presse : « Les fils de notre fidèle abonné M.Agrinier, propriétaire à Alayrac, ont dans le courant du mois de janvier abattu 9 sangliers et 3 renards. Toutes nos félicitations à ces intrépides chasseurs » (L’indépendant Millavois, 31 janvier 1925)

Ces temps derniers, M.M. Agrinier, d’Aleyrac, ont encore abattu six sangliers, dont une laie portant six marcassins. Au cours d’une battue qui a eu lieu cette semaine, M.Blanc fils a aussi abattu un sanglier. Félicitations. (Messager de Millau, 28 mars 1925)

Et pour terminer, citons cette petite affaire assez commune sur le plateau : « Tribunal correctionnel, audience du 27 avril. Severac Calixte, 30 ans, domestique à Alayrac, commune de Peyreleau pour avoir eu la langue un peu leste à l’égard des gendarmes de Peyreleau qu’il traita de cafards le jour de l’élection municipale complémentaire, est condamné à 10 francs d’amende. » ( Indépendant millavois,30 avril 1910).

Clown suspendu au-dessus d’un portail, 26 mars 2018.

Nous savons que désormais Alayrac est connu pour ses activités équestres. En juin 2008, pour une raison déterminée, une pouliche a dévalé une pente à 90%. En mauvaise posture, dix mètres en contrebas, elle n’a dû son salut qu’à la dextérité des soldats du feu reconvertis pour l’occasion en monte-charge. (Midi Libre, 13 juin 2008).

Marc Parguel

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