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Millau. 8-Mai : Une cérémonie en mode confiné

La cérémonie des 75 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale aurait dû être un moment de commémoration populaire. L’actualité sanitaire en a décidé autrement.

Ce matin à 11h, c’est dans un Parc de la Victoire déserté que les rares personnalités ont déposé une gerbe au pied du Monument aux Morts. Etaient présents Christophe Saint-Pierre, maire de Millau, Claude Valéro, président du Comité d’entente des anciens combattants, le Colonel Jacques Bouffard, commandant la 13e Demi-brigade de Légion étrangère, et Patrick Bernié, Sous-Préfet de l’arrondissement de Millau, et deux porte-drapeaux.

Avant le dépôt de gerbes, le sous-préfet à fait lecture du message du Président de la République, que nous reproduisons ci-dessous.

Seuls deux porte-drapeaux étaient présents ce matin.

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Le 14 Juillet sera-il fêté ?

Interrogé sur la possibilité de maintenir les cérémonies du 14-Juillet, le maire de Millau s’est déclaré peu optimiste. « On envisage mal de recevoir plus de 5.000 personnes sur les quais pour le feu d’artifice et les festivités populaires qui suivent, notamment le bal… ».

Christophe Saint-Pierre, maire de Millau.
Le Colonel Jacques Bouffard, commandant la 13e Demi-brigade de Légion Etrangère. 

Seule la cérémonie officielle serait maintenue, même si le Colonel Jacques Bouffard s’est proposé, « sous réserve de l’accord de [sa] hiérarchie », d’organiser un défilé de la 13e DBLE auquel les Millavois pourraient assister de leurs fenêtres.


Message du Président de la République à l’occasion de la commémoration de la victoire du 8 mai 1945

« Ce 8 mai ne ressemble pas à un 8 mai.

Il n’a pas le goût d’un jour de fête.

Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous rassembler en nombre devant les monuments de nos villes, sur les places de nos villages, pour nous souvenir ensemble de notre histoire.
Malgré tout, la Nation se retrouve par la pensée et les mille liens que notre mémoire commune tisse entre chacun de nous, cette étoffe des peuples, que nous agitons en ce jour dans un hommage silencieux.

C’est dans l’intimité de nos foyers, en pavoisant nos balcons et nos fenêtres, que nous convoquons cette année le souvenir glorieux de ceux qui ont risqué leur vie pour vaincre le fléau du nazisme et reconquérir notre liberté.

C’était il y a 75 ans.

Notre continent refermait grâce à eux le chapitre le plus sombre de son histoire : cinq années d’horreur, de douleur, de terreur.

Pour notre pays, ce combat avait commencé dès septembre 1939.

Au printemps 1940, il y a 80 ans, la vague ennemie avait déferlé sur les frontières du Nord-Est et la digue de notre armée n’avait pas tenu.

Nos soldats pourtant s’étaient illustrés à de nombreuses reprises. Ceux de Montcornet, d’Abbeville, de Gembloux ou de Stone, les hommes de Narvik, les cadets de Saumur, l’armée des Alpes avaient défendu avec vigueur notre territoire et les couleurs de notre pays.

Ils sont « ceux de 40 ». Leur courage ne doit pas être oublié.

Dans le crépuscule de cette « étrange défaite », ils allumèrent des flambeaux. Leur éclat était un acte de foi et, au cœur de l’effondrement, il laissait poindre la promesse du 8 mai 1945.

Cette aube nouvelle fut ensuite conquise de haute lutte par le combat des armées françaises et des armées alliées, par les Français Libres qui jamais ne renoncèrent à se battre, par le dévouement et le sacrifice des Résistants de l’Intérieur, par chaque Française, chaque Français qui refusa l’abaissement de notre nation et le dévoiement de nos idéaux.

La grande alliance de ces courages permit au Général De Gaulle d’asseoir la France à la table des vainqueurs.

La dignité maintenue, l’adversité surmontée, la liberté reconquise, le bonheur retrouvé: nous les devons à tous ces combattants, à tous ces Résistants.

A ces héros, la Nation exprime son indéfectible gratitude et sa reconnaissance éternelle. Le 8 mai 1945, c’est une joie bouleversée qui s’empara des peuples. Les drapeaux ornaient les fenêtres, mais tant d’hommes étaient morts, tant de vies étaient brisées, tant de villes étaient ruinées. A la liesse succéda la tristesse et la désolation. Avec le retour des Déportés, les peuples découvrirent bientôt la barbarie nazie dans toute son horreur …
Rien, plus jamais, ne fut comme avant.

La fragilité révélée de nos vies et de nos civilisations nous les rendit plus précieuses encore. Au bout de cette longue nuit qu’avait traversé le monde, il fallait que l’humanité relevât la tête. Elle venait de découvrir horifiée qu’elle pouvait s’anéantir elle-même et il lui fallait désormais refaire le monde, de fond en comble, ou à tout le moins « empêcher que le monde ne se défasse », selon le mot de Camus.

Ce fut l’heure, en France, de l’union nationale pour fonder« les beaux jours» annoncés par le Conseil National de la Résistance et bientôt retrouvés.

L’heure, en Europe, de l’effort commun pour bâtir un continent pacifié et fraternel.

L’heure, dans le monde, de construire les Nations unies et le multilatéralisme.
Aujourd’hui, nous commémorons la Victoire de ce 8 mai 1945, bien sûr, mais aussi, mais surtout, la paix qui l’a suivie.

C’est elle, la plus grande Victoire du 8 mai. Notre plus beau triomphe.
Notre combat à tous, 75 ans plus tard. »

Claude Valéro, président du Comité d’entente des anciens combattants.
Patrick Bernié, Sous-Préfet de l’arrondissement de Millau.

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