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Millau. Des personnes âgées en souffrance

Dès le début de l’épidémie de Covid-19, un seul mot d’ordre fut donné aux personnes âgées vivant à domicile : rester chez soi et croiser le moins de personnes possible. Cette population fragile a été mise à distance de la société, pour son bien.

Cependant, en voulant les protéger du virus, on les a involontairement, mais inévitablement plongées dans un isolement social, qui pourrait bien faire des dégâts collatéraux importants. Privées de famille et de visites les personnes âgées n’ont jamais été autant isolées : des soignants et des aidants alertent et témoignent.

À l’annonce de l’entrée en confinement, des cabinets d’infirmiers libéraux et les services d’aide à domicile ont considérablement réduit leurs activités au strict minimum pour protéger efficacement les seniors bénéficiaires de soins ou de service à la personne.

À l’UMM (Union des Mutuelles Millavoises) par exemple, les effectifs ont été réduits de moitié et les prestations cantonnées à l’essentiel et beaucoup moins fréquentes. Le cabinet infirmier de la maison de santé des Ondes a lui décidé de restreindre ses actes aux soins nécessaires et pour les patients les moins autonomes.

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Cependant, ils se sont très vite aperçus que ces mesures avaient un effet pervers, et que plus les semaines passaient, plus les personnes âgées étaient en détresse, souffrant d’un mal invisible : la solitude.

« ils ont l’impression qu’on les a abandonnés », nous confie une infirmière.

Une responsable de l’UMM nous avoue que cela « devient très difficile à gérer au niveau humain ».

« Nous recevons de plus en plus d’appels de personnes qui demandent de revoir l’aide-ménagère : pour eux, elle est bien plus que la dame qui fait le ménage ou les courses : elle est une présence, un repère, quelqu’un à qui parler : c’est souvent le seul lien avec l’extérieur de toute la journée. Il n’y a pas longtemps, j’ai eu une dame en pleurs au téléphone pour qu’on lui remette en place ses heures de ménage. Certains sont en grande détresse psychologique, ça nous retourne d’entendre ça ».

Depuis quelque temps comme « à dose homéopathique », l’UMM rajoute des interventions chez des particuliers en prenant toutes les précautions nécessaires pour protéger les aidants et les aidés. De leur côté les cabinets libéraux augmentent petit à petit le volume de leurs tournées.

Pour ceux que nous avons pu rencontrer de part et d’autre d’une haie de jardin ou à la fenêtre de leur maison, les journées sont interminables le discours est le même, comme celui de Denise qui nous accueille avec du lilas, un peu comme pour nous dire merci d’être là.

« Qu’on meure de ça ou d’autre chose, à nos âges, la vie elle est derrière, ce qu’on veut c’est voir du monde et discuter » !

Privilégier la qualité à la quantité de vie est un choix compréhensible et discutable qui ne fera pas ici débat. Mais la situation de crise inédite de ce que nous traversons aura au moins le mérite de mettre en évidence l’importance et la nécessité du lien social et intergénérationnel.

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