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Millau-Vid. Le chauffeur me klaxonne, je lève la main par instinct

Il y a l’ouverture de la pêche, l’ouverture de la chasse, mais aussi, plus confidentielle, l’ouverture de chez Bras. Pas les Bras père et fils de Laguiole installés au Suquet qui ont dit « fuck you » à la dictature du Petit Livre Rouge Etoilé mais le Bras des Capucins qui chaque année aux alentours de Pâques ouvre la Bergerie de Brocuéjouls aux beaux jours d’un printemps renaissant.

© gillesbertrand-photography.com

Ce n’est pas vraiment un restaurant, ce n’est pas vraiment un snack, ce n’est pas vraiment un bistrot. C’est tout simplement chez Bras, du Bras tout craché, ce chercheur de saveurs, ce peintre réaliste de l’assiette composée en oeuvre gourmande. Un espace surprenant sur la route du sud, en contre bas du Viaduc de Millau, installé dans cette grange-bergerie magnifiquement restaurée, halte autorisée pour souffler, respirer, grignoter et admirer le Tarn se la coulant douce dans cette entaille prise en tenaille entre Larzac et Causse Rouge.

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Ce lieu atypique tenu par André, le frère de Michel, devait ouvrir le samedi 28 mars. Les portes sont restées closes. Une palissade en bambou ferme l’entrée sud. Les capucins ont piqué du nez, cette crêpe pointue comme un triangle isocèle inversé, née de l’imagination fertile et poétique de ce fils d’Aubrac.

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On est dimanche, c’est pénitence, c’est silence, matière fluide à savourer ou à redouter sur ce parking marbré comme un immense scarabée zébré. Instant de sérénité ou de doute à peine perturbé par le passage de très rares camions et ce bruit si caractéristique du passage sur la culée. Clac, clac, ce double claquement d’une fraction de seconde, bruit lancinant lorsqu’habituellement en des temps de transhumance et de libres errances, l’autoroute crache son flot soutenu de véhicules à la minute.

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Je suis monté sur la butte dominant le Viaduc. Ciel marbré, ciel chargé tout juste chatouillé par cette échine subliminale, le viaduc d’une intense beauté à mes pieds, immense Stegosauria comme fossilisé, comme stérilisé dans cette poche d’air d’un gris dévalé.

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Impression de désertion. Un camion passe, le chauffeur me klaxonne. Je me retourne, je prends le vent de face, je lève la main par instinct, le 20 tonnes est déjà loin. Vivement demain.

Gilles Bertrand
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Texte et photographies réalisés le dimanche 29 mars sur l’aire d’autoroute de Brocuéjouls et sur l’aire de vision du Viaduc de Millau, le 13e jour du confinement.

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