Les ruiniformes du Caoussou (Causse Noir)

Marc Parguel
Marc Parguel
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Vue d’ensemble du Caoussou depuis la piste forestière.

Le chaos de rochers du Caoussou apparaît dans les « faubourgs » de Montpellier le Vieux.

Séparé de ce dernier par le Valat Nègre (ravin noir), Lou Caoussou (le petit causse) est aujourd’hui desservi par le GR 62 qui va de Longuiers au Maubert.

E.-A. Martel dans son ouvrage les Causses Majeurs évoquait le lieu en ces termes :

« De l’autre côté du Valat Nègre, près de Longuiers, nous avons trouvé également, en 1889, une quatrième annexe – ou fort avancé – de Montpellier-le-Vieux : à 450 mètres au-dessus de la Dourbie (et de la grotte de l’Aluech), à 400 mètres à l’Est de la côte 866, c’est Caoussou : créneaux, obélisques, arcades, pyramides de 10 à 20 mètres, évidés aussi par les torrents mio-pliocènes aux dépens des parties friables de la roche et suivant les fissures préexistantes ; une percée naturelle mesure 3 mètres de hauteur » (E.-A. Martel, les Causses Majeurs, 1936).

L’éléphant (22 février 2020).

On peut se promener aisément dans ce site depuis 1889, année de sa mise en valeur, même si la végétation déborde par endroit. Ce secteur a déjà subi des bouleversements, et s’apprête à en connaître d’autres dans le cadre de la valorisation du grand site forestier du Causse Noir.

Ruiniformes (rancaredas).

Le promeneur ayant le sens de l’orientation pourra quitter le sentier balisé : il y a tant à découvrir !

Caoussou est une corniche dominant les Gorges de la Dourbie. On a un beau point de vue sur la bordure nord du Causse du Larzac, le hameau de Pierrefiche.

Vue sur Pierrefiche et le Causse du Larzac.

On remarquera de nombreux rochers calcaires représentant des animaux, notamment des éléphants, voici les plus représentatifs

Le cobra.
La tête de chien.
L’éléphant.
L’éléphant.

Quelques avens parsèment ce site (Caoussou I, II, III, IV, et V, la Vézouillade qui s’ouvre par un double puits). La Vézouillade qui s’écrit de différentes façons : Bézouillade se situe dans un quartier de Caoussou. Ce terme pourrait signifier, lieu planté de bouleaux : lo Bes (Peire de Vairau (Pierre Solassol), Ruiniformes des Grands Causses, Los Adralhans, été 1999).

Vue depuis le Valat Nègre.

Un vaste rocher signalé en 1967 par Alain Vernhet et Raymond Rouquet, est localisé au sommet d’un massif rocheux surplombant la rive droite de la Dourbie, sur le versant sud du Causse Noir. Sa position inexpugnable lui vaut la qualification de « refuge ». Fouillé en août 1975, par une équipe dirigée par Alain Vernhet, le site révèle une occupation du Ve au VIe siècle de notre ère. Le mobilier céramique est composé de formes estampées grises ou orangées, datable de cette époque, et de fragments de vases attachés aux formes de l’atelier du Maubert, caractéristiques du VIe siècle de notre ère.

Ruiniforme.

Le site de Caoussou ne présente aucun vestige de murs et le très faible nombre de fragments de tégulae retrouvés laisse imaginer un habitat en matériaux périssables (Labrousse, 1976, informations archéologiques, Gallia, p.466)

Parmi le mobilier métallique, un élément particulier attire l’attention. Il s’agit d’un objet ayant appartenu à un cingulum militaire d’un type habituellement daté entre le dernier tiers du IVe siècle et les années 400, voire le début du Ve siècle de notre ère (Boudartchouk J.-L., L’époque mérovingienne en Midi Pyrénées, Etat de la question et perspectives, Toulouse, projet collectif de recherche, rapport annuel, 2000).

Celui-ci pourrait être mis en relation avec un bracelet de bronze qui lui est contemporain et aussi attaché au contexte militaire. Les données de fouille laissent entrevoir une occupation du site sur cent ou cent cinquante ans, peut-être initiée par l’implantation d’un petit contingent militaire vers la fin du IVe siècle ou le début du Ve siècle de notre ère. L’occupation du rocher se serait prolongée jusqu’au VIe siècle, comme le montre la présence de céramiques du Maubert.

Hors sentier.

Marc Parguel

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