Politique

Millau. Christophe Saint-Pierre dévoile sa ville de demain

Comment présenter un projet qui ne trouve pas les cloisonnements habituels où l’on parle de la culture, du sport, du social… ? C’est la question que s’est posée Christophe Saint-Pierre, à la tête de la liste « Millau en action ».

En s’inspirant de la démarche « transversale » du Parc des Grands Causses pour élaborer le SCOT, le programme du maire sortant sera présenté en trois « grandes sphères », qui chacune donnera lieu à un afterwork public, et trois vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.

La première « sphère », environnementale, a été présentée mercredi soir et avait pour thème « Dans quelle ville je veux vivre ? ».

La deuxième « sphère », plus économique, donnera lieu à un afterwork le mercredi 19 février à 19h à la Brasserie la Boca Reva sur le thème « Comment je peux travailler, comment je peux me former à Millau ? ».

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La troisième « sphère », posera la question « comment je m’épanouis socialement dans cette ville ? » et concernera le social, la solidarité, le sport, la culture… L’afterwork aura lieu le jeudi 27 février à 19h au café Le Délice.

« Adapter » la ville au réchauffement climatique

« Dans quelle ville je veux vivre ? » est donc le sujet de la première « sphère », présentée lors de l’afterwork de mercredi, mais aussi vendredi à la faveur d’une conférence de presse. Et autant vous le dire tout de suite, demain, nous ne vivrons pas dans la même ville.

« On vit une période où le fameux réchauffement climatique nous amène à prendre conscience que demain, l’action sur l’espace public que nous avons eu jusqu’à présent ne pourra pas être reproductible. Il faut absolument que nous adaptions notre façon de construire la ville », avertit Christophe Saint-Pierre.

« Jusqu’à présent, nous avions tendance à agir sur la cause », souligne-t-il, en prenant pour exemples les politiques de lutte contre le trou dans la couche d’ozone, celles pour limiter le réchauffement climatique, la volonté de réduire la consommation d’énergies, notamment fossiles, etc. Si ces politiques sont bien sûr « toujours d’actualité », avant de « stabiliser la situation, dans des dizaines d’années, il va bien falloir continuer à vivre, se développer, construire la ville ».

Cela implique que les collectivités aient une politique très volontaire pour adapter la ville à ce fameux réchauffement climatique.

A Millau, selon Christophe Saint-Pierre, l’équipe en place pour les six prochaines années devra « adapter la ville à l’effet canicule et aux inondations, plus brèves, mais plus importantes », en rappelant qu’« un tiers de la surface bâtie de Millau se situe en zone PPRI (en zone inondable, NDLR) », et que « Millau ne peut plus se développer au nord et au nord-ouest », l’étalement urbain étant aujourd’hui interdit. D’autant que le Plan de Prévention du Risque Inondation (PPRI), qui comprenait jusqu’à présent trois niveaux (plus vous étiez proches de la rivière, moins vous aviez le droit de construire, NDLR), « ne comprendra vraisemblablement plus qu’une seule et unique zone, plus contraignante. »

Comment, alors, continuer à avoir de l’activité dans ces zones-là, tout en mettant en sécurité les populations ?

L’objectif de l’équipe Saint-Pierre sera de développer dans ces endroits des notions d’écoquartiers (« respectueux de l’environnement, qui répondent aux contraintes énergétiques, moins polluants et prennent en compte le risque inondation »), et d’avoir le plus d’espaces partagés possible (jeux, jardins associatifs, stationnement…)

Face à l’urgence, « le mandat qui s’ouvre doit prendre ses responsabilités », déclare Christophe Saint-Pierre.

Quand on parle d’environnement, et de développement durable, il ne faut pas se contenter du vélo, si vous voyez ce que je veux dire…

De gauche à droite : Patrice Gineste (travaux, voirie, mobilité), Alain Nayrac (aménagement, Ville propre, environnement), Christophe Saint-Pierre, Benoit Renaut et Christine Arnaud-Lascaud (accompagnement des hameaux).

Les rues piétonnes vont être végétalisées

Au-delà des problèmes d’aménagement sur ces secteurs sensibles, « nous allons avoir un problème d’augmentation de la température au sol, assure le maire. Demain, il va falloir envisager l’aménagement de nos espaces publics de façon différente. »

Cela passera par « plus de rigueur dans le choix des matériaux des espaces publics », en privilégiant des matériaux clairs (qui absorbent la chaleur et la restituent le soir, NDLR), et par « arriver à végétaliser le plus possible ». « C’est ce qu’on a commencé à mettre en place sur les quais Sully-Chaliès, sur lesquels on a planté 100 arbres, c’est ce qui va être fait sur la place du Voultre, mais aussi dans les rues piétonnes (rue du Mandarous, rue Droite, rue de la Capelle…) ».

Les pistes cyclables en centre-ville se feront « au détriment de quelque chose »…

« La perspective des mobilités est multiple, et bien évidemment elle porte aussi sur la problématique des mobilités douces », assure Christophe Saint-Pierre. A ceux qui lui reprochent de « n’avoir rien fait » dans le domaine, il rappelle que durant son mandat « deux km d’espaces partagés et de mobilités douces ont été aménagés le long du Tarn ».

 Je n’ai pas le souvenir que sous le mandat précédent on a aménagé ne serait-ce qu’une centaine de mètres de piste cyclable…

« Nous avons adopté le Plan de Développement Urbain qui prévoit les mobilités douces, et le schéma cyclable intercommunal avec la Communauté de communes », rappelle-t-il.

Mais alors, comment introduire ces pistes cyclables, sur des voies dédiées, à l’intérieur de la ville ? « L’objectif, c’est d’irriguer le centre-ville de pistes cyclables, donc ça veut dire les boulevards Richard, Saint-Antoine, Capelle, Banald, Ayrolle, Gambetta… Cela supposera une consultation et une acceptation de la population, car cela se fera inévitablement au détriment de quelque chose », prévient Christophe Saint-Pierre.

Au détriment du stationnement ? Celui du double sens en voiture ? Le Conseil Consultatif Citoyen devrait vraisemblablement être mis à contribution…

« Je tiens quand même à affirmer une chose : il est hors de question de penser à l’exclusion de la voiture. Il faut partager l’espace, réorganiser les surfaces au sol, mais par exemple on ne pourra pas exclure la voiture de la traversée du Mandarous. »

Un parking silo sur la zone Sernam ?

L’aménagement des espaces partagés, la création de pistes cyclables, la réorganisation des surfaces au sol, amèneront de fait « une réflexion sur le plan de stationnement ». « Il faudra renforcer les stationnements gratuits au sud, requalifier les voiries qui montent en centre-ville (Pont de fer, Saunerie, Champs du Prieur…), et sur le nord travailler sur la zone Sernam, à côté de la gare ».

« Il faut que l’on trouve le moyen d’avoir une grosse capacité de parking sur cette zone Sernam , assure le maire. RFF et la SNCF ne sont pas attachés à ces bâtiments, ce qui est une nouveauté, et moi je n’exclue pas un parking silo, avec au moins deux étages ».

Des parcs sécurisés pour les vélos, sur les parkings périphériques, mais aussi en centre-ville, sont aussi envisagés.

L’équipe « Millau en action » entend enfin accélérer la transition de la flotte de véhicules municipaux (une centaine) vers des véhicules propres (électriques, Wello…).

« Densifier les coteaux et le centre-ville »

Le logement est une compétence de la communauté de commune, « mais quand on parle de l’aménagement de la ville, on ne peut pas ne pas parler du logement. Il faudra arriver à densifier les coteaux, et le centre-ville », explique Christophe Saint-Pierre, en rappelant que la Ville s’est engagée à construire ou réhabiliter 110 logements par an. Des logements qui seront faits « avec une forte exigence en termes de transition énergétique… »

« Aujourd’hui, pour être subventionné par la communauté de communes au titre de l’OPHRU, il faut être à 25 % d’économie d’énergie entre l’ancienne consommation et la consommation après travaux. L’ambition, c’est d’arriver à 35 %. »


Et les transports urbains ?

« Dès le départ on a été mal guidés sur le transport urbain, avoue Alain Nayrac, délégué à l’habitat et aux transports à la communauté de communes. Il va falloir dissocier le transport scolaire et le transport urbain. Ce ne sont pas les mêmes horaires, pas les mêmes utilisations. La DSP va changer, on y réfléchira. Avec pas forcément les mêmes trajets qu’actuellement ». « Il faudra avoir deux modèles de transport, reprend le maire. Le modèle de transport scolaire et le modèle de transport citoyen, qui reste à inventer parce qu’il n’est économiquement pas viable… »

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