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Millau. Hôpital : Philippe Ramondenc écrit à son tour à la ministre de la Santé

« Madame, avant toute chose, je tiens à vous présenter mes vœux les plus sincères de santé, bonheur et réussite dans votre action politique et votre engagement pour l’intérêt général. En tant que ministre des Solidarités et de la Santé, je tenais à vous présenter un autre regard sur l’évolution actuelle de l’hôpital de Millau. Mais avant, tout, connaissez-vous Millau et son territoire du sud Aveyron ? C’est une petite ville en milieu rural de 23000 habitants. Son cadre de vie est très agréable entre le pays des Causses, les Gorges Du Tarn et de la Dourbie. Sa situation géographique est plutôt favorable puisque située à 120 kilomètres au nord de Montpellier, à 250 kilomètres au nord-est de Toulouse et à 250 kilomètres au sud de Clermont-Ferrand.

Notre hôpital, effectivement, connaît quelques difficultés de fonctionnement depuis quelques années avec un déficit chronique de 35 millions d’euros. Cependant, Millau, ville pôle d’une communauté de communes de 31000 habitants vit sous la menace perpétuelle de sa disparition depuis une quinzaine d’années. Pourquoi ? Il s’agit uniquement de la volonté de quelques élus du territoire, de gauche comme de droite qui pour des raisons politiciennes surtout et financières pour d’autres veulent la réalisation d’un hôpital médian regroupant deux structures, celle de Millau et celle de Saint-Affrique.

Madame, c’est avec courtoisie que je vous invite à venir voir par vous-même la nécessité de conserver un hôpital à Millau. En effet, nous cumulons les difficultés d’une petite ville en zone rurale où les distances sont vite multipliées (état des routes, intempéries) et l’inégal accès aux soins flagrant. Au-delà des problèmes de fonctionnement (déficit chronique, difficulté à installer durablement des médecins), les habitants de Millau ont un droit d’accès aux soins équitable, comme ceux de Saint-Affrique. Il s’agit là de respecter la Constitution de la Ve République.

Sous couvert de mutualiser les soins, l’impact économique et social sera négatif pour la ville. La création d’un hôpital médian entraînera des suppressions de postes (personnel hospitalier très inquiet de son devenir), des déplacements quotidiens plus importants, un bilan carbone négatif et surtout des risques accrus pour les patients notamment lors des transports liés à un allongement des distances de part et d’autre du territoire. Un accès aux soins qui deviendra à proprement parlé inégal (un nombre de lits diminué).

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Pourquoi ne pas travailler à donner des moyens de fonctionnement équitables dans les structures hospitalières de Millau et de Saint-Affrique  et faire en sorte que ces deux structures puissent travailler ensemble ! N’oublions pas qu’en 2014, notre Maire M. Christophe Saint-Pierre a inauguré une nouvelle caserne des pompiers. Le choix de son emplacement a été dicté justement en fonction de la proximité de l’autoroute A75, la proximité de l’agglomération et surtout la proximité de l’hôpital de Millau.

De plus, le site de Saint-Georges-de-Luzençon choisi pour cet hôpital médian n’a absolument rien de médian ! Par ailleurs le coût de cet hôpital médian ne prend en compte que la construction des structures sans prendre en compte les accès. Ce n’est pas 40 millions d’euros d’investissement, mais plutôt 100 ! Comment financera-t-on ces accès ?

Pourquoi ne pas mettre en place une réelle politique d’aménagement du territoire pour les moyennes et petites villes en zones rurales ? Ne recréons pas le fameux « Paris et le désert français » à l’échelle régionale comme « Toulouse et le désert d’Occitanie » ou « Montpellier et le désert languedocien »… Donnons les moyens de vivre et de se soigner correctement dans nos régions un peu reculées de Paris, mais si agréables à vivre. 700 à 800 personnes qui travaillent dans un hôpital comme Millau est d’une importance capitale surtout dans une ville comme la nôtre qui s’est paupérisée, qui est vieillissante et où le chômage des moins de 20 ans avoisine les 11 % ! Comment expliquer les centaines de milliers d’euros investis ces dernières années à l’hôpital de Millau ?

La disparition de notre hôpital serait un coup de grâce pour la ville ! Comment pourra-t-elle rester attractive sans son hôpital ? Mais au-delà de cela, c’est la méthode de nos élus en place qui est à blâmer. Ce fameux consensus pour un hôpital médian n’existe que pour quelques-uns qui ont oublié la population. Tout s’est fait « en catimini » sans concertation de la population en particulier millavoise ! Le projet médical partagé n’a recueilli aucun assentiment des usagers du fait de l’absence de concertation sur le sujet et de l’opacité entretenue sur cette réforme de soins. Les citoyens sont pris en otage, manipulés et mis devant le fait accompli. L’hôpital de Millau est devenu un enjeu politique personnel pour ces élus. Honteux ! On ne peut sûrement pas régler les problèmes de soins en zone rurale de la sorte à quelques semaines des élections municipales.
Le Comité de Performance et de Modernisation des Offres de soins n’ a semble-t-il pas été consulté. Existe-t-il un rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales ?

Dans les conditions d’élaboration particulièrement troubles qui ont prévalu à cette étude, je vous invite à réexaminer ce dossier. Pour ma part, je reste disponible pour exprimer la position des Millavois de disposer d’un hôpital de qualité sur site et requiers une rencontre en présence de tous les élus concernés et des représentants de l’Agence Régionale de Santé de Toulouse. Je réclame une étude officielle et transparente sur l’offre de soins en Sud Aveyron avec l’association des usagers de l’hôpital de Millau et de Saint-Affrique. Je vous exhorte officiellement de revoir ce projet qui condamne l’hôpital de Millau. »

Une copie de ce courrier a été envoyée au Président de la République, Emmanuel Macron, au Premier ministre, Edouard Philippe, au Président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, au Directeur général du CHU de Montpellier, Thomas Le Ludec, et au Directeur général de L’Agence Régionale de Santé d’Occitanie (Toulouse), Pierre Ricordeau.

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