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Complexe sportif de Millau : la Communauté de communes se jette à l’eau

Le serpent de mer que constitue le projet de réhabilitation du centre aquatique et de la salle artificielle d’escalade vient de franchir une étape décisive.

Le projet a présenté hier soir par Patrick Bayeux (SAS SIC Ingénierie Sportive et Culturelle), Assistant à Maîtrise d’Ouvrage (AMO).

En effet, hier soir, à l’issue d’un conseil communautaire qui a attiré la foule des grands jours, les élus ont autorisé le président Gérard Prêtre à signer le marché avec le groupement porté par l’entreprise toulousaine Socotrap. Un projet de 21.130.000 € HT qui forcément va impacter les finances de la communauté et de la Ville de Millau, mais qui selon les élus de la majorité est « un projet ambitieux » pour Millau et un investissement à long terme, puisqu’il est « conçu pour les 40 à 50 ans à venir ».

Le projet

Rappelons que ce projet porte sur la conception, la réalisation de travaux, l’entretien et la maintenance en vue de la rénovation du centre aquatique d’une part, et la création d’une salle d’escalade « à vocation internationale » d’autre part.

Le nouveau complexe aquatique sera moins énergivore que l’actuel et a été conçu avec un profil de Haute Qualité Environnementale.

La rénovation du centre aquatique comprendra la réalisation d’un bassin extérieur de 50 m de type nordique (il sera chauffé toute l’année), d’un bassin couvert de 312,5 m2 à dominante éducative et ludique, d’un bassin couvert familial de loisirs-détente de 150 m2 et d’une aire de jeux d’eau couverte de 60 m2 minimum.

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Le complexe d’escalade « fera partie des cinq salles les plus importantes de France » assure Patrick Bayeux.

Juste à côté, dans le même complexe, la création de la salle d’escalade prévoira la construction d’une salle loisir, une salle compétition internationale, une salle de bloc et un espace pédagogique.

Ces équipements seront complétés par un espace bien être (hammam, jacuzzi…) d’environ 280 m2, une espace associatif sportif (salle de musculation…) intégrant un secteur de préparation physique sur 285 m2, un restaurant, des espaces extérieurs de jeux et d’agrément ainsi que le reprise et l’amélioration des conditions d’accès et de stationnement.

© SAS SOCOTRAP (Toulouse)

Comment s’est déroulée la procédure ?

Suite à l’appel d’offres en août 2018, cinq candidatures ont été reçues. En octobre 2018, il a été décidé de retenir quatre candidats : Eiffage Construction, SOGEA Sud Bâtiment, SAS Scocotrap et Demathieu Bard Construction. Au terme du dialogue, les candidats ont été invités à remettre leur offre finale le 26 septembre 2019. Le jury, composé de 9 membres, dont 6 élus locaux et de trois professionnels, s’est réuni le 12 décembre afin d’auditionner les candidats, et a classé les offres selon le coût (40%), la qualité de l’ouvrage (30%) et la performance de l’organisation (30%) avant de soumettre ce choix à la Commission d’Appel d’Offres (CAO).

Le marché porte également sur l’entretien et la maintenance des installations techniques sur une période de 12 ans.

Une CAO qui s’est réunie le 17 décembre 2019 et qui a validé le choix du jury, en décidant d’attribuer le marché au groupement constitué par la SAS Socotrap : SAS Lagarrigue (Firmi), Selas Octant Architecture (Rouen), SARL Audrey Luche (Bozouls), SARL Agence Rayssac (Narbonne), SARL Soja Ingenierie (Rouen), SARL OCD Groupe (Onet-le-Château), AMOES (Lyon), SAS Pyramide (Bondoufle), Idex Energie (Labège).

© SAS SOCOTRAP (Toulouse)

Quel est le calendrier ?

Après sept mois d’étude, de janvier à août 2020, les travaux devraient débuter en septembre 2020 pour une durée de 18 mois jusqu’à février 2022. Suivra une phase des aménagements extérieurs d’une durée de trois mois.

À noter que pendant toute la durée des travaux, l’activité du centre aquatique sera maintenue. « Cela constitue un enjeu fort tant pour les clubs sportifs utilisateurs que pour le grand public, en particulier pour les scolaires », a souligné Gérard Prêtre.

Dans le cadre de la labellisation « terre de Jeux », le complexe sportif fera figure d’équipement phare pour l’accueil des délégations dans le cadre de la préparation des JO de 2024, en particulier pour l’escalade, nouvelle discipline olympique en 2020.
© SAS SOCOTRAP (Toulouse)

Comment est ficelé le plan de financement ?

Si le plan de financement prévisionnel initial faisait état d’un montant de l’opération estimé à 19.250.000 € HT hors entretien maintenance, le nouveau plan de financement s’établit à 21.130.000 € HT. Un surplus de 1,88 M€ que Gérard Prêtre justifie par une augmentation des coûts dans le domaine du bâtiment (indice BT01) de 4,10 % en 21 mois, et par le maintien de l’activité pendant la phase de chantier.

Le nouveau plan de financement prévisionnel est donc le suivant :

  • Etat : 1.600.000 €
  • Région : 2.900.000 €
  • Département : 2.900.000 €
  • Ville de Millau : 4.800.000 €
  • Communauté de communes : 8.930.000 €

Le financement de ce surcoût devra faire l’objet d’une révision du pacte financier et fiscal pour couvrir l’annuité d’emprunt complémentaire de l’ordre de 100.000 € avec comme proposition d’activer le levier de la dotation de solidarité communautaire (DSC), proposition qui sera examinée lors du conseil de la Communauté le 26 février.

© SAS SOCOTRAP (Toulouse)

Qu’ont voté les élus jeudi soir ?

Jeudi soir, les élus de la Communauté de communes Millau Grands Causses ont voté à l’unanimité moins 3 abstentions pour autoriser le président Gérard Prêtre à signer et exécuter le marché avec le groupement porté par la SAS Socotrap, et à verser aux trois candidats non retenus une prime de 135.000 € TTC. Ils ont approuvé de fait le nouveau plan de financement.

Une prime qui fait débat

135.000 € TTC, c’est le montant que la Communauté a décidé d’attribuer à chaque candidat non retenu. Soit 405.000 € au total. Alors que le Conseil avait décidé d’allouer une prime située dans une fourchette entre 100.000 € et 135.000 € TTC aux candidats évincés, le jury a décidé à l’unanimité d’attribuer l’enveloppe maximale de 135.000 €, « compte tenu de la qualité des offres et des dossiers remis ». Une décision qui a fait bondir l’élu d’opposition Michel Durand : « Nous, bons clients, on paye 135.000 direct… », a-t-il noté.

En passant devant les agences immobilières, je rêve de maisons luxueuses, mais je reste sur les maisons que je peux me payer.

« Est-ce que l’enjeu n’en vaut pas la chandelle ? »

De son côté, Emmanuelle Gazel, qui se dit « ravie que le projet de réhabilitation du centre aquatique arrive à son terme », et qui se félicite du taux de financement de la Région, dénonce « un projet surdimensionné pour les finances de la Communauté de communes et de la Ville de Millau. » « Qu’est-ce qui va rester pour le reste, pour le cœur de ville, pour les gymnases… ? » s’interroge-t-elle. « En passant devant les agences immobilières, je rêve de maisons luxueuses, mais je reste sur les maisons que je peux me payer. »

« Cela ne se fera pas au détriment d’autres investissements, assure Gérard Prêtre. Et il s’agit d’un projet pour les quarante prochaines années, est-ce que l’enjeu n’en vaut pas la chandelle ? ».

« C’est un projet très structurant, et très intéressant au niveau énergétique. Nous avons été vraiment entendus au niveau du cahier des charges. Nous avons apporté notre technique et nous avons été écoutés. Je veux saluer le courage et la volonté des élus. » Patrice Vidal, président du SOM Natation.

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