Causses et vallées

La baume des Fadarelles (commune de Paulhe, Causse Noir)

La Baume des Fadarelles, connue aussi sous le nom de Grotte de Paulhe s’ouvre dans les falaises du Causse Noir qui domine le village de Carbassas, à 500 mètres à l’Est du village.

Une première description nous est rapportée par Jules Artières dans le Messager de Millau du 17 août 1907 :

« Au pied d’une des roches qui dominent le village de Carbassas, à l’aspect du nord et presque à demi-versant de la montagne, se trouve l’entrée d’une grotte connue sous le nom de Baume des Fadarelles, qui pénètre à une grande distance dans les flancs de la montagne. La voûte et les parois s’abaissent et s’élargissent tour à tour et forment une suite de salles spacieuses. En suivant la chaîne des roches qui contournent le plateau, on trouve de distance en distance des ouvertures, fentes ou crevasses, qu’on appelle baumes, et qui semblent être les issues de voies souterraines qui correspondent. A ces tunnels formés par la nature pourraient bien se rallier, dans l’intérieur de la montagne, quelques-uns de ces puits appelés avencs, qu’on trouve à la surface du plateau. » (Arch. de la Société des Lettres, Messager de Millau, 17 août 1907).

L’entrée de la Baume.

La tradition orale nous apprend que c’est dans ce lieu qu’Alexandre Moulines, (curé de Paulhe de 1856 à 1870) pensait retrouver les reliques de l’église de Paulhe cachés par ses prédécesseurs. Malgré de nombreuses recherches et fouilles entreprises en 1860 dans la vingtaine de mètres de galeries, rien ne fut retrouvé. Ces reliques furent ensuite cherchées sous les pavés du chœur de l’église de Paulhe en 1925-26, également sans succès. D’où vient ce nom des Fadarelles ? Assurément d’une légende.

Publicité

Avant d’en conter l’histoire propre à cette baume, il convient de se poser la question sur ce qu’était une fadarelle… Une fadarelle est une fée. Une légende régionaliste nous est apportée par Solveig Letort au cours d’une émission télévisée diffusée il y a sept ans :

« Nos fées à nous, ce sont les fadarelles et on raconte que la fadarelle qui est une gentille fée d’habitude, il lui arrive de voler des enfants, et à la place elle met les siens, et ce sont des enfants qui sont un peu différents, un peu plus lents parfois, et nous ici on les appelle les fadas, c’est pour ça qu’on explique dans certaines familles lorsqu’ il y a des enfants gentillets, un peu ravis de la crèche, que ce sont des enfants des fées » (Villages de France, Arte, 24 mai 2012).

Comme l’écrivait si bien Albert Carrière : « chaque site a sa légende, chaque arbre son histoire et chaque pierre un nom », la Baume a la sienne écrite par nos aînées.

A l’entrée de la grotte en 1944. Cliché Jacques Rouire. Collection Daniel André.

Voici la légende : A l’époque du Moyen-Âge, vivaient dans cette grotte, une tribu de petits hommes qui restaient enfermés et que personne n’avait jamais vus, ils étaient accompagnés de fées protectrices : les fameuses fadarelles qui les nourrissaient en allant rechercher de la nourriture sur le plateau. Elles ramassaient des champignons, cueillaient des fruits sauvages, des amandes, des noix, mûres, cerises… et n’hésitaient pas à demander aux habitants de Carbassas ou de Paulhe, des denrées qu’elles ne pourraient elle-même trouver : du lait, des œufs, de la farine. En récompense, elles donnaient du pain qu’elles envoyaient par paquets, car la baume était selon la légende équipée d’un four ! Du pain, mais pour ce qui est des fouaces, apparemment les fées n’en connaissaient pas la recette…

Le couloir qui amène vers la dernière salle.

La suite nous est contée par Mme Julienne Jonquet (1920-2012):

« A l’occasion de la fête du village, les habitants avaient l’habitude de préparer ce jour-là des gâteaux, dont les traditionnelles fouaces du pays. Les petits hommes de la grotte étaient friands de ce délicieux gâteau… aussi les fées qui ne pensaient qu’à les satisfaire firent des demandes aux habitants à partir de mots écrits , qu’elles plaçaient à un endroit précis entre deux pierres aux alentours de la grotte… Les habitants s’empressaient de suivre les instructions à la lettre de crainte de se voir jeter un mauvais sort par les fées… Aussi ils déposèrent, au pied de la montagne, tout près du village en dessous de la grotte, les présents demandés. Si par hasard un habitant n’avait pas répondu à l’appel des fées, un malheur pouvait lui parvenir dans les jours qui suivirent. Certains se sont plaints de disparitions mystérieuses ; du linge étendu la veille n’était plus dans le pré au petit matin. Un paysan sur sa monture a été surpris, par un rocher dégringolant juste avant son passage lui coupant la route. Un autre a trouvé son jardin dévasté par un troupeau de sangliers… Les petits hommes vécurent très longtemps, mais un jour arriva où ils cessèrent d’engendrer et un seul enfant fit partie de leur tribu… Au cours d’une de leur sortie, les fadarelles avaient pris avec elles le dernier de la tribu. Elles déposèrent l’enfant dans un panier, mais le vent était très fort ce jour-là. Elles durent attacher le panier à un genévrier. Cela ne suffit pas, un coup de vent violent s’éleva et emporta le panier. Depuis plus personne n’entendit parler ni des fées ni de la tribu ». (D’après le Bulletin municipal de Paulhe, 2009).

Marc Parguel

Bouton retour en haut de la page