Opinion

Hôpital médian : ce sera Saint-Georges, ou pas…

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a tranché en donnant un accord de principe de construction d’un plateau technique à Saint-Georges-de-Luzençon ainsi que la transformation de deux hôpitaux en deux maisons hospitalières de santé à Millau et Saint-Affrique. L’hôpital de Millau est bel et bien menacé de disparition en tant que structure hospitalière ! Cependant, plusieurs questions restent en suspens.

Tout d’abord, comment peut-on une seule seconde imaginer la disparition d’une structure hospitalière présente à Millau depuis le Moyen-Age qui représente aujourd’hui le premier employeur de la ville (plus de 700 personnes) ? Depuis quand, dans quelles conditions et tout simplement pourquoi nos élus du territoire ont-ils pris cette décision grave de conséquences sans donner aucune explication détaillée à la population, en particulier millavoise, la première concernée ! Peut-on parler d’initiative démocratique ? Certainement pas.

Quel est l’intérêt de construire un plateau technique à Saint-Georges-de-luzençon alors que notre hôpital a connu des investissements internes (maternité, imagerie médicale, urgences) et externes (AIDER, centre de dialyse en lien avec l’hôpital avec 1 million d’euros investis) ! Cela remet bien sûr aussi en question l’inauguration de la caserne des pompiers par Christophe Saint-Pierre au début de son mandat ! Le choix de cet emplacement résultait de trois critères : la proximité de l’autoroute, la proximité du centre hospitalier, la proximité de l’agglomération.

Que dire des difficultés supplémentaires d’accès aux soins des petites communes environnantes de la vallée de la Dourbie, des gorges du Tarn, du causse noir et même du Larzac amplifiées par les éventuels problèmes météorologiques ! Encore une fois les règles ne sont pas les mêmes pour tout le monde ! Exemple, Saint-Flour (6.500 habitants) a toujours un hôpital où travaillent 650 personnes, possède une maternité et même un héliport ! A proximité se trouve l’hôpital d’Aurillac (1h10 de route) et le CHU de Clermont-Ferrand (1h15 de route) pour une population de secteur de 70.000 habitants !

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Notre député et le maire de Millau vont dans ce sens d’une politique d’aménagement du territoire qui donne toujours plus de puissance aux capitales régionales (Montpellier et Toulouse) qui ne manquent de rien et se nourrissent des difficultés des villes moyennes en zones rurales ! C’est le retour de Paris et du désert français, mais aussi de Toulouse et du désert d’Occitanie ou de Montpellier et du désert languedocien en matière d’accès aux soins, mais aussi d’économie !

Comment peut-on se targuer d’une attractivité du territoire avec la disparition d’un hôpital qui aura toujours un rôle humain, médical , social et économique de première importance à Millau et dans le sud Aveyron. Difficile aujourd’hui de faire venir s’installer des médecins à Millau, viendront-ils plus facilement à Saint-Georges ? C’est donc en défenseur du maintien de l’hôpital public à Millau, mais aussi du maintien d’une structure hospitalière à Saint-Affrique que nous nous battrons.

De plus, les 40 millions affichés par notre ministre de la santé ne couvrent que le plateau technique de l’hôpital médian sans prendre en compte tous les aménagements notamment routiers et fonciers à réaliser. La facture va forcément être plus que doublée.

C’est donc plus un projet proche de 100 millions d’euros que de 40 ! Comment pourrons-nous les financer ? Ne faudrait-il pas plutôt utiliser ces 40 millions d’euros à réduire le déficit des hôpitaux de Millau et Saint-Affrique et leur donner des moyens afin d’installer de nouveaux médecins sans perdre de temps ? Peut-être fait-on miroiter quelque chose qui n’existera jamais pour finalement faire disparaître les deux hôpitaux ? Comment expliquer ce désengagement du CHU de Montpellier et son retour annoncé dès que l’hôpital médian aura ouvert ses portes ?

Finalement, on a l’impression de voir se profiler un détricotage de l’hôpital de Millau. Quels seront les coûts sociaux et environnementaux (bilan carbone lié à une multiplication des déplacements!). Battez-vous plutôt à donner des moyens de fonctionnement décents et à envisager une autre politique d’aménagement du territoire qui permettrait aux petites et moyennes villes de mieux s’en sortir dans tous les domaines !

Si un hôpital médian devait voir le jour, il le faudrait à Millau pour prendre en compte certains critères :

  • Millau et sa communauté des communes restent le bassin de vie principal
  • il faut prendre en compte la proximité de l’autoroute
  • prendre en compte aussi la proximité du centre-ville où se réalisent la plupart des interventions sur l’hôpital
  • prendre en compte aussi une population de Millau et du bassin vieillissante. Cet hôpital médian s’il voyait le jour pourrait se construire autour de la zone des Fialets
  • se mobiliser pour sauvegarder tous les emplois et tenter d’en créer d’autres.

Pour conclure, cet accord de notre ministre de la santé est un accord de principe. Ce projet de territoire d’accès aux soins n’est pas validé aujourd’hui et peut se revoir, se réviser sur d’autres bases après les élections municipales de mars 2020. Pourquoi notre député de la 3e circonscription et notre Maire de Millau sont-ils allés « en catimini » d’urgence il y a quelques semaines en réunion à l’agence régionale de santé à Toulouse? Pourquoi vouloir aller si vite ? Auraient-ils peur d’une réaction virulente des habitants de Millau et de certaines communes alentour ? Elle ne serait que normale tant le mépris est là !

Quel manque de courage, car la décision vient directement du ministère, mais après des interventions de ces mêmes élus ! Le Comité de Performance et de Modernisation des Offres de soins (COPERMO) n’a pas été sollicité. Cela pour aller plus vite, ce qui explique la décision du ministère de la Santé. M. Viala a voulu couper l’herbe sous les pieds d’un autre candidat parachuté de Saint-Jean-d’Alcapiès (Jérôme Rouve, NDLR) qui avait donné ce dossier au Président Macron lors de sa venue à Rodez ! C’est vraiment encore de la soupe politicienne sur le dos de Millau et contre les intérêts de ses habitants.

Comment imaginer la réalisation d’un tel projet sans consultation, sans explication sur les enjeux liés aux soins, à l’emploi, l’écologie, aux aspects financiers et politiques ?
Une validation objective, affichée, publiée est le résultat d’un dialogue de tous les professionnels concernés, mais aussi de la population et pas uniquement de quelques élus qui se partagent le territoire.

Ce projet est un projet « en catimini » alors qu’il aurait dû être un projet médical partagé, participatif et concerté. N’oublions pas qu’un projet médical partagé doit permettre une adéquation de l’offre de soins, des besoins de la population en impliquant les équipes médicales, les élus, les représentants des usagers de la population concernée. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Et surtout, il ne peut être bouclé seulement quelques semaines avant des élections municipales…

Philippe Ramondenc,
Candidat municipales CAP 2020, au service de Millau

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