Dernièrement a eu lieu la 23e assemblée générale de l’Association des Riverains du Tarn et de la Dourbie.
Son président, Didier Martinez, a remercié son équipe de travail dont il est « très fier », « les sympathisants qui nous suivent depuis tant d’années et sans qui nous n’existerions pas, les techniciens rivières avec qui nous travaillons main dans la main, le Communauté de communes Millau Grands Causses, les élus, les autorités et enfin les membres du Syndicat mixte du Bassin Versant Tarn Amont ».
« La lutte contre les inondations exige beaucoup de travail et d’être épaulée par une équipe solide, structurée, qui travaille dans l’humilité, mais avec sérieux », n’a pas manqué de rappeler le président.
Il a ensuite rendu un vibrant hommage à Jean-Louis Aigouy, président du Syndicat mixte du Bassin Versant Tarn Amont qui malheureusement nous a quittés bien trop tôt. « Un précurseur quant à la lutte contre les inondations, maire de La Malène, ancien batelier, très impliqué… bref un homme de terrain ». « Il y a des hommes qui travaillent dans l’humilité, pour n’en citer que quelques-uns, Pierre Pantanella, maire de Saint-Rome-de-Cernon (qui n’a pas hésité à raser deux maisons en zone inondable grâce au Fonds Barnier, NDLR), Claude Alibert, défenseur de la rivière et de sa faune, des maires des petites communes, trop nombreux pour les citer, et enfin un grand monsieur que j’appelle affectueusement Le Taulier, André Delrieu, président de l’association Hors d’Eau de Mende et vice-président de l’UNALCI France Inondation ».
« Interdire toute construction en zone rouge inondable »
Avant d’entrer dans le vif du sujet…
« Après les terribles événements d’octobre 2018, 204 communes touchées dans l’Aude par les inondations, 220 M€, 16.000 sinistrés, un bilan humain de 14 morts et 75 blessés… On aurait pu penser qu’en 2019 nous serions épargnés par les éléments, que nous aurions le temps de souffler un peu… eh bien non ! Béziers, Narbonne, Perpignan cette fois-ci ont été impactés. L’Etat a beau rajouter des plans de prévention, rien n’y fait. »
Pour le président de l’Association des Riverains du Tarn et de la Dourbie, « c’est simple à comprendre ». En cause, « l’urbanisation frénétique qui a lieu depuis les Trente Glorieuses, en pleines zones inondables, dans les lits majeurs des cours d’eau auparavant réservés à l’agriculture ».
« À chaque crue dévastatrice on reconstruit à l’identique au lieu de réduire le risque en adaptant l’habitat à l’urbanisme. Il y a des mesures fortes à prendre. : interdire toute construction en zone rouge inondable, en durcissant les textes de loi. L’humain est en jeu. Nous sommes tous des inondés potentiels. »
Avant de dénoncer « les erreurs du passé qui ont été renouvelées, en bétonnant à outrance et en éradiquant des arbres », « le manque d’amélioration quant aux moyens d’alerte… », « le manque d’implication de la population », « la culture du risque qui est aujourd’hui perdue »… Et de pointer du doigt « certains intérêts » de promoteurs et de constructeurs qui « construisent en catimini en zone rouge… »
10 questions essentielles aux candidats
« En période électorale, les promesses fusent », fait remarquer Didier Martinez, qui, rappelons-le, fait partie de la liste de Philippe Ramondenc pour les prochaines élections municipales. « On nous parle de résilience, on essaie de se donner bonne conscience, mais on oublie bien vite les erreurs du passé, et je dirai même plus, on les renouvelle, on bétonne encore et encore… On nous parle de mise en sécurité, on nous parle de moyens d’alerte à améliorer, on oublie trop souvent l’humain, le choc psychologique et moral quand on a subi l’impensable, tous ses souvenirs, tous les acquis d’une vie. »
En 2014, lors des élections municipales, l’Association des Riverains du Tarn et de la Dourbie avait interpellé les candidats avec 10 questions essentielles en leur demandant de s’engager à y répondre. « Nous allons renouveler l’opération, assure Didier Martinez. Quand tous les candidats se seront déclarés, nous leur soumettrons notre copie par voie de presse et nous attendrons leur réponse que nous analyserons. Nous conclurons cette opération par un point presse où nous exprimerons, au vu des résultats, notre sentiment. »
Millau et Saint-Affrique main dans la main
Partant du constat que les mêmes règles ne sont pas appliquées pareillement d’un bassin versant à un autre, « nous avons eu l’idée de fédérer toutes les associations de l’Aveyron, du Tarn et de la Lozère pour faire un groupe de travail, explique Didier Martinez. Ensemble, on se rendra au SAGE, au SCOT, on travaillera sur des thèmes précis et on avancera. Ce n’est qu’en se fédérant qu’on sera entendu. »
« Fédérer élus et riverains, c’est indispensable, renchérit Jean Lhermitte, de Saint-Rome-de-Cernon et membre de l’association des Riverains du Tarn et de la Dourbie. Il faut apporter une culture hydrolyque, qui prend du temps à sa mettre en place, par des actions de communication et de sensibilisation. À Millau comme à Saint-Affrique, on est animés par la même volonté de préserver la ressource et prévenir le risque. Expliquer, former, sensibiliser, c’est le gros de la bataille. »
Jean Lhermitte rappelle que le Syndicat Mixte des Vallées de la Sorgues et du Dourdou et le Syndicat mixte du bassin versant du Tarn-amont couvrent environ 3500 km2. « Il faut avoir un langage commun. Quand on voit ce qui a été fait à Saint-Rome-de-Cernon, si à Saint-Georges on ne fait rien, cela ne sert à rien ! Nous avons deux Plans de prévention du risque inondation (PPRI) distincts sur le même bassin… On se doit d’avoir un discours commun ! »
L’association sur tous les fronts
L’activité de l’association des Riverains du Tarn et de la Dourbie pour 2020 sera riche en événements. Le président les détaille : « Nous serons comme chaque année présents lors du nettoyage des berges, c’est pour nous un acte citoyen. Nous assisterons à toutes les commissions où nous serons invités (commission locale de l’eau, comité du schéma d’aménagement et de la gestion des eaux Sages). Nous travaillerons avec les techniciens rivières sur divers prospects. Nous assisterons bien entendu aux réunions du Géri (Groupe d’étude et de réflexion sur les inondations) et peut-être, qui sait, nous aurons la chance de travailler avec le Monsieur Inondation que nous demandons depuis tant d’années. Nous assisterons à l’assemblée générale de nos amis de l’Association Hors d’Eau de Mende. Nous irons à la rencontre d’autres associations faisant partie des 49 associations adhérentes de l’UNALCI, car il est toujours important d’échanger des idées avec les autres. Nous serons bien entendu au Forum des Associations et à la Fête de l’Eau… » Tout un programme…