Causses et vallées

Le Roc Nantais

Le Causse Bégon est le Causse du Roc Nantais. Accroché aux éperons des Cévennes granitiques et schisteuses, beaucoup plus boisé, il est le pendant du Causse du Larzac au Nord Est. L’Adret, son versant sud, est plus doux et plus tourmenté que l’Ubac son versant nord, qui chute abruptement sur le Trevezel en superbes Gorges. C’est un Causse relativement accidenté, depuis le col de la Pierre Plantée à 867 mètres d’altitude en passant par les Ubertariès à 852 m, on monte au serre de Montusclat à 928 mètres pour redescendre côté Saint Jean du Bruel à une altitude de 850 à 870 mètres et côté Cantobre entre 550 et 600 mètres.

Approchons nous du Roc Nantais, c’est le plus éloigné des grands rochers de la vallée de la Dourbie. On le compare souvent à « un masque de géant » ; Il couronne du haut de ses 808 mètres l’avancée du Causse Begon et offre une vue splendide sur Nant et la vallée de la Dourbie. Il est accessible depuis Nant, Cantobre ou le Causse Bégon.

Noyers (noguièrs) plantés le long d’un chemin de terre et Roc nantais (Ròc nantés) © Institut occitan de l’Aveyron

Autrefois, cette roche était bien plus volumineuse, mais une partie s’est détachée de la falaise à la fin du XIXe siècle, comme nous le rappelle cet article de presse :

« Une énorme roche appelée le Roc Nantais qui s’élève d’une manière menaçante au-dessus d’une colline, non loin du chef-lieu de canton de Nant, s’est partiellement effondrée dans la nuit du vendredi au samedi saint, sous l’influence probable des pluies et de l’humidité persistantes qui ont occasionné le glissement de ce bloc colossal. La secousse a été si terrible dans tous les environs qu’on a cru à un tremblement de terre.Le Roc Nantais est allé s’abattre au pied de la montagne, en rebondissant et en pulvérisant tout ce qui se trouvait sur son passage. Heureusement il ne s’y rencontrait que des arbres, des murailles séparant des terrains de divers propriétaires, et un petit bâtiment servant de bergerie, inoccupé à ce moment-là, qui a été complètement écrasé. » (Journal de l’Aveyron, 14 avril 1887).

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Carte postale vers 1930.

De son sommet, on surplombe Nant et juste en face, presque à la même altitude, les deux mamelons de Saint Alban se dressent devant les contreforts du Larzac. A gauche, on plonge en direction de Saint-Jean-du-Bruel. A droite, vers les Cuns et son Causse. On domine. L’endroit est idéal pour se restaurer, et faire un tour du Nantais, d’une roche à l’autre. Comme sur le chemin de ronde d’un château. Ici, comme nous pouvons le constater la nature a repris ses droits.

Nant, vu du Roc Nantais.

Il fut une époque où presque chaque famille nantaise possédait sa ou ses vignes. Dans le compois de 1665, on trouve d’innombrables pièces de vigne, particulièrement dans les coteaux du roc Nantais (Midi Libre, 15 octobre 2008).

Le Roc Nantais.

En passant par le Bégon et Balmarelesse, le promeneur avisé observera des milliers de pins sylvestres (pinus sylvestris), planté sans aucun alignement. Comme semé par la main du hasard. Des documents historiques nous prouvent la présence ininterrompue de cette essence forestière dans cette région depuis le Xe siècle jusqu’à nos jours. C’est le seul résineux spontané du Causse Bégon et du Causse Noir.  Un article paru dans Midi Libre nous donne des informations précises sur cet arbre que tout caussenard est amené à côtoyer :

« Pinus sylvestris est parfois solitaire, s’accrochant dans les éboulis dolomitiques, les promontoires schisteux ou les failles granitiques, accusant un goût un rien « maso », pour le vent violent et le mauvais frimas. Il pousse naturellement entre 600 et 1500 mètres d’altitude. Son écorce à grosses écailles couleur saumon facilite sa reconnaissance ainsi que son tronc tortueux et ses branches tordues. Les aiguilles vertes bleues de ce rustique pin sont toujours groupées par deux et les cônes sont verts la première année, marron à vie par la suite. Sa hauteur sinueuse peut aller jusqu’à 18-22 mètres, mais au bord des routes (pollution et salages d’hiver obligent il est rabougri et de plus petite taille ce qui ne l’empêche pas, en l’absence de maladie ou de chenille parasite, d’atteindre le vénérable âge de deux siècles ! » (Extrait de « Le Sylvestre, notre pin quotidien, Midi Libre, 7 janvier 2004)

Le Roc Nantais, vu de profil.

En 1959, Almir Valdeyron installa le premier émetteur recevant quelques signes de Marseille. Cet émetteur permit la transmission des toutes premières images télévisées, quelque peu neigeuses, aux Saint-Jeantais. C’est suite à de nombreuses tentatives infructueuses (aucun signe hertzien) du haut de Notre Dame de la Sentinelle (680 mètres) qu’Almir dût se rabattre sur le Roc Nantais. L’émetteur Meyer, du nom de son inventeur, diffusait des images sur les téléviseurs Meyer, puisque également fabricant. Il s’agissait à cette époque de postes carrés avec une imposante armature de bois. (Midi Libre, 5 mars 2010)

Marc Parguel

L’antenne, le pigeonnier et le Roc Nantais.

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