C’est un homme étonnant d’énergie que les participants aux débats organisés par le journal Gardarem Lo Larzac ont rencontré jeudi 18 juillet dernier. Le quart d’heure aveyronnais n’aura pas été respecté puisque dès 18h, la salle des fêtes de L’Hospitalet-du-Larzac se remplissait peu à peu. Venus de Paris, de Montpellier où réside à présent le philosophe, et même de Belgique ou d’Espagne, les auditeurs se sont entassés dans une salle devenue rapidement trop petite pour accueillir tant de monde.
Refonder une pensée politique
Devant un public attentif, Edgar Morin, a déroulé le thème de sa pensée, expliquant en quoi il était aujourd’hui essentiel de refonder une pensée politique. « Nous sommes une civilisation qui divise et segmentarise alors que notre identité humaine est multiple et complexe, mais unie », explique le philosophe en se fondant sur l’idée de la trinité humaine : individu, société et espèce.
Distinguant la part prosaïque de la vie, toutes ces choses que nous faisant par obligation, et la part poétique de la vie que sont les moments de bonheur, d’amour, de partage, d’émotion, Edgar Morin insiste sur la nécessaire prise en compte de « notre destin terrestre commun ». Face aux dangers mondiaux qui se profilent, l’anthropologue propose une réponse mondiale à travers le lien qui nous relie: celui de la fraternité. Le grand défi est « celui de notre devenir planétaire » insiste le penseur qui, à 98 ans, se désespère de prêcher toujours dans le désert. Un désert pourtant bien avide de connaissance au regard de l’attention aiguë qui se lisait sur les visages des auditeurs.
Eveiller la conscience écologique
Passant d’une idée à l’autre sans perdre le fil, faisant appel à de nombreuses références sans aucune note, délivrant avec aisance et humour sa pensée, Edgar Morin a, pendant près d’une heure, brillamment entrainé un public conquis vers sa méthode (du grec : méta hodos : chemin qui va au loin). « Eveiller la conscience écologique » pour faire face aux dangers qui s’annoncent, tel est le message que ne se lasse pas de transmettre ce presque centenaire qui conclut sa conférence avec sa phrase fétiche « au meilleur des mondes possibles, je préfère le possible d’un monde meilleur ».
Pour celles et ceux qui auraient manqué ce moment exceptionnel, la conférence sera retransmise sur les ondes de Radio Larzac le mardi 30 juillet à 19h.
