Promenons-nous dans Millau : Circuit F (1/2)

CIRCUIT F  – NORD-OUEST

Le départ est au débouché de la rue du Barry avec le boulevard de l’Ayrolle – église St François – et l’arrivée 30 mètres après l’intersection de la rue André Balitrand et de l’Avenue Charles de Gaulle.

Remontons la rue du Barry. Cette rue était le départ du chemin de Millau à Rodez, à l’origine voie romaine, puis route royale. La rue du Barry était longée d’hôtelleries : Cheval Vert, Lion d’Or, Croix Blanche… et de casernes (XVIIIe s.) pour loger les troupes de passage. Les maisons furent souvent détruites lors des guerres anglaises et du passage des Routiers, puis aux guerres de Religions. Mais « renaissant de leurs cendres », elles s’alignaient le long de la route, s’étirant jusqu’au Cap del Barry – Pont des Capucins – . Ainsi subsistent quelques portes d’entrée assez basses aux n° 15 et 23 qualifiées de médiévales.

Cette photo pour vous montrer cet orifice dominant la voie ferrée au Pont des Capucins – sous le mur de soutènement de la rue Montplaisir – . Il s’agit de la canalisation – coupée par la saignée de la voie ferrée avant 1880 – menant l’eau de Vésoubies – Mère de Dieu – au lavoir de Montplaisir – au-dessus de cette photo et aujourd’hui disparu -, Le trop-plein alimentait le moulin de la Recluse – ébénisterie Lacombe – . Les fossés des remparts et la plupart des fontaines de Millau étaient alimentés par des canalisations souterraines après captage de l’eau du ruisseau de Vésoubies.

Un crochet rue Georges Pompidou, le long de la voie ferrée pour admirer la façade de la chapelle des Capucins, consacrée en 1894. Après l’expulsion des Frères en 1903, le couvent fut racheté par la ville en 1907 qui y installa durant 50 ans  le collège de filles et en 1963 la maison de retraite St Michel.

Cette jolie chapelle de style roman serait démolie… pour la reconstruction de l’hospice ! Je me dis que dans notre belle ville certains témoignages du passé sont depuis longtemps voués à l’indifférence, à la destruction.

Nous voici dans la rue Alsace-Lorraine, souvenir de la guerre et de deux belles provinces perdues en 1870. Sa construction date de 1880 et elle fut vite bordée de maisons à plusieurs étages. Ici un visage sur une baie en rez-de-chaussée.

Le n° 16 possède une porte de bois très élégante. Encore un témoignage du savoir-faire des ébénistes et sculpteurs locaux : coquille, cuir enroulé, denticules, panneaux…

Le n° 5 a sa porte en anse de panier couronnée d’un balcon en ferronnerie supporté par trois consoles sculptées, dont la centrale animalière.

Le roi des animaux semble sourire plus qu’il ne rugit et son regard rêveur… semble être protecteur des trois petites têtes.

Jules Artières avait déjà remarqué le buste de l’Alsacienne du n° 1. La corniche est de toute élégance. L’entrée soignée de l’immeuble voulait en démontrer la qualité.

La belle provinciale semble digne, mais son sourire contenu et son regard montrent la tristesse de ne plus appartenir à la Mère Patrie.

Les garde-corps des fenêtres sont aussi figuratifs et féminins, en harmonie avec la porte. Est-ce une Lorraine ?

En face au n° 2 cette ferronnerie décorée de rinceaux : enroulements, motifs végétaux, cornes d’abondance… L’on retrouve à l’identique d’autres rampes de balcon dans les rues du Barry, Alfred Merle, avenue de la République… un industriel a proposé cette ornementation séduisante avec succès, au premier quart du XXe s.

La gare fut construite sur l’emplacement du couvent de l’Arpajonie disparu après la Révolution. Après les études commencées en 1857, la gare fut inaugurée le 24 mai 1880.

Le n° 7 de la rue de Strasbourg a une porte monumentale. Le cintre de bois a un pot à feu inscrit dans un oculus. La clé de pierre sculptée semble représenter deux vases couchés accolés. Etait-ce une maison d’apothicaire ? Un médecin homéopathe y exerçait ces dernières années…

Au n° 16 de la rue Alfred Merle voici la maison Lebrou, qualifiée ainsi par les Anciens Millavois. La décoration façade avec notamment sa rampe et les mascarons est typique du début XXe s. Qui en fut le bâtisseur ? « Elle avait appartenu à un M. Vaissettes – famille éteinte – fondé de pouvoir à la Banque Villa dont la veuve la vendit en 1930 à M. Paul Lebrou, ingénieur à Roquefort ». – sic. Mme. Migairou, fille de M. Lebrou –.

L’immeuble au 14 de la rue Alfred Merle a ceci de curieux, deux statues à l’Antique dressées aux extrémités du toit. M. Georges Girard publia sur ce sujet dans le Journal de Millau sous le titre « Au Parnasse des Muses ». La maison fut construite vers 1880 par Casimir Vaissettes, caissier à la Banque Villa. Il acquit les deux statues à la fabrique de céramique Mandeville-Combéléran de Castelnaudary.

La muse de gauche tient dans sa main une sorte de luth. Dans l’Antiquité romaine elles étaient neuf muses, dont deux dédiées à la musique. « Filles de Jupiter et de Mnémosyne elles habitaient le Parnasse … ». Cette muse pourrait représenter Euterpe, inspiratrice et protectrice de l’art de la musique.

La lyre « aux mains de Terpsichore personnifiait la danse… il faut noter qu’au cours des âges, peintres et sculpteurs qui ont évoqué dans leur œuvre les muses du Parnasse Antique les ont souvent, selon leur inspiration, munies d’un attribut différent de celui que, rituellement, les Romains leur avaient consacré. D’où la difficulté pour leur exacte identité. » (G.Girard)

L’avenue Alfred Merle du nom d’un résistant millavois exécuté par l’ennemi s’appelait primitivement chemin de l’Arpajonie. A l’emplacement de la Poste était élevée dès 1823 une prison, ce qui détermina l’appellation populaire rue des Prisons, puis dès 1883 avenue de la Gare, pour enfin devenir avenue Alfred Merle après la Libération. Face aux prisons, au n° 3, un artisan avait pavoisé son activité de carrosserie de façon originale et assez artistique.

La maison bien décorée du n° 8  – près de l’Hôtel de Paris récemment détruit  – est toujours en place. La pharmacie Maurel puis St Pierre occupait le rez-de-chaussée dès 1902, elle disparut à la fin de la guerre 14-18. Voyez les corniches sculptées de chaque fenêtre.

La porte en bois s’harmonise avec le style d’encadrement en maçonnerie : pilastres, fleurons et blason à feuillages.

La corniche de chaque fenêtre est assez chargée. Elle montre un statut social aisé du propriétaire.

La maison du n°1 de la rue de la Condamine est en style Art déco (1910 à 1925) formes géométriques et décoration florale.

Chaque baie est décorée d’une double rangée de céramiques de même motif. La porte de bois est elle d’inspiration classique et dénote un peu.

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