Santé

Millau. Les petits pots (industriels) de la colère

Le Pôle Petite Enfance de Millau a été inauguré en grande pompe, le samedi 2 février. Or le déménagement des structures de la petite enfance vers ce nouvel équipement ne s’est pas fait sans heurts. « Un vrai problème sanitaire », affirme une maman en colère.

Tout allait pour le mieux. Le déménagement des structures de la petite enfance vers le nouveau pôle s’est effectué comme prévu, les plannings ont été respectés. L’inauguration du Pôle Petite Enfance, version XXL, s’est déroulé sans encombre, et le nombreux public qui a participé aux portes ouvertes le week-end dernier était enchanté ce nouvel équipement municipal, flambant neuf.

Il y a bien eu, dernièrement, des sautes d’humeur des équipes de professionnels de la petite enfance de Millau au sujet de la future organisation. Et certains Millavois se sont émus que les chiffres fournis (environ 5,18 M€) aient été communiqués hors taxes, et qu’il fallût additionner le montant des subventions (environ 1,82 M€) pour connaitre le montant réglé par la Ville…

Mais la vraie polémique concernant le nouveau Pôle Petite Enfance vient d’ailleurs. C’est l’arête en travers de la gorge. Le cheveu dans la soupe.

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« Sur le point d’aller faire faire une prise de sang à mon enfant »

« Le Pôle Petite Enfance, ça fait cinq ans qu’ils y sont dessus, et ils se doutaient bien qu’il allait y avoir un déménagement, peste une maman en colère. Or, le 10 janvier, les parents ont été prévenus par voie d’affiche qu’en raison du déménagement de la cuisine (la cuisine de la crèche Jean Moulin, NDLR), les enfants mangeraient des plats industriels du 17 au 25 janvier ! »

Si pour la plupart des parents cela n’a pas posé de véritable problème, certains l’ont encore en travers de la gorge. « On a une cuisine centrale qui est bardée de prix, qui se vante de proposer du local, du bio… On ne pouvait pas lui demander de faire pendant une semaine une cinquantaine de repas en plus ? », demande cette même maman, en énumérant ce que l’on a imposé à son fils de 3 ans d’ingurgiter :

Conservateurs, gommes, sucres, matières grasses, matières grasses saturées, stabilisants… Ce que je regrette vraiment, c’est que l’on n’ait pas été consultés avant. Nous sommes plusieurs parents à n’avoir vu l’affiche que le jour où ils ont commencé à proposer ces plats industriels. Si je l’avais su avant, je me serais arrangée pour poser quinze jours de vacances ! »

« J’étais sur le point d’aller faire faire une prise de sang à mon enfant », assure-t-elle, après avoir observé, le soir, « les selles d’un enfant pas en forme ». Selon nos informations, d’autres parents ont constaté des problèmes intestinaux chez leurs enfants…

« Quel diététicien a validé ce choix ? »

« Il s’agit d’un vrai problème sanitaire, continue cette maman en colère. Est-ce que l’on a conscience de la gravité ? Depuis que la Municipalité savait qu’il allait y avoir une semaine d’indisponibilité de la cuisine, n’était-il pas possible de faire venir une diététicienne et éventuellement la faire travailler à la cuisine centrale ? Où est la diététicienne qui a signé l’autorisation ? Même les professionnels de la petite enfance étaient gênés de faire avaler ça à nos enfants ! »

« Mon enfant n’était pas consentant, et moi je n’étais pas consentante ! », gronde-t-elle en se demandant encore s’il n’était vraiment pas possible de passer par une solution avec la cuisine centrale.

On nous vend un Pôle Petite Enfance de rêve, tout devait se passer dans les règles ! On a les chaussures qui brillent, mais les chaussettes trouées à l’intérieur… Les chaussettes trouées, ce sont nos enfants qui ont mangé cette cochonnerie. Dans tous les cas, ce n’était pas le rôle d’un(e) élu(e) de valider ça, et je voudrais savoir quel diététicien a validé ce choix ! »

« Aucun enfant malade »

Indirectement mise en cause, nous avons donc contacté Bérénice Lacan, adjointe déléguée à la Petite Enfance. « En ce qui concerne le déménagement et la fermeture des structures petite enfance, nous nous sommes appuyées sur la PMI qui nous a accompagnées et qui a validé chaque étape du projet, jusqu’à la distribution pendant une semaine de petits plats Bledichef », se défend-elle. Notre coordinatrice petite enfance, Hélène Paret, est une puéricultrice DE, qualifiée en diététique du nourrisson et enfants jusqu’à 18 ans. Elle a priorisé des préparations bio chaque fois que possible et chaque enfant a eu la quantité nutritionnelle qui lui fallait (protéines, féculents, fibres cuites et crues, produits laitiers…), elle reste d’ailleurs à la disposition de cette maman pour en discuter. »

Concernant la communication avec les familles, « un courrier a été affiché une semaine avant la distribution des Bledichef, soit le 10 janvier, sur le tableau d’information aux parents, situé dans le hall d’accueil des structures petite enfance de Jean-Moulin ».

Et de préciser que « les protocoles de préparation alimentaire pour les crèches sont différents de ceux des écoles maternelles et que la cuisine centrale ne pouvait pas, de fait, en assurer la réalisation. »

Avant de souligner qu’« aucun enfant n’a été signalé comme malade ».

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