Santé

Hôpital. La coopération entre Millau et Saint-Affrique avant le plateau technique commun

Didier Bourdon, administrateur provisoire du centre hospitalier de Millau (et bientôt de Saint-Affrique), a adressé ce matin ses vœux au personnel de l’établissement millavois. Des vœux qui pourraient se résumer en une seule phrase : « Une véritable coopération entre Millau et Saint-Affrique pour construire une plateforme hospitalière publique commune dans le Sud-Aveyron ».

C’est un exercice bien périlleux auquel s’est confronté ce matin Didier Bourdon, le nouvel administrateur provisoire du centre hospitalier de Millau. Celui d’adresser ses vœux au personnel de l’établissement, après seulement deux semaines passées dans le Sud-Aveyron.

« C’est la première fois qu’un directeur s’adresse à vous en tant qu’administrateur provisoire, c’est un contexte particulier », a-t-il d’ailleurs reconnu en guise de préambule.

Pour autant, sous son air plutôt jovial et accessible, il aura su envoyer une série de messages. Sans détour. Une main de fer dans un gant de velours.

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Le froid et le chaud…

Didier Bourdon a tout d’abord eu un petit mot pour ses nouveaux collaborateurs : « L’enthousiasme né par le projet à conduire l’emporte largement sur l’appréhension que je pourrais ressentir. Il faut dire que l’accueil que vous m’avez témoigné m’a également beaucoup aidé pour ressentir cette appréciation très favorable de la mission que l’on va essayer de conduire ensemble. »

Après avoir remercié « les élus présents aujourd’hui qui tiennent à témoigner leur attachement et leur soutien à nos missions de santé publique et à la mutation qu’elles sont sur le point de réaliser », l’ARS Occitanie « pour son soutien indéfectible aux établissements du Sud Aveyron et à sa volonté de voir se développer une offre de soins de qualité adaptée à nos besoins » et l’ensemble des professionnels du CH de Millau, il a fait un point rapide sur « une année 2018 pleine de rebondissements qui n’a pas pour autant arrêté la marche de progression de l’établissement, dans un contexte un peu difficile en terme de recherche toujours assidue de ressources médicales et dans un contexte économique contraint avec une dette sociale et un déficit considérables. » Froid.

« C’est un exercice de funambule et vraiment délicat. Ceci dit quand on visite cet hôpital pour la première fois, cet engagement il saute aux yeux, a-t-il nuancé. Visiter cet établissement ne vous fait pas penser qu’il peut être en difficulté tellement il est bien tenu. Je ne me sens pas vraiment trop stressé par la mission que j’ai à entreprendre parce que concrètement, on sait qu’on peut compter sur vous. » Chaud.

« Un début de climat de confiance »

L’administrateur provisoire a ensuite évoqué les différentes actions déjà mises en place, comme la reconfiguration de l’organisation de l’offre MCO et SSR (Médecine Chirurgie Obstétrique et activité de Soins de Suite et de Réadaptation). « Je pense que l’hôpital dans cette organisation est fin prêt à développer son activité dans des conditions économiques optimisées et dans une ambiance de travail plus ergonomique », a-t-il lancé à son auditoire attentif.

Il a aussi évoqué la réflexion engagée au sujet de l’accueil des patients et des relations que le centre hospitalier doit entretenir avec la médecine de ville.

Avec le premier travail que j’ai engagé avec les secrétaires médicales, j’espère que j’ai commencé un petit peu à illustrer cette méthode de gestion et j’espère que j’ai pu créer un début de climat de confiance comme je crois l’avoir instauré avec la CME de Millau. »

« Vous avez déjà commencé le projet »

Didier Bourdon a insisté sur l’ensemble des actions liées à la qualité de vie au travail. « On ne fait jamais assez, mais j’ai quand même vu ce qui avait été conduit et qui n’avait pas été mis en évidence peut être en raison des difficultés rencontrées à l’occasion du dernier trimestre 2018. J’ai vu qu’il y a des actions qui concernent le bien-être au travail, j’ai vu que le contrat local d’amélioration des conditions de travail avait été largement soutenu par l’ARS, ce qui démontre sa qualité. Action portée par les membres du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) ce qui traduit bien la façon dont je souhaiterais pouvoir travailler. »

Le directeur a aussi émis le souhait de continuer les concours organisés pour titulariser des agents, dont treize personnes ont déjà bénéficié, et dit tout le bien qu’il pensait du pool de remplacement, « une disposition intéressante, efficace en terme de prise en charge et donnant plus de lisibilité aux professionnels de santé ».

Ces exemples illustrent clairement certains des objectifs de notre projet de soin du Sud Aveyron que j’ai mission de faire naître dans le cadre de l’administration provisoire. En fait, vous avez déjà commencé le projet. Vous y êtes déjà ! Maintenant, il faut intensifier, il faut valoriser, il faut tirer profit de tout ce qui a été engagé. »

Le plateau technique en point de mire

Didier Bourdon est ensuite entré dans le cœur du sujet, le projet. Ce sur quoi il sait qu’il est attendu au tournant. Deux points ont été détaillés.

Le premier, l’élaboration d’un « projet de soin du Sud-Aveyronnais », un projet de soins gradué, intégrant la médecine privée de proximité, le futur plateau technique unique au sens large de notre territoire et le CHU de Montpellier. « Il faudra définir très précisément le lieu le plus propice pour effectuer la prise en charge. Je ne m’arrête pas qu’à Montpellier, je veux aussi penser aux autres établissements d’autres GHT (Groupements hospitaliers de territoire). On a vraisemblablement des choses à faire avec eux, et aussi ceux de GHT plus voisins comme Rodez ou Mende. »

Le deuxième objectif : faire évoluer la gestion des deux centres hospitaliers de Millau et Saint-Affrique et dès cette année en réalisant le plus possible d’actions communes ayant du sens, et derrière le mot sens, la prise en charge des patients et la dimension économique.

C’est fondamental parce que c’est cette coopération qui consolidera la vision de la faisabilité du plateau technique unique. Cette volonté de travail en commun c’est bien la première étape de ce projet. Nous sommes tous là pour construire une trajectoire à mettre en œuvre avant la réalisation du plateau technique et les dispositifs de soin de proximité qui ne manqueront pas d’être imaginés. Il faudra être capables de détailler le contenu des activités à assurer par ce dispositif, et notamment celles de la plateforme. On dispose de sérieux atouts : le consensus autour du concept de plateau technique unique et l’adhésion de l’ensemble de nos élus à cette cible, ainsi que du corps médical. »

« Ne pas faire ce qui pourrait être mieux fait ailleurs »

Après le projet, la méthode. « La méthode, c’est une co-construction avec les élus, a assuré Didier Bourdon. L’administration provisoire n’altérera pas la qualité des relations avec les élus du territoire. Je voudrais même renforcer ces liens. L’hôpital est un acteur majeur en terme de santé, mais c’est aussi un acteur économique, qui peut soutenir des actions innovantes qui pourraient être en phase avec les politiques de développement du territoire. »

Une co-construction aussi avec l’ensemble des acteurs de santé, le CHU de Montpellier et tous les professionnels de nos deux centres hospitaliers. Une véritable « Communauté territoriale professionnelle de santé ». « Il faut qu’on soit ambitieux, assure Didier Bourdon. L’offre de soin à l’issue du projet sera plus importante que celle qui est actuellement mise à disposition de nos concitoyens. Il faudra aussi être au service de la qualité et de la prise en charge, en s’acharnant à appliquer le principe de subsidiarité. Ne pas faire ce qui pourrait être mieux fait ailleurs. Ça s’applique très clairement à la gradation des soins : ce qui doit se faire en ville, ce qui doit se faire au plateau technique, ce qui doit se faire au CHU ».

Qualité de vie au travail, attractivité et innovation seront des leitmotivs. « Je pense qu’on est vraiment face à un projet qui va demander de l’innovation et je sais qu’elle ne demande qu’à s’exprimer. Bonne et heureuse année 2019, une année que je crois particulièrement passionnante parce que pour le coup, on va vraiment participer à la construction de l’avenir. C’est une opportunité phénoménale. »

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