Santé

Une administration provisoire pour le centre hospitalier de Millau

Au mois de juillet 2018, le CHU de Montpellier a annoncé son retrait de la direction commune avec le CH de Millau, avec une échéance au 4 janvier 2019. Il était donc impératif pour le nouveau directeur de l’ARS, Pierre Ricordeau, de prendre des décisions avant cette date.

Ce matin dans les locaux de la CCI de Millau, entouré du député Arnaud Viala, des maires et présidents des conseils de surveillance de Millau et de Saint-Affrique et des équipes de direction des deux centres hospitaliers, il a tout d’abord rappelé que « cette décision du conseil de surveillance du CHU de Montpellier est directement liée aux difficultés de la communauté hospitalière millavoise. » Comme un piqûre de rappel.

Pour autant, selon Pierre Ricordeau, « le CHU a confirmé sa disponibilité de poursuivre son appui dans le cadre du groupement hospitalier du territoire à l’ensemble des établissements hospitaliers du Sud-Aveyron ».

Le site médian, « un projet qui a du sens »

« J’ai essayé de rencontrer tous les acteurs, j’ai essayé d’entendre les organisations syndicales des deux centres hospitaliers, les représentants des usagers des deux CH, pour bien comprendre les raisons de cette situation et surtout pour essayer de définir les meilleures solutions, a souligné le directeur de l’ARS. La première chose que je voudrais dire avec force, c’est qu’il n’y a pas de doutes pour l’ARS sur le fait que nous avons besoin d’une véritable plateforme hospitalière de qualité dans le Sud-Aveyron. Il ne faut pas qu’il y ait de doute par rapport à cela. Pour que cette plateforme hospitalière de qualité soit efficiente et pérenne, il y a besoin d’un travail entre Millau et Saint-Affrique. Je constate les progrès très importants qui ont été faits dans ce sens ces derniers mois, notamment à travers les travaux qui ont été portés par les élus et par les deux communautés hospitalières autour d’un projet d’hôpital médian. Moi je suis disponible pour continuer à travailler à ce projet et je trouve qu’il a du sens. »

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Un remède de cheval pour le centre hospitalier de Millau

Mais avant d’en arriver là, Pierre Ricordeau a dévoilé ses décisions qui devraient faire grincer quelques dents.

« On ne pourra avancer de manière durable sur ce projet si l’on n’entend pas les alertes du CHU exprimées à travers son retrait de la direction commune, a-t-il prévenu. Je me vois donc contraint de mettre en place une administration provisoire au CH de Millau. Cette administration provisoire interviendra dès le 4 janvier 2019, elle se substituera aux instances de gouvernances du CH, c’est-à-dire le directoire et le conseil de surveillance. J’accompagnerai cette administration provisoire d’un appui sous la forme d’un audit médical qui sera piloté par un médecin de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) et sous cette coordination nous mobiliserons un certain nombre d’expertises médicales pour accompagner le CH de Millau ». Comprenez une prise de contrôle par l’ARS, et donc par le ministère de la Santé.

« Certains appellent cela une mise sous tutelle, en tous cas ce type de décision survient lorsque la situation est particulièrement grave », commente un témoin proche du dossier.

Le centre hospitalier de Saint-Affrique ne sera pas épargné

« Au-delà, il faut travailler sur un projet commun entre Millau et Saint-Affrique, ce fameux projet d’hôpital médian, continue Pierre Ricordeau. C’est pour ces raisons que j’étendrai l’administration provisoire au CH de Saint-Affrique, lorsque le CH de Saint-Affrique se trouvera dans la situation du départ à la retraite de sa directrice en titre et se retrouvera donc sans solution de direction ». La directrice du CH de Saint-Affrique, Dominique Sauvaire, quittera son poste dès le mois de février…

Pierre Ricordeau, directeur général de l’Agence Régionale de Santé Occitanie.

Par contre, le CH de Saint-Affrique n’aura pas exactement le même traitement que son homologue millavois. « Cette administration provisoire étendue s’appliquera au directoire, mais pas au conseil de surveillance qui sera maintenu. » A Saint-Affrique, les élus, les représentants du corps médical et les représentants des usagers garderont la main. Pas à Millau.

Vers une gouvernance commune entre Millau et Saint-Affrique

L’objectif de l’administration provisoire (mise en place pour une durée de 6 mois et qui ne pourra être renouvelée qu’une fois, NDLR) est triple : rétablir la confiance entre le CH de Millau et le CHU de Montpellier, poursuivre et approfondir le travail sur le projet commun entre Millau et Saint-Affrique, et favoriser l’émergence d’une gouvernance commune entre les deux CH et le CHU de Montpellier.

« Il faudra donc créer les conditions du retour à la confiance entre les différents acteurs de ce territoire et le CHU de Montpellier, prévient Pierre Ricordeau. Il faut que nous arrivions aussi à travailler sur un projet médical de territoire. J’ai proposé aux acteurs de travailler sur un certain nombre d’outils qui nous permettraient d’intégrer ce projet hospitalier au sein d’un projet médical de territoire. Il y a plusieurs initiatives qui peuvent être menées : travailler avec les médecins et les professionnels de santé libéraux, par exemple envisager la création d’une communauté professionnelle territoriale de santé, mais également travailler sur un contrat local de santé qui pourrait se faire dans le cadre territorial du SCOT des Grands Causses, ce qui permettrait d’avoir une vision qui dépasse le simple projet hospitalier. »

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