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Millau : Rencontre avec Mickaël Ladet, artisan voilier…

S’il y a un personnage atypique dans le paysage économique millavois, c’est bien Mickäel Ladet, qui, dans son antre de la Maison des Entreprises, confectionne des sacs, des articles de maroquinerie et autres objets de décoration qui ont tous un point commun : le monde de la mer. Son produit « phare » ? Le sac en voile de bateau recyclée.

A la barre de son atelier Voilensac depuis bientôt 10 ans, ce véritable touche-à-tout façonne des articles en alliant la modernité de la voile de bateau et la noblesse des cuirs tannés localement. Entre tradition et modernité, rencontre avec un artisan passionné… et passionnant.

Millavois.com : Mickäel, comment en arrive-t-on à travailler sur cette matière première qu’est la voile recyclée de bateau, quand on habite à Millau ? Expliquez-nous votre parcours.

Mickäel Ladet : Je suis titulaire d’un BTS Informatique-Gestion qui ne m’a jamais servi… En fait, j’ai été maître-voilier pendant 10 ans à Port-Camargue. Gamin, je faisais de la voile, je fais du bateau depuis tout-petit.

Mickaël Ladet dans son atelier.

J’ai rencontré mon épouse lorsque j’étais étudiant à Montpellier. En faisant les saisons en Corse, on pouvait vivre à Montpellier toute l’année. Après mes études en informatique, je suis rentré dans un centre de formations aux métiers de la mer, et via ce centre, j’ai rencontré mon premier patron en voilerie, dans l’entreprise Ettore Yachting, basée à Port-Camargue. Il venait de prendre son local, et on était concessionnaire d’une marque. Mon métier, c’était de faire des voiles. On a créé la marque Ettore Yachting, et 10 ans après, on avait 600 m2 de production.

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Au bout de ces 10 ans, j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour, intellectuellement parlant… Je crois que je m’ennuyais. J’ai voulu changer de travail, et je suis rentré chez Gaston Mercier à Saint-Léons. Chez lui, je me suis formé à la sellerie, la maroquinerie de luxe, dans le but de reprendre la gestion de l’atelier. Ce qui ne s’est pas fait. Je suis alors parti bosser chez Jean-Pierre Romiguier (Le sac du Berger). J’ai pris la direction de l’atelier de ganterie qu’il avait à Lapeyre, dans la vallée de La Sorgue. Il a finalement vendu l’atelier, que je n’ai pas racheté, et suite à la vente, le nouveau responsable m’a licencié.

Une copine en Corse m’a alors dit : « Regarde ce qu’on peut faire avec des voiles, tu devrais faire ça ! ». Du tac au tac, je lui réponds : « Si tu les vends, je les fais ». J’ai alors fabriqué une vingtaine de sacs en toile de voile, elle a fait une vente privée chez elle, et à travers cette vente, elle a trouvé une première boutique qui a accepté proposer à la vente ma production.

De mon côté, après un stage à la CCI pour m’installer. Je cherchais un local, et on m’a conseillé d’aller frapper à la porte de la Communauté de communes. J’ai alors créé ma société et je suis rentré dans la couveuse de la BGE Aveyron. En 2010, j’ai participé au concours de la création d’entreprises, et j’ai gagné le prix dans la catégorie Emergence, avec un chèque de 5000 € à la clé. Cela m’a aidé, et j’ai surtout eu le sentiment qu’il y a des gens qui croyaient en ce que je faisais.

Quels sont les débouchés ? Qu’est-ce qui fait le succès de l’atelier Voilensac ?

Une partie de mon activité consiste à produire des sacs pour les cordistes, ces gens qui travaillent au bout d’une corde, pour des travaux acrobatiques. J’ai la chance de bien connaitre Sakti Cano, le gérant de la société « Hauteur et Sécurité », à Creissels, un des plus gros centres de formation pour les cordistes. On a attaqué ensemble nos activités. Il en avait marre d’acheter des sacs de la grande distribution, du type Petzl. On a mis au point les sacs pour lui, au départ.

Le show-room de la Maison des Entreprises.

« Les gens sont aussi sensibles à l’aspect recyclage, circuits courts, artisanat… et ils aiment savoir que c’est moi qui fabrique. »

J’en vends aussi beaucoup dans le secteur de l’éolien, par exemple. Si je peux travailler, c’est parce que je fais du spécifique. J’ai aussi pour client EDF (pour qui je fais des sacs spécifiques qui s’adaptent aux bloqueurs Shunt, pour le travail sur les lignes) ou encore l’entreprise Sévigné.

« Ma force, explique Mickaël Ladet, c’est de pouvoir faire des articles sur commande. Du sac au fauteuil, en passant par le sac à main ou la blague à tabac, tout est personnalisable, à la demande. »

Parallèlement à ce travail de niche, vous vous êtes diversifié pour toucher le plus grand nombre…

Oui, je travaille aussi pour le particulier, par exemple sur des sacs en lin naturel cultivé en France, et qui a reçu un traitement imperméable. Il s’agit du même tissu que les voiles de l’Hermione, et je paye une licence pour utiliser la marque « Hermione ». Cette production je la vends sur mon site Internet, ou sur les salons, quand j’en fais. Par exemple le Salon du Multicoque à La Grande-Motte, Escale à Sète, Temps Fête à Douarnenez en Bretagne ou encore Régates Royales à Cannes.

Mes clients ne sont pas forcément des gens qui font du bateau, mais ce sont des gens qui aiment la mer. Les gens sont aussi sensibles à l’aspect recyclage, circuits courts, artisanat… et ils aiment savoir que c’est moi qui fabrique. Ce sont des arguments qui peuvent déclencher la vente.

Ces petits bracelets en cordage marin, avec des manilles en inox ou en laiton, font un carton sur les salons. « Je peux en vendre une vingtaine par jour», se réjouit Mickaël Ladet.

Avez-vous de la clientèle millavoise ?

Mes ventes sur place sont très faibles. J’expose à Millau Art et Savoir Faire et j’ai créé un show-room à côté de mon atelier, mais c’est sûr, il faudrait que j’arrive à mieux me faire connaitre…

Voilensac sur Internet : https://www.voilensac.com

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