Patrimoine

Joseph Malet, sculpteur millavois contemporain d’Auguste Verdier (1871 – 1948)

Joseph Malet est né à Millau le 24 janvier 1873, deux ans après Auguste Verdier, mais il est décédé deux ans avant, le 18 juillet 1946. Millau peut donc s’enorgueillir de compter parmi ses personnages illustres deux sculpteurs célèbres.

De récents articles ont rapporté et décrit les œuvres d’Auguste Verdier. Il est donc naturel de s’intéresser à celles de son contemporain qui se trouvent en ville ou dans ses environs.

A Millau

En se promenant au Parc de la Victoire, les Millavois peuvent découvrir les bustes de Léopold Constans et d’André Balitrand, réalisés respectivement en 1909 et 1933.

Léopold Constans est né le 5 septembre 1845 à Millau. Docteur ès lettres en 1880, il devient titulaire en 1883 de la Chaire des Lettres Romanes et Latines à la Faculté de Toulouse, puis obtient celle d’Aix-en-Provence.

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Auteur de nombreux ouvrages en provençal, il est élu Majoral du Félibrige en 1899.
Il est important de rappeler qu’il a publié en 1882 : « Le Livre de l’Epervier » (cartulaire de la commune de Millau) d’après une copie du 17e siècle conservée par les Archives de la ville de Millau.

Il est mort le 4 novembre 1916, à Aix-en-Provence. Inhumé à Millau, il repose au cimetière de l’Egalité.

Plus loin, à l’intersection des allées secondaires de la partie gauche du Parc, est implantée une colonne crénelée en granit rouge d’Armorique sur laquelle repose le buste, en marbre de Carrare, d’André Balitrand.

Ce Millavois est né le 9 août 1864. Après avoir obtenu sa licence en droit, il s’est inscrit au Barreau de Millau en 1889. Maire de la ville, d’octobre 1905 à mai 1912, il a aussi été élu Conseiller général de 1896 à 1931 et Député de Millau de 1902 à 1919 et de 1924 à 1928.
En 1911, le conseil municipal qu’il préside a décidé de rendre public le champ Bouquier, un espace vert de cinq hectares, acheté par la mairie en 1910. En y installant son buste en 1933, la Ville de Millau a voulu montrer sa reconnaissance envers celui qu’elle considérait comme « le créateur du Parc de la Victoire ».

André Balitrand est décédé à Toulouse le 20 décembre 1931.

En allant au Parc de la Victoire, il convient de traverser le square Malraux afin de s’arrêter devant une autre œuvre de Malet, le buste en bronze du poète Claude Peyrot érigé en 1909.

Il est né à Millau le 3 septembre 1709. Ordonné prêtre à Toulouse, le 22 décembre 1736, il est nommé prébendier (se situe au-dessous du chanoine dans le chœur) à l’église Saint-Sernin. Le 24 août 1748, il devient le Prieur de Pradinas, près de Rodez. Après avoir exercé pendant 17 ans cette fonction, il est nommé le 23 décembre 1765 « bénéficier » à Millau.
Au début de la Révolution, il se réfugie à Pailhas, où il décède le 3 avril 1795 dans sa quatre-vingt-sixième année.

Sur chaque côté du socle supportant le buste, un médaillon en bronze évoque les saisons chantées dans son poème « Les quatre saisons ou les Géorgiques Patoises » : dans le premier chant intitulé « Lou Printems », le poète évoque les environs de Millau et notamment le village de Creissels (mon origine corse oblige) qui est célébré par plusieurs vers (« Des tournals de Creissel quand bese las cascados — Oun trèpou libromen los folatros Nayados…).

Dans la préface d’une édition des « Poésies Rouergates » de Claude Peyrot, Jules Artières précise que Léopold Constans a proposé en 1909 de commémorer solennellement « le 2e centenaire de la naissance du poète par des fêtes félibréennes et par l’érection d’un monument en son honneur ». Il a été écouté.

Il est attribué à Joseph Malet deux statues en bronze de l’entomologiste Jean-Henri Fabre réalisées en 1926.

Celle de Millau siégeait dans le Parc de la Victoire, mais en novembre 1942, les Allemands l’ont enlevée pour la fondre. Elle n’a pas été remplacée. La deuxième, celle de Saint-Léons, devait subir le même sort, mais elle a été interceptée à Neussargues, par des cheminots résistants, le 22 janvier 1944. Cachée à Murat, elle a retrouvé sa place à la fin de la guerre.

Après avoir trôné dans l’entrée de l’Hôtel Pégayrolles, la statue en plâtre de Jean-Henri Fabre (1926) a finalement été installée dans le hall d’entrée de l’école primaire Jean-Henri Fabre.

Millau a tenu à honorer ces quatre personnages célèbres en donnant leur nom à quatre rues de la ville.

Enfin, le tympan de l’église Saint-François est la dernière réalisation de Joseph Malet à Millau. Signée et datée de 1928, l’œuvre représente « Saint-François-d’Assise recevant les stigmates ». Cette légende est gravée en bas et à droite du tympan.

En arrière-plan, des faisceaux s’échappent des mains du Christ en direction de celles du saint qui tient ses bras en croix.

En quittant Millau, d’autres œuvres de Joseph Malet peuvent être découvertes à quelques kilomètres de la ville.

Dans les environs de Millau

Au Château de Creissels Madame Baldet (née Austruy) vous accueillera avec son amabilité habituelle, et, à votre demande, vous guidera vers la bibliothèque où prône sur la cheminée le buste en marbre de Carrare du poète Auguste Veyrier, père de Madame Hubin, dernière châtelaine, décédée le 14 juillet 1955.

Il est né le 9 novembre 1848 à La Cavalerie. Il apprend et exerce le métier de tailleur d’habits à Montpellier. Il fait paraître régulièrement ses Contes Rouergats dans l’Almanach Montpelliérain. Venu s’installer à Millau, il décide de publier ses œuvres dans l’Almanach Rouergat sous la direction de Léopold Constans.

Le 1er décembre 1923, Jules Artières préface le recueil des « Contes rouergats et poésies françaises ». Il souligne que : « nos aïeux aimaient beaucoup ces contes, vraies galéjades, imprégnées du sel gaulois, qui faisaient leurs délices pendant les longues veillées d’hiver ».
Auguste Veyrier est décédé à Millau le 22 février 1936.

Mostuéjouls Sur la rive droite du Tarn, à l’entrée du pont de la Muse, se trouve le monument dédié à Edouard Alfred Martel et à Louis Armand dont les noms se confondent avec les grottes et les avens des Causses.

Le buste en bronze du célèbre spéléologue est érigé sur une colonne formée par quatre stalactites. Celles-ci reposent sur la sortie construite d’un aven d’où semble surgir Armand qui tient d’une main le dernier barreau de l’échelle de corde arrimée à un pieu et de l’autre une lampe. Le monument a été inauguré en présence de Martel le 11 juin 1927, 30 ans après la découverte de l’Aven Armand.

A Saint-Léons La statue en pied et en bronze de l’entomologiste Jean-Henri Fabre semble dominer les terrasses sur lesquelles s’étend le village où il est né le 21 décembre 1823.

A proximité se trouve sa maison natale où a été aménagé un musée qui met en valeur sa vie et son œuvre. L’une et l’autre, riches par leur intensité et leur diversité, sont mondialement connues. Il serait donc inconvenant de les évoquer à des Aveyronnais.

Le succès du film Microcosmos a contribué à celui de la « Cité des insectes : Micropolis » qui attire chaque année, depuis 15 ans, de nombreux touristes à Saint-Léons.

Au mois de mai 1879, il se retire dans sa propriété : « l’Harmas », à Sérignan-du-Comtat, où il meurt le 11 octobre 1915. Sa disparition est annoncée par les journaux du monde entier.

A Recoules-Prévinquières Erigé en 1925, le buste de Victorin Mas se trouve dans un petit espace vert en bordure d’une avenue qui porte son nom.

Le 25 novembre 1830, Victorin Mas est né près de Recoules-Prévinquières , au lieu-dit « Les Bories ». Docteur en médecine, il dispense aux plus pauvres des soins gratuits. La population locale s’écriait : « D’houomès coumo lous Mas dubrioou pas jomaï mouri !».

Maire et conseiller général de Recoules, il est élu successivement trois fois député de l’Aveyron, du 5 mars 1876 au 9 novembre 1885. Le 19 juin 1877, il fait partie des « 363 » députés, contre 158, qui votent la défiance vis-à-vis de l’exécutif. Ce résultat provoque, le 25 juin, la dissolution de la Chambre des Députés. Il est réélu le 14 septembre 1877.
Le 20 mai 1895, il rédige son testament. Il lègue tous ses biens immeubles et meubles à la commune. Victorin Mas est décédé le 22 mars 1898, à l’âge de 67 ans.

Après la 1re Guerre mondiale, plusieurs villages de l’Aveyron ont commandé à Joseph Malet des monuments aux morts. Leur description fera l’objet d’un prochain article sur Millavois.com

Bernard Maury
Membre de la Société d’Etudes Millavoises

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