Patrimoine

Le peintre Albert Driesler, Millavois d’adoption, a été manipulateur en radiologie à l’Hôtel-Dieu

L’Hôtel-Dieu de Millau, sis au n°48 du Boulevard Richard, a été avant et pendant la Grande Guerre, un « Hôpital Mixte » qui accueillait les civils et les militaires, malades ou blessés.

Dans la galerie du rez-de-chaussée sont apposées sur la cloison intérieure plusieurs tables de marbre où sont gravés les noms des bienfaiteurs de l’hôpital.

Celui d’Albert Driesler n’y figure pas, pourtant le 10 février 2000, au cours de sa remarquable conférence sur ce Millavois d’adoption, Michel Artières a précisé que son inscription avait été proposée en reconnaissance de tous les services rendus à l’établissement.

Mais quelles sont les actions méritoires qui auraient pu être attribuées à ce peintre, afin qu’il soit qualifié de « Bienfaiteur » ? Pour répondre à cette question, il convient de rappeler brièvement la vie de l’artiste.

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Albert Driesler est né à Aurillac le 5 juin 1868. Son père, pharmacien, étant venu s’installer à Decazeville, le jeune Albert est inscrit au Lycée de Rodez. Possédant des dons artistiques, il suit pendant plusieurs années les cours des Ecoles des Beaux-Arts à Toulouse, puis à Paris. En 1896, deux de ses tableaux sont présentés (numéros 191 et 192) à l’exposition nationale qui se tient à Montpellier.

Devenu Millavois en 1906, il exerce la profession de peintre décorateur. Il dessine deux ouvrages symboliques de la ville de Millau : le Beffroi et le Vieux Moulin. Ces dessins illustrent le cinquième fascicule du Livre d’Or de l’Aveyron d’Emile Vigarié.

(Collection privée)

En 1911, il devient membre du Syndicat d’Initiative de Millau conçu par son ami le docteur Frédéric Bompaire dont il a fait le portrait. Le nom du docteur est inscrit sur l’une des plaques de marbre de « Bienfaiteur » et sur celle de « Grand Bienfaiteur ».

Quand l’Empire allemand déclare la guerre à la France, le 3 août 1914, il est trop âgé pour être mobilisé. En 1915, afin de pallier le manque de spécialiste en radiologie sur Millau, il va se consacrer sans réserve à l’apprentissage du fonctionnement de l’appareil de radiologie qui vient d’être installé à l’hôpital.

Grâce à un travail acharné, il acquiert de solides connaissances qui lui permettent de devenir rapidement le technicien et le manipulateur radio de l’établissement.

Dans son livre « La radiologie et la Grande Guerre », Marie Curie écrit : « Le manipulateur est l’aide qui fait fonctionner les appareils pour le médecin radiologiste ; c’est lui qui entretient l’appareillage en bon état, développe les plaques, manipule le porte-ampoule, répare les défauts de l’installation électrique. Son rôle est en principe, celui d’un ingénieur technicien. »

Par ses qualités et sa compétence, Albert Driesler est considéré comme l’assistant indispensable du médecin-chef Castagnier pour soigner les nombreux blessés qui arrivent du front. Il n’a pas été déclaré « bienfaiteur » de l’hôpital, mais par son dévouement et sa bonté, il a fait beaucoup de « bien » aux hospitalisés.

Membre de la Chambre de Commerce de Millau, il rédige en 1915 un rapport en vue d’émettre un papier monnaie divisionnaire afin de remplacer dans l’Aveyron certaines pièces de monnaie. Son projet, accepté par les Chambres de Commerce de Millau et de Rodez, a été mis en vigueur à partir du 14 avril 1915.

Ayant assuré les fonctions de secrétaire du Comité de Secours aux Réfugiés, son dévouement et son action humanitaire en faveur des réfugiés belges accueillis à Millau ont été récompensés après la guerre par l’attribution de la Médaille du roi Albert.

Albert Driesler est décédé le 21 septembre 1921 à l’âge de 53 ans. Il laisse une œuvre considérable et très variée. Les Millavois qui se rendent à la Mairie de Millau peuvent entrer dans le bureau de l’état civil pour admirer « Le château de La Caze ».

Les tableaux qui ornent par leur beauté les salons de plusieurs familles millavoises sont nombreux, en voici deux exemples :

Maria Byesse, l’épouse de Charles Balsan, en 1917, dans sa demeure sise Boulevard Saint-Antoine à Millau (Collection Josette Crébassa).

« Le bouquet de fleurs » (Collection privée).

Enfin, le tableau ci-dessous, intitulé « L’étang », qui est exposé au Moulin de Roupeyrac, permet de souligner la solide amitié qui liait Albert Driesler au poète François Fabié.

Voilà rapidement évoquées la vie et les activités du peintre Albert Driesler, connu par ses œuvres, mais aussi reconnu pour ses qualités humaines exceptionnelles qui ont été louées par ses contemporains. Ne l’oublions pas.

Avec mes remerciements à Josette Crébassa, Angelica Labbé, Maurice Labbé et Maurice Artières.

Bernard Maury
Membre de la Société d’Etudes Millavoises

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