Politique

« Affaire Lefévère » : L’opposition tire à boulets rouges

Rappel des faits : lors du conseil municipal de la semaine dernière, une délibération pour la mise en non-valeur d’une créance à l’encontre d’une société a été présentée au vote. Problème : Le responsable de cette société est un élu, le conseiller municipal adjoint à l’environnement Nicolas Lefévère. Et ce dernier a pris part au vote.

Jugeant que « l’identité de l’entreprise aurait dû être révélée », sa collègue, adjointe en charge de l’attractivité, de la dynamique commerciale, de l’artisanat et de l’emploi, Sylvie Ayot, a annoncé sa démission de son poste d’adjointe vendredi. Acculé, Nicolas Lefévère a démissionné à son tour samedi. Le maire Christophe Saint-Pierre a donc perdu deux de ses adjoints en 24 heures.

« Nous voulons témoigner de notre consternation face au mauvais Vaudeville qui se joue à la tête de la municipalité ». L’entrée en matière de Michel Durand, conseiller municipal d’opposition et secrétaire de la section millavoise du Parti socialiste, pose le décor.

« L’affaire Lefévère est devenue l’affaire Saint-Pierre, continue-t-il. C’était une bombe à retardement, c’est devenu une bombe à fragmentation ».

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Et d’ouvrir le tiroir à archives : « Si Gérard Prêtre (Ndlr : le président de la Communauté de communes) a eu le courage de régler le problème Lefévère (Ndlr : Nicolas Lefévère a été poussé à la démission de son poste de conseiller communautaire en raison d’impayés), Christophe Saint-Pierre ment par omission. Quand on sait qu’il n’a sciemment pas prévenu ses conseillers, ça laisse la porte ouverte à tout (…) Saint-Pierre a voulu cacher à ses colistiers les créances de Lefévère ».

« Tous les faits indiquent que cette manœuvre a été réfléchie en toute conscience, embraye son collègue de l’opposition, Frédéric Fabre. Et si Lefévère a pris part au vote alors qu’il était concerné, ce n’est pas un oubli de sa part. Il s’agissait pour eux de ne rien dévoiler. Ils voulaient faire passer incognito cette délibération honteuse. Par ce fait, le maire a choisi de tromper l’ensemble des élus de la ville ».

La conseillère régionale Emmanuelle Gazel n’est guère plus tendre avec le désormais ancien adjoint à l’environnement, notamment quand il s’agit de tirer un bilan de son action : « La délibération sur la gestion de l’eau, c’est un scandale, la vente de Millau-Plage pour 200.000 euros, on ne peut pas dire que ce soit un dossier rondement mené, quant au Parc de la Victoire, il nous a mis quatre cubes… »

Le « coup politique de grande classe » de Sylvie Ayot

« Cette manipulation, cette posture clivante a éclaté au grand jour », continue Frédéric Fabre. « Le scandale Nicolas Lefévère a mis en faillite la crédibilité du maire. Je vais demander au maire que les créances et les dettes ne soient plus présentées anonymement lorsqu’il s’agit d’élus », assure-t-il.

Et puis, comme pour reprendre leur souffle, le cas Sylvie Ayot a été évoqué. « Elle a fait un coup politique de grande classe, déclare Emmanuelle Gazel. Elle se positionne pour être une alternative à Christophe Saint-Pierre à droite. » Avant de sortir l’artillerie. « De toute façon, sa délégation, c’était une délégation fantoche. Ça n’avait aucun sens. Elle fait un coup politique majeur, en se rachetant une éthique, elle qui avait été débarquée de la Communauté de communes parce qu’elle était toujours absente. Et si Christophe Saint-Pierre ne l’a pas défendue contre Gérard Prêtre, c’était un peu pour la tuer ».

« Un maire qui trahit sa propre équipe suscite le doute, à minima », lance Frédéric Fabre, pour recentrer le débat sur Christophe Saint-Pierre.

« En tous cas, je n’aimerais pas être dans la peau d’un élu de la majorité », renchérit Michel Durand. « A priori on va repasser cette délibération, et peut-être qu’il y aura des votes surprenants », prédit-il, en se félicitant au passage d’avoir déterré le lièvre. « Si on ne le sortait pas, on n’était pas à notre place, on ne faisait pas notre boulot ».

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« La campagne a commencé »

Au fil de la discussion, les élus d’opposition ont déclaré que « Christophe Saint-Pierre est en train de se faire sa campagne pour les prochaines Municipales sur le dos des Millavois. » Et de prendre pour exemple le bureau de la communication qui vient de recruter un nouveau directeur et une infographiste. « La campagne a commencé », lance Michel Durand.

Un autre signe selon lui : « Que ce soit pour le Tour de France ou pour le Salon des Blogueurs, aucune subvention n’a été demandée à la Région. Pour le Tour de France, Millau devait pourtant recevoir 3.000 euros. C’est la seule ville d’Occitanie qui n’a pas demandé de subvention… Veut-il écarter Emmanuelle Gazel de la photo ? », se demande-t-il.

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