Causses et vallées

La Baume des Esclops (Causse Noir, commune de Millau)

La Baume des Esclops (des sabots) se situe dans le ravin du Valat Nègre, sur le Causse Noir.

Le « Valat Nègre » (le ravin noir) portait autrefois le nom de Valat des Pourcils (toponyme attesté en 1374, Archives château de Vézins) en raison des cochons sauvages (sangliers) qui y foisonnaient. Ce « Valat » commence à deux cents mètres au Sud Ouest de la ferme du Maubert. C’est un ravin sec qui se jette dans la Dourbie. La végétation y est exubérante.

Le Roc Pédonculaire.

Si les promeneurs connaissent bien l’Aven dans lequel séjourna Véronique Borel (1956-1990) pendant 111 jours en 1988, ou encore les deux arches superposées connues sous le nom du roc des « deux lutteurs », peu de gens voient à travers la végétation, un magnifique roc pédonculaire.

Le chemin qui descend en direction des falaises passe près de la baume « des Esclops » qui nous intéresse aujourd’hui. Elle a été aménagée, semble-t-il, par rapport à l’avancée rocheuse naturelle sur sa droite. Afin de créer une cellule, le constructeur n’a eu qu’à bâtir un mur d’1,60 m de haut sur la gauche laissant une ouverture large de 1,20 m. La baume ainsi fermée mesure 3,50 m de profondeur sur 6 m de large.

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Intérieur de la Baume des Esclops.

Rien ne semble avoir été écrit sur cette humble demeure. Seule la roche noircie par les feux de bois témoigne de son activité passée. Pierre Solassol qui m’avait emmené dans ces lieux en 2006, me racontait : « La tradition locale, on a aucun document écrit, prétend qu’il y avait un sabotier au Maubert qui venait travailler ici. Alors il y aurait eu de l’eau qui aurait coulé dans le Valat Nègre, car le sabotier avait besoin d’eau » (Entretien du 18 septembre 2006).

Quelque 50 mètres à droite de la baume, sous un rocher, un aménagement attire l’attention, à certains endroits, la terre est molle, et même si aucune source ne coule, on peut envisager qu’il y avait là, autrefois un point d’eau.

En effet, pour un sabotier, le bois avait besoin de tremper dans l’eau deux à trois jours avant d’être travaillé. Ceci permettait de l’attendrir pour pouvoir le façonner plus facilement. Le morceau de bois était dégrossi à l’aide d’une hache. On sait qu’autrefois, le sabotier aimait travailler en forêt en occupant des abris sommaires, à proximité des matières premières liées à son art. Il utilisait rarement le noyer si ce n’était pour faire des sabots de luxe. Pour fabriquer une paire de sabots, il fallait compter un minimum de 1h30 de travail.

Vue prise de la Grotte du Valat Nègre.

Notons qu’au XIXe siècle, le sabot était encore la chaussure de tous les jours pour beaucoup de Millavois, « esclops » qui seraient, paraît-il, d’invention gauloise. Les sabotiers, ou « escloupiés », étaient donc assez nombreux chez nous. En 1912 encore, le Guide de l’Aveyron en indique, à Millau, quatre, bien distincts des quarante et un cordonniers et des quatorze marchands de chaussures qu’il recense par ailleurs.

Intérieur de la Grotte du Valat Nègre.

On peut continuer à longer le chemin qui descend vers la Dourbie, sur la gauche, on remarquera deux grottes, dont une de dimensions importantes (5 x 4,50 m) pour une hauteur de 3,30 m. Ces deux grottes portent le nom du ravin.

Marc Parguel

Proche des Grottes du Valat Nègre, une quille.
La même quille vue d’un autre angle.

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